L’art moderne et contemporain a quitté le régime de la Représentation pour expérimenter d’autres fonctions et proposer à un nouveau « regardeur » d’autres rapports avec la réalité vécue. Pour cela, il faut que quelque chose de fondamental ait changé dans la relation de l’artiste au monde : l’espace n’est plus quelque chose qu’il élabore au moyen de l’oeuvre, ou en elle. L’espace est, pour l’artiste moderne, une « donnée » dans laquelle il est placé d’emblée, à l’instar de tout être. Cela veut dire qu’il n’y a pas d’espace propre à l’oeuvre d’art qui ne soit l’espace du monde lui-même. L’art, c’est le monde, à travers l’engagement de tout ce qui l’occupe.C’est ce que Jean Paulhan (1884-1968), en parlant des cubistes, avait appelé « l’espace brut » ou « l’espace spontané », et qui est désigné ici comme « l’espace réel », pour le différencier de toute fiction spatiale. C’est aussi ce que Marcel Duchamp a élaboré à travers ses expérimentations sur les choses et le langage, l’ayant conduit à concevoir cette complexematrice de l’art qu’est le Ready-made en remplacement de la Perspective. Ainsi, ce qu’on nomme art contemporain est un art qui s’élabore dans le monde, impliquant les êtres et les choses, les formes et les signes, mais aussi la « lumière » des idées, toujours déjà là. Comprendre l’art, c’est, pour chacun, appréhender, sans pouvoir se dérober, comment se joue une rencontre entre ces entités contradictoires, visant une unité nouvelle et exprimant l’intuition du monde comme Tout.Cette thèse est un tel effort de compréhension qui, dans ma pratique de commissaire d’exposition et de critique d’art, a été partagé avec des artistes, au plus près des oeuvres et dans de multiples contextes, dans le cadre de ces institutions « d’aménagement du territoire » que sont les Fonds régionaux d’art contemporain / Modern and contemporary art have abandoned the system of Representation to experiment with other functions and to offer a new “beholder” different relations with a lived reality. To do this, something fundamental had to alter the artist’s relation to the world: space is no longer developed by means of the work, or within it. For modern artist, space is a “given” in which he is immediately placed, like any being. This means that there is no space peculiar to the work of art which is not the space of the world itself. Art is the world, through the involvement of everything occupying its space.This is what, in talking about the Cubists, Jean Paulhan (1884-1968) called “raw space” and “spontaneous space”, which is here described as “real space”, to differentiate it from any spatial fiction. It is also what Marcel Duchamp developed in his experiments involving things and language, leading him to devise that new matrix of art known as the Readymade,replacing Perspective. So what we call contemporary art is an art that is developed within the world, involving beings and things, forms and signs, invariably already there. For everyone, understanding art is grasping how, without being able to sidestep, the encounter between these contradictory entities is enacted, aimed at a new unity and expressing the intuition of the world as a Whole.This thesis is such an effort at comprehension, which, in my activities as an exhibition curator and art critic, has been shared with artists, at very close quarters with works and in many different contexts, within the framework of those institutions of “regional development”, the regional contemporary art collections (FRAC).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018REN20024 |
Date | 02 March 2018 |
Creators | Latreille, Emmanuel |
Contributors | Rennes 2, Brogowski, Leszek |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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