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Est-ce que la reconnaissance de la prosodie émotionnelle dans la langue française est modulée par les accents régionaux français et québécois ?

Mémoire de maîtrise présenté en vue de l'obtention de la maîtrise en psychologie (M. Sc) / Contexte : La prosodie de la parole, c'est-à-dire les variations du ton de la voix lorsque l'on
parle, joue un rôle clé dans les interactions sociales en apportant entre autres des informations
importantes liées à l'identité, l'état émotionnel ou encore l'origine géographique. La prosodie
est modifiée par les accents d’une personne, en particulier si elle parle une langue étrangère.
Ces accents ont un impact important sur la façon dont la parole est reconnue, avec des
conséquences significatives sur la façon dont le locuteur est perçu socialement, comme une
baisse d’empathie ou encore une moins grande confiance. Cependant, il est moins clair si cet
impact, généralement négatif, persiste dans le contexte des accents régionaux qui constituent
des variations plus subtiles du signal vocal. Objectif et hypothèse : L'objectif de ce présent
mémoire est de comprendre comment des individus francophones de différentes régions
(France, Québec) expriment et reconnaissent des phrases émotionnelles prononcées par des
personnes originaires de la même région ou non. Plusieurs études suggèrent un avantage de
groupe, qui renvoie à l’idée que même si les émotions pourraient être reconnues de manière
universelle, nous reconnaissons mieux les productions émotionnelles de personnes de notre
propre groupe culturel que de personnes extérieures à ce groupe. Est-ce que cet avantage
persiste dans le cas des accents régionaux, pour lesquels deux populations partagent la même
langue ? Cette question reste très peu étudiée et ne l’a jamais été avec la langue française. Nous
souhaitons 1) créer et valider une banque de phrases émotionnelles prononcées en français avec
des accents de France et du Québec ; 2) caractériser les profils acoustiques de ces productions
émotionnelles. Sur la base de données de la littérature (e.g., Mauchand et Pell, 2020), nous nous
attendons à ce que les québécois (Qc) montrent une prosodie émotionnelle plus expressive que
les Français (Fr). Méthode : Nous avons créé de courtes phrases émotionnelles dans 5 émotions
(Joie, Tristesse, Colère, Fierté, Honte), prononcées par des acteurs quebecoie.s.es et français.
Cette de banque de stimuli a été validé avec une étude en ligne par des françaises et québécoises.
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Avec un modèle général mixte, nous avons analysé les paramètres vocaux: moyenne et l’écart
type de la fréquence fondamentale, l’écart-type et la moyenne de l'intensité, Shimmer moyen,
Jitter, HNR, l’indice Hammarberg, pente spectrale et durée des phrases. Résultats : Les
paramètres de la fréquence fondamentale moyenne (F0M), d’intensité, de durée, de pente
spectrale et d’indice Hammarberg sont significativement différents selon les émotions et entre
les origines, Nous avons aussi noté une interaction entre les sexes des locuteurs et leurs origines.
De manière globale, sur les cinq émotions considérées, les Fr parlent avec une F0M plus élevée,
sauf pour la tristesse. Les Qc parlent eux, pour toutes les émotions, avec une plus grande
intensité et une plus longue durée. Au final, nous pouvons considérer que les Qc expriment de
manière plus prononcée les émotions que les Fr, sauf au niveau de la colère. En ce qui concerne
les différences liées au sexe des locuteurs, nous avons remarqué que les hommes Qc ont une
prosodie émotionnelle plus forte que les hommes Fr. Des différences entre les femmes Qc et Fr
ont été seulement observées dans les émotions de honte et de fierté, des émotions plus sociales.
Conclusion : Nous avons pu caractériser l’expression vocale émotionnelle des Fr et Qc qui,
malgré leur langue commune, s’expriment de manière très distincte pour transmettre leurs
émotions. Ces résultats ouvrent des perspectives intéressantes sur les interactions
interculturelles d’une même langue mais de régions différentes et confirment la prosodie de
langage, en particulier émotionnelle, comme un véritable marqueur identitaire. / Context: The prosody of speech, i.e. the variations in tone of voice when speaking,
plays a key role in social interactions by providing important information linked to identity,
emotional state and geographical origin. Foreign accents have a major impact on the way
speech is recognized, with significant consequences for social evaluations, such as reduced
empathy towards the speaker. However, it is less clear whether this impact persists in the
context of regional accents, which are more subtle variations of the speech signal. Objective
and hypothesis: The aim of this dissertation is to understand how French-speaking
individuals from different regions (France, Quebec) express and recognize emotional phrases
spoken by people from the same or different regions. Given the hypothesis of group
advantage, we believe that expression and perception differ according to culture. Based on
Mauchand and Pell’s (2020) study, we expect Quebecers (Qc) to show a more expressive
emotional prosody than French people (Fr). Method: We created short emotional sentences
in 5 emotions (Joy, Sadness, Anger, Pride, Shame), spoken by Quebecois and French actors.
This bank of stimuli was validated with an online study by French and Quebecers. Using a
general mixed model, we analyzed the vocal parameters: mean and standard deviation of the
fundamental frequency, standard deviation and mean of the intensity, mean Shimmer, Jitter,
HNR, Hammarberg index, Spectral Slope, Duration. Results: The parameters of fundamental
frequency (F0M), intensity, duration, spectral slope and Hammarberg index differed
significantly between the emotions, origins and sexes. For example, of the five emotions, Frs
spoke with a higher F0M except for sadness, but Qc spoke with greater intensity and longer
duration. The Qc expressed the emotions in a more pronounced way than the Fr, except for
anger. Also, many significant differences show that Qc men have a stronger emotional
prosody than Fr men. Finally, only differences between Qc and Fr women were observed in
the emotions of shame and pride, emotions that are not in the 6 primary emotions, but which
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would be more cultural emotions. Conclusion: We were able to characterize the emotional
vocal expression of Fr and Qc who, despite their common language, express themselves in
very distinct ways to convey their emotions. These results open up interesting perspectives on
intercultural interactions in the same language but in different regions and show that speech
prosody, particularly emotional prosody, could be considered as a marker of regional identity.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32527
Date12 1900
CreatorsRolinat, Amélie
ContributorsRigoulot, Simon
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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