Les élèves à risque sont au cœur des préoccupations éducatives actuelles qui priorisent, nommément, la prévention de l’abandon scolaire (MEQ, 2017). Or, ces élèves peinent souvent à atteindre les cibles de réussite, en particulier concernant le développement des connaissances lexicales (Roux-Baron, 2019). C’est dans ce contexte que s’inscrit cette recherche, qui vise à créer et à expérimenter des séquences basées sur l’enseignement direct de vocabulaire (EDV) et sur l’oral réflexif (OR) auprès d’élèves, notamment à risque, du 1er cycle du primaire. Si l’EDV se traduit par l’explication, par l’enseignante, de mots ciblés dans des œuvres jeunesse suivie de la consolidation de ces mots dans divers contextes de réemploi (Beck et coll., 2013), l’OR contribue plutôt à une connaissance en profondeur des concepts par la coconstruction des savoirs (Chabanne et Bucheton, 2002).
Six enseignantes du 1er cycle du primaire et leurs élèves (n=126) ont participé à cette recherche quasi expérimentale. Chaque enseignante (et son groupe d’élèves) était associée à une condition expérimentale (activités de consolidation avec/sans OR) ; dans chaque groupe, certains élèves étaient considérés à risque en raison d’un bagage lexical plus limité. Les enseignantes et la chercheuse ont mis en œuvre trois blocs d’intervention basés sur la démarche d’EDV, qui ont conduit à une collecte mixte de données. Des pré/posttests ont renseigné sur les apprentissages lexicaux des élèves, selon leur condition expérimentale, leur profil et le type d’étayage reçu (soutenu ou non). Des données qualitatives, issues de bandes vidéos, de journaux de bord et d’entretiens ont permis de documenter le réemploi spontané des mots ciblés par les élèves et de valider les conditions de mise en œuvre de l’OR.
L’évolution significative des scores globaux (pré/posttests) aux trois blocs confirme d’abord l’efficacité de la démarche d’EDV auprès de tous les élèves. L’analyse des données qualitatives témoigne par ailleurs de la qualité des discussions en OR, mais démontre une appropriation graduelle de la posture en OR chez les enseignantes et les élèves, des constats cruciaux pour valider et expliquer les résultats issus de la comparaison des conditions expérimentales. Ainsi, l’analyse des données quantitatives indique qu’une approche de consolidation des mots en OR parait favorable au rappel du sens des mots et à la production de leur forme orale, progressivement au fil de l’expérimentation. Chez les élèves à risque, l’influence favorable d’une approche en OR s’observe au bloc 3, cette fois sur l’ensemble des connaissances lexicales réceptives et productives. Les résultats comparés selon le profil des élèves ne démontrent toutefois pas l’effet de l’étayage soutenu offert aux élèves à risque ; ces derniers conserveraient néanmoins (comme leurs pairs) leurs apprentissages lexicaux dans le temps, du moins en réception. Enfin, les élèves à risque associés à la condition OR réemploieraient spontanément plus souvent les mots ciblés et utiliseraient une plus grande variété de mots appris que leurs pairs.
En somme, notre étude démontre le bien-fondé de poursuivre la recherche sur l’OR et l’EDV, voire sur leur alliance, qui parait une avenue prometteuse, favorable au développement lexical de tous les apprenants, notamment des jeunes élèves à risque. / At-risk students are at the heart of current educational concerns, which aim to act preventively to counter the dropping out of school phenomenon (MEQ, 2017). However, these students often struggle to achieve success targets, particularly regarding the development of lexical knowledge (Roux-Baron, 2019). Our doctoral research takes place in this context, with the aim of creating and experimenting a teaching approach based on robust vocabulary teaching (RVT) and reflective oral (RO) with students, especially at-risk ones, in the 1st cycle of primary school. If RVT results in the explanation, by the teacher, of targeted words in children's book, supplemented by follow-up activities in various contexts of reuse (Beck et al., 2013), OR, for its part, contributes to an in-depth knowledge of concepts through the co-construction of knowledge (Chabanne and Bucheton, 2002).
Six primary school teachers and their students (n=126) participated in this quasi-experimental research. Each teacher (and their group of students) was associated with an experimental condition (follow-up activities with/without RO). Furthermore, in each group, certain students were considered at-risk due to a more limited lexical background. The teachers, with the researcher, implemented three intervention sequences based on the RVT approach. The experiment led to the collection of mixed data. Pre/posttests provided information on students’ vocabulary learning, according to their experimental condition, their profile, and the type of support received (sustained support or not). Qualitative data extracted from videotapes, logbooks, and interviews, made it possible to keep traces of the spontaneous reuse of the targeted words by the students while also validating the conditions for implementing RO.
The significant evolution of overall scores (pre/post-tests) in all three sequences first confirms the effectiveness of the RVT approach with all students. Moreover, the analysis of qualitative data reflects the quality of discussions but also demonstrates a gradual appropriation of the RO posture among teachers and students, crucial findings for validating and explaining the results arising from the comparison of experimental conditions. Thus, the analysis of the quantitative data indicates that an approach that consists of consolidating words in RO appears favorable to the recall of the meaning of the words and on the production of their oral form, gradually over the course of the experiment. Among at-risk students, the favorable influence of an RO approach is observed, more specifically in the third sequence, on all receptive and productive lexical knowledge. However, comparing results according to student profile does not demonstrate the effect of the sustained support offered to at-risk students; the latter would nevertheless maintain (like their peers) their vocabulary learning over time, at least in reception. Finally, at-risk students associated with the RO condition would spontaneously reuse targeted words more often and use a greater variety of learned words than their peers.
In conclusion, our study demonstrates the merits of continuing research on RO and RVT, or even on the alliance between the two, which has shown itself to be a promising avenue for creating favorable conditions for the vocabulary development of all learners, particularly young at-risk students.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32604 |
Date | 12 1900 |
Creators | Sauvageau, Claudine |
Contributors | Anctil, Dominic |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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