Un consensus s’est formé autour de l’idée que la solidarité familiale ferait contrepoids à l’augmentation des inégalités et que le pays constituerait - à un âge donné - le principal facteur de différenciation dans sa mise en œuvre. Au contraire, les résultats exposés montrent comment l’intervention familiale contribue à stratifier, dans chaque contexte national, les conditions d’entrée dans la vie adulte. A l’aide de l’enquête SHARE (Survey of Health, Aging and Retirement), nous étudions le déploiement dans treize pays européens des trois principaux types de transfert intergénérationnel réalisés par les parents en direction de leurs descendants adultes : les dons d’argent, le maintien des jeunes au foyer parental, et les services rendus. Dans tous les pays, ces pratiques constituent des vecteurs de transmission des inégalités d’une génération à l’autre : les dons d’argent dépendent fortement des ressources des pourvoyeurs - en particulier de leur patrimoine -, la cohabitation aboutit à des inégalités significatives du point de vue des ressources perçues, et les services, quoiqu’apparemment guidés par les besoins des jeunes adultes, jouent un rôle significatif dans la reproduction de la division genrée du travail domestique. En définitive, cette thèse contribue à réorienter le regard sur les déterminants et les impacts sociaux de la solidarité familiale, ainsi que sur l’articulation en Europe entre les trois « piliers » du Welfare (public, marchand et familial). Elle incite à réviser la vision usuelle des conséquences en terme de stratification sociale de l’inégale intervention familiale dans les premières années de la vie adulte. / Family solidarity is usually regarded as a counterweight to the growth of inequalities, and - for a given age - the country is considered a major differentiation factor in its implementation process. On the contrary, our results show how family intervention stratifies, in each national context, the transition to adulthood and contributes to the transmission of social inequalities from one generation to another. Building on the SHARE survey project, we compare the development of the three main kinds of intergenerational transfers from parents to their offspring in thirteen European countries : monetary gifts, intergenerational coresidency and time transfers. In the whole set of countries, these practices are vectors of intergenerational transmission of inequalities : gifts are largely based upon parents’ resources - and, above all, their wealth -, coresidency brings out significant inequalities to its beneficiaries, and social support, even if apparently answering children’s needs, plays an essential role in the reproduction of the gendered division of domestic work. As a consequence, this work advocates for a new focus on determinants and social impacts of family solidarity, and sheds new light on the relation between the three “pillars” of the welfare regime (public sector, market, family). Last but not least, it leads to a renovation of the traditional understanding of consequences of the unequal family intervention during the first years of adulthood.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014IEPP0046 |
Date | 19 November 2014 |
Creators | Papuchon, Adrien |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Chauvel, Louis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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