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Spiritualité sacerdotale et communautés de religieuses québécoises au service du clergé, 1857--1962

La présente thèse étudie la spiritualité de dix congrégations religieuses québécoises au service du clergé afin de découvrir si cette spiritualité peut être qualifiée de sacerdotale et, si oui, quels sont les éléments qui permettent de l'affirmer.
Six de ces congrégations sont nées au Québec: les Petites Filles de Saint-Joseph, les Soeurs de Sainte-Marthe de Saint-Hyacinthe, les Antoniennes de Marie, les Servantes de Notre-Dame, Reine du Clergé, les Petites Filles de Saint-François, les Sueurs des Saints-Apôtres. Deux autres, bien que fondées à l'extérieur du Québec, y ont rapidement transporté leur maison-mère: les Petites Sueurs de la Sainte-Famille et les Sueurs de Sainte-Jeanne d'Arc. Quant aux deux dernières, les Oblates de Béthanie et les Petites Missionnaires de Saint-Joseph, quoiqu'ayant vu le jour en France et au Manitoba, elles ont toutes deux largement dépendu de recrues en provenance du Québec, ou elles finiront d'ailleurs par transférer elles aussi leur maison-mère. Ce sont ces dix congrégations qui font l'objet de notre enquête. Notre étude débute avec la fondation de la plus ancienne des congrégations, les Petites Filles de Saint-Joseph, nées en 1857, et s'arrête en 1962, année d'ouverture du concile Vatican II.
La question qui a guidé notre recherche est la suivante: qu'est-ce que la spiritualité de ces congrégations avait a proposer aux jeunes femmes qui y entraient? C'est pourquoi nous avons choisi une approche théologique d'histoire de la spiritualité. Ce choix fait, nous avons formulé l'hypothèse que la spiritualité des congrégations au service du clergé pouvait, à plus d'un titre, être qualifiée de sacerdotale1. Par ce terme, nous entendons une spiritualité où l'accent est mis sur le sacerdoce du Christ ou de ses ministres et qui, par ailleurs, s'exprime en des dévotions particulières ainsi que par un style de vie axé sur la prière et le travail offerts aux intentions du clergé.
Afin de vérifier cette hypothèse, deux types de textes ont été analysés. D'une part, les textes normatifs de chaque congrégation: constitutions, manuels de prières, livres d'office et, lorsqu'ils ont été édités et que nous avons pu les consulter, coutumiers et cérémonials. D'autre part, les écrits de deux fondateurs de congrégations, nommement les père Prevost et Staub, écrits qui ont été publiés et utilisés par les religieuses de leurs congrégations. Certaines monographies et quelques documents d'archives, dans la mesure ou ils permettent de compléter l'information livrée par nos autres sources, ont également été mis à profit. À partir de ce corpus, nous avons procédé à une analyse textuelle thématique de la documentation réunie dans deux champs sémantiques: sacerdoce et ministère ordonné. Les dévotions, prières et pratiques où s'exprimaient ces thèmes ont été retenues, particulièrement celles adressées à Jésus, Prêtre et Victime, et à Marie, Reine du Clergé.
Notre premier chapitre situe l'apparition des congrégations de religieuses québécoises au service du clergé dans son contexte historique: d'une part, les besoins créés à l'époque par la multiplication des institutions vouées à la formation des prêtres; d'autre part, les motivations spirituelles et autres qui poussèrent certains hommes et certaines femmes à créer des communautes religieuses pour répondre précisement à ces besoins. Les chapitres suivants s'intéressent aux fondements théologiques, hérités en grande partie du concile de Trente (chapitre II), puis a l'arrière-plan spirituel, legs de l'École française de spiritualité (chapitre III), qui sous-tendaient les idéaux mis en avant par les fondateurs. Le chapitre IV traite des dévotions à l'honneur et le chapitre V, des modèles de travail proposés aux religieuses. Finalement, les chapitres VI et VII analysent un courant relativement peu connu, mais dont l'influence fut grande tant en France qu'au Québec: la spiritualité victimale. Par l'importance accordée à l'oblation, nous verrons que cette forme de spiritualité permit a de nombreuses religieuses, dont la vocation était de "s'immoler dans l'ombre", d'accorder un sens et une valeur transcendant l'apparente banalité de leur travail.
Vie signifiante, donc, que celle de ces femmes ayant choisi de se mettre au service du clergé. Mais, en meme temps, vie cohérente. Car le travail et la vie spirituelle des sueurs ont la même orientation: Jésus Christ, Souverain Prêtre, et ses ministres ordonnés, les prêtres. Même si toutes les religieuses ne font pas du Christ-Prêtre l'objet d'un culte formel, elles ont toutes conscience que c'est Lui qui est à la source du caractère sacerdotal des prêtres qu'elles servent et pour lesquels elles prient. De plus, les différents éléments qui composent leur existence convergent vers ce meme objectif: c'est-à-dire, les tâches manuelles qu'elles accomplissent, les dévotions qu'elles privilégient dans leur prière communautaire, les modèles de travail proposés à leur imitation, l'offrande à Dieu de leur travail et de leur prière aux intentions du clergé. Le rôle de la spiritualité victimale s'avère ici déterminant. Même dans les quatre communautés où la place de cette spiritualité est moins centrale, elle joue ce rôle d'intégration. Dans les quatre instituts ou elle occupe une place déterminante, et dans les deux autres qui se définissent eux-mêmes comme des congrégations de victimes, cette spiritualité pousse à une plus grande cohérence encore entre travail et prière.
1L'expression "spiritualité sacerdotale" a souvent été employée, depuis le début du XX e siècle surtout, pour désigner la spiritualité des prêtres, en particulier celle propre au clergé diocésain. Nous croyons qu'il vaudrait mieux parler, en ce cas, de "spiritualité presbytérale".

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/29328
Date January 2005
CreatorsAuger, Claude
PublisherUniversity of Ottawa (Canada)
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Format484 p.

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