La problématique politique de Hobbes se présente comme une charnière entre deux types de problématiques: la problématique théologique, où la politique était englobée par la transcendance, et la «moderne» problématique anthropologique qui fonde la politique sur l'essence et la volonté de l'homme. La pensée de Hobbes n'est réductible à aucune de ces deux problématiques.
De ce double mouvement découle une tentative d'autonomisation du discours politique: le champ politique devient objet et matière de science, il requiert une réalité autonome. Cette autonomisation peut être assimilée à une libération du champ politique: il se dégage de l'emprise de la transcendance, il n'est plus un «moment» du discours philosophique, métaphysique ou religieux. L'autonomie est ainsi un retour sur lui-même du discours politique.
Par là même, le problème religieux est envisagé sous l'angle de la notion de pouvoir. Le problème de Hobbes s'énonce ainsi: quelle est l'organisation politique qui peut atteindre au maximum de puissance, au maximum de sécurité?
Le problème politique, c'est le problème du pouvoir. Et le pouvoir requiert un absolu incompatible avec un absolu de type religieux.
À plusieurs reprises, Hobbes précise qu'il écrit sur le pouvoir en tant que tel, sur ses mécanismes. Il veut parler du pouvoir dans l'absolu, et non de ses formes concrètes et contingentes d'exercice.
L'objectif est double: d'une part faire une oeuvre «réaliste», «utile», tenant compte de la réalité des passions humaines (permanentes), et de la situation présente (économique, politique, religieuse) de l'Angleterre au dix-septième siècle.
D'autre part faire une oeuvre scientifique, énonçant des vérités spéculatives, des «règles», des «théorèmes» politiques valables en tous les temps et en tous les lieux. Il s'agit en quelque sorte de rendre la science efficiente.
Le problème primordial de l'homme: sa survie au milieu de ses semblables, n'a jamais fait l'objet d'une étude systématique. Sous le prétexte que la politique est le domaine où s'affrontent les passions humaines, on a toujours négligé une approche scientifique du problème. Plus exactement, on a laissé se répandre de vaines chimères, des mauvaises littératures sur le sujet. On trouve en germe, chez Hobbes, une idée proche de Rousseau: les hommes ont été corrompus (par les mauvaises doctrines, par la théologie, par la religion) et ainsi, ils ne cessent de se combattre et de renverser leurs princes: «Si j'avais écrit, comme sur une table rase, dans des coeurs purs, j'aurais pu être plus bref...mais comme je savais que les esprits avaient auparavant été barbouillés de doctrines contraires, j'ai pensé devoir expliquer cela plus longuement» 2 conclut Hobbes. (Abstract shortened by UMI.)
2 Léviathan . Chap. XLVII, édition latine. p. 711.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/6090 |
Date | January 2002 |
Creators | Briba, Martin. |
Contributors | Lafrance, Guy, |
Publisher | University of Ottawa (Canada) |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
Format | 399 p. |
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