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Idées, institutions et intérêts dans le changement de la protection sociale : les politiques de transfert de revenu au Brésil

Cette thèse porte sur l’introduction des politiques de transfert de revenu au Brésil. L’objectif central de la recherche est de comprendre comment ces politiques se sont imposées dans le cadre des réformes de la protection sociale brésilienne pendant les années 1990, notamment à partir de 1995 et comment elles ont engendré un changement paradigmatique de troisième ordre de la politique nationale d’assistance sociale.
Nous posons deux hypothèses de recherche : la première est que l’introduction de telles politiques au Brésil fut le résultat du rôle historique des intellectuels engagés dans la défense du revenu minimum en tant qu’alternative au modèle de protection sociale brésilien. Cette défense du revenu minimum fut soutenue par des intellectuels, des communautés épistémiques et par des politiciens qui ont inscrit le débat sur le revenu minimum à l’agenda politique brésilien. La deuxième hypothèse suggère que la convergence d’idées, d’institutions et d’intérêts a favorisé l’adoption de ces politiques. Cette convergence d’idées, d’institutions et d’intérêts repose sur le rôle de plusieurs acteurs tels les intellectuels, le président Cardoso et d’autres politiciens qui se sont mis à la défense du social au Brésil depuis 1999, des institutions parlementaires brésiliennes et des organisations internationales, notamment le FMI, la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement – BID. Nous proposons l’approche des trois i pour rendre compte de ce changement. L’apprentissage social, les processus de diffusion et de lesson-drawing sont les facteurs à l’origine de la formation de la convergence autour des programmes de transfert de revenu. Nous montrerons que l’expérience brésilienne de programmes de transfert de revenu a non seulement engendré un processus d’apprentissage social renversé auprès de la Banque Mondiale mais qu'elle a aussi eu un effet aussi sur les actions de la BID.
Nous suggérons que le changement paradigmatique de la protection sociale brésilienne a été amorcé par le gouvernement Cardoso dans un processus d’essais et d’erreurs. Ce processus, qui est à l’origine des réaménagements du programme « Comunidade Solidária », a permis la création du « Projeto Alvorada » et du « Réseau de protection sociale » en 2001. Les programmes de transfert de revenu reliés à l’éducation et aux soins de santé ont été les plus influents dans la construction du consensus qui s’est établi autour des programmes de transfert de revenu comme alternative à l’ancien modèle de protection sociale puisqu’ils procurent le renforcement du capital social en même temps qu’ils fonctionnent comme facteur structurant de la protection sociale.
Ce legs du gouvernement Cardoso a permis au gouvernement de Luis Inácio Lula da Silva de consolider le nouveau paradigme avec la création du programme national Bolsa-Família. Le gouvernement Lula a donc bénéficié de l’héritage historique des deux mandats de Cardoso et, ironiquement, a récolté les fruits de l’apprentissage social. Le phénomène du « lulismo » en est la preuve. Par ailleurs, cette thèse met en question la paternité du programme Bolsa-Família puisqu’elle montre la création de ce programme d'abord comme la consolidation du processus d’apprentissage et puis comme conséquence de la création d’un nouveau paradigme pour la politique d’assistance sociale au Brésil qui a eu lieu pendant les deux mandats de Cardoso. / This thesis focuses on the introduction of conditional cash transfer policies in Brazil. The main objective of the research is to understand how these policies have emerged in a context of rethinking social security in Brazil during the 90s, more precisely from 95 and how these changes have caused a third order paradigmatic change in the elaboration of national social security policies.
According to the first of two hypotheses presented in this research, the introduction of conditional cash transfer policies in Brazil is the achievement of intellectuals striving to present such policies as a viable alternative to the traditional Brazilian social protection network. Conditional cash transfer policies have been supported by intellectual, epistemic communities and by politicians that brought the debate on minimal revenue on the Brazilian political agenda. On the other hand, the second hypotheses suggests that the adoption of cash transfer policies was made possible by the convergence of ideas, institutions and interests in place. This convergence of ideas, institutions and interests rests upon the many actors in this debate such intellectuals, President Cardoso and other politicians who have been defending the social agenda in Brazil since 1999; Brazilian parliamentary institutions and international organizations such as the IMF, the World Bank and the Inter-american Development Bank – BID. In order to make sense of these changes in Brazil, the iii approach (idea-interest-institution) was used. Social learning, dissemination, lesson-learning and lesson-drawing processes are all factors explaining the convergence of opinions around the idea of conditional cash transfer programmes. It shall be proven that the Brazilian experiment with cash transfer programmes not only became a reversed teaching process with the World Bank, but also had effects on decisions made by the BID.
This thesis also suggests that the paradigmatic change in Brazilian social security was initiated by the Cardoso governement as part of an error and trial change process. This process, which would have as a direct consequence the reinvention of “Comunidade Solidária”, also permitted the creation of “Projeto Alvorada” and of the “Rede de proteção social” in 2001. The health and education programmes were the most instrumental in building consensus in support of cash transfer programmes as an alternative to the traditional model of social security, because these programmes reinforce social capital while acting as structuring factors for social security.
President Cardoso’s heritage allowed Luis Inàcio da Silva to consolidate the new paradigm in social security with the creation of the national programme Bolsa-Família. The Lula administration directly benefited from the previous government’s two mandates and, ironically, reaped the fruit of his predecessor’s labour. The social phenomena called “lulismo” stands as proof of this. Moreover, this thesis challenges the theory according to which Bolsa-Família is an invention of Luis Inàcio da Silva in showing how this programme was initially created as the result of social learning in Brazil between 1995 et 2002.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/4529
Date05 1900
CreatorsDe Souza, Ailta B.
ContributorsNoël, Alain
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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