Return to search

Attention sélective et prise de décision chez les volleyeurs : comparaison entre passeurs et autres joueurs

En psychologie du sport, les capacités perceptivo-cognitives des athlètes ont surtout été étudiées selon le paradigme experts-novices (Wrisberg, 2001). Selon le contexte à l’étude (p. ex. expertise, représentativité des tâches), le nombre et la durée des éléments visuels fixés varient (Broadbent et al., 2015). Toutefois, une constante demeure : les athlètes experts anticipent plus efficacement la suite de l’action que des novices (McRobert et al., 2011). Au cours des deux dernières décennies, des chercheurs ont comparé les capacités perceptivo-cognitives d’experts entre eux parmi plusieurs sports (p. ex.soccer, taekwondo, volley-ball). Ces études vérifient si de subtils facteurs permettent de mieux comprendre la performance experte en sport (p. ex. Milazzo et al., 2015). Un facteur ne semble toutefois pas avoir été étudié, soit la responsabilité décisionnelle. Dans une perspective d’expertise, le volley-ball est intéressant car la spécialisation à une position y est marquée. Plus important encore, l’une des positions au volley-ball, celle du passeur, comporte une plus grande responsabilité décisionnelle que les autres. En effet, ces joueurs doivent fréquemment décider à quel attaquant envoyer le ballon pour maximiser les chances de marquer le point. L’objectif général de la thèse est de vérifier si des différences perceptivo-cognitives existent entre des experts ayant une grande responsabilité décisionnelle en raison de la position occupée et d’autres experts issus du même domaine. Deux études ayant des buts spécifiques sont incluses dans la thèse pour répondre à cet objectif. La première étude est basée sur le Recognition-Primed decision model (RPDM). Ce modèle explique comment des experts prennent des décisions lors de situations issues de leur domaine d’expertise. Le but de l’étude est de comparer, sur la base du modèle, le processus d’anticipation des passeurs avec celui d’autres experts et de non-experts. Vingt-cinq passeurs, 36 autres experts et 19 contrôles ont visionné 50 séquences vidéo de volley-ball : 10 services, 10 réceptions, 10 passes, 10 attaques et 10 contres. Les séquences s’arrêtaient 120 ms avant lecontact du joueur avec le ballon et les participants devaient expliquer verbalement leur processus d’anticipation en répondant à quatre questions : « Que feriez-vous face à cette situation? », « Que regardiez-vous ? », « À quoi pensiez-vous ? » et« Qu’est-ce qui vous a mené à prendre cette décision? ». Les réponses ont été transcrites verbatim et transformées en score de ressemblance avec le modèle, où des points étaient attribués en fonction du nombre et de la pertinence des verbalisations en lien avec le modèle. Les résultats révèlent que les scores des passeurs étaient plus élevés que ceux des autres experts et que ceux des contrôles. Les autres experts ont aussi obtenu de meilleurs scores que les contrôles. Les résultats valident le RPDM et montrent son utilité pour identifier des décideurs clés. La seconde étude présente des résultats obtenus à l’aide de mesures plus fréquemment utilisées en psychologie du sport, soit le suivi des mouvements oculaires et l’efficacité d’anticipation. Les mêmes participants que ceux de la première étude (en plus d’un passeur et d’un contrôle supplémentaire) ont visionné les mêmes séquences vidéo. Lors de l’occlusion des séquences, les participants devaient prédire la direction du ballon. De plus, leurs mouvements oculaires sur l’écran d’ordinateur étaient enregistrés. Les résultats révèlent que les passeurs et les contrôles fixent plus souvent, mais en moyenne moins longtemps, que les autres experts. Toutefois, les deux groupes d’experts anticipent mieux la direction du ballon que les contrôles. Une analyse dynamique des mouvements des yeux indique que le haut du corps du joueur adverse juste avant le contact est un indice visuel important dans toutes les situations de jeu. Les résultats montrent que les passeurs forment un sous-groupe d’experts qui se distinguent par la façon avec laquelle ils lisent le jeu, sans pour autant être meilleurs pour l’anticiper. Considérés dans leur globalité, les résultats des deux études indiquent que les passeurs ont une façon spécifique de chercher des informations visuelles et d’expliquer leurs décisions. Ces résultats suggèrent que la responsabilité décisionnelle peut être un facteur à considérer pour diversifier les capacités perceptivo-cognitives des athlètes. Il est recommandé que des études sur le terrain soient menées, tant en volley-ball que dans d’autres sports où une position ayant une responsabilité décisionnelle peut être identifiée (p. ex. quart-arrière au football). / In sports psychology, researchers mostly analyzed athletes’ perceptual cognitive skills using the “experts-novices” paradigm (Wrisberg, 2001). Depending on the research context (e.g., expertise, task representativeness), the number and duration of ocular fixations vary (Broadbent et al., 2015). However, one result seems consistent from one study to the next: expert athletes anticipate better the follow-up action than novices do (McRobert et al., 2011). In the last two decades, an observable trend in sports psychology invites researchers to clarify the notion of perceptual-cognitive expertise by comparing expert athletes among themselves. These studies aim at isolating subtle factors involved in expert performance (e.g., Milazzo et al., 2015). A factor yet to be studied in this perspective concern decisional responsibilities. From an expertise perspective, volleyball is quite interesting: it is one of the sports where specialization in a specific position is the most marked. Most importantly, one position, namely the setter, involves greater decisional responsibility than other positions. They frequently have to decide to which hitter they need to set the ball to in order to maximize the chances of scoring. Therefore, the general goal of the thesis is to compare experts with important decisional responsibility with experts from the same domain having less responsibility. Two studies with specific goals address this question. The first study is based on the Recognition-primed decision model (RPDM). The RPDM explains how experts make decisions when facing situations from their area of expertise. The aim of the study is to analyze, with respect to the model, how setters differ regarding anticipation process compared to other experts and non experts. Twenty-five setters, 36 other players and 19 controls viewed 50 volleyball video sequences: 10 services, 10 receptions, 10 sets, 10 attacks and 10 blocks. Sequences stopped 120 ms before ball contact and participants had to explain their anticipation process by answering four questions verbally: “What would you do facing this situation?”, “What were you looking at?”, “What were you thinking of?” and “What led you to this decision?”. Answers were transcribed verbatim. Scores were computed, where points were awarded depending on verbalization number and relevance with the model. Results revealed that setters scored generally higher than other players and controls. Other players also had higher scores than controls. Results support the validity of the RPDM to explain how volleyball players with different levels of decision-making responsibilities differ. Discussion suggests the validity of the RPDM and to use it as a tool to identify key decision-makers. The second study considers more frequent perceptual-cognitive measures, namely eye movement and anticipation efficacy. The same participants as in the first study (in addition to a supplementary setter and a control) watched the same video sequences. Sequences stopped 120 ms before ball contact and participants, whose eye movements were recorded, had to predict the ball direction. Results revealed that setters and controls made more but shorter fixations than other players. However, both expert groups made better predictions than controls. Dynamic analysis of eye movement over time shows that players’ upper body is a most relevant attentional cue right before all types of ball contact, as both expert groups attend this specific area of interest more than controls. Results are discussed in terms of decision-making responsibilities to identify key decision-makers in volleyball and in general. Results point towards specific perceptual-cognitive abilities found in setters and support the idea that setters constitute a subgroup of experts, although they are not better than other players in anticipating the game.Taken altogether, the results from both studies indicate that setters can be considered a subgroup of expert volleyball players, as they present with a different way of gathering visual information and explaining their anticipation process. These results suggest that decisional responsibility could be considered as a factor indiversifying athletes’ perceptual-cognitive skills. It is recommended that in-situ studies be carried out, both in volleyball and in other sports where a position with decision-making responsibility can be identified (e.g., quarterback in American football).

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/67504
Date17 February 2021
CreatorsFortin-Guichard, Daniel
ContributorsGrondin, Simon, Trottier, Christiane
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xxiii, 183 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

Page generated in 0.0029 seconds