La constante miniaturisation des dispositifs électroniques rend essentiel le contrôle et la compréhension des fluctuations dans le courant les traversant, c'est-à-dire du bruit électronique. Étudié depuis près de 90 ans, ce phénomène omniprésent se trouve limité par les lois de la mécanique quantique à une valeur minimale, la limite de bruit quantique. Quantifier ces fluctuations pose plusieurs problèmes expérimentaux. Principalement, toute mesure électronique est basée sur le passage d'un grand nombre d'électrons dont le comportement est presque aléatoire. Faire ressortir les mécanismes sous-jacents à l'émission du bruit requiert donc une étude statistique poussée de la distribution de probabilité du passage d'électrons, passant entre autres par la mesure du quatrième cumulant de cette distribution. Cet indicateur de l'écart entre les valeurs observées et les valeurs attendues pour un phénomène aléatoire n'était accessible jusqu'à maintenant qu'en comptant un à un les passages d'électrons, ce qui n'est réalisable que pour des dispositifs spécifiques. D'un autre point de vue, diminuer le niveau de bruit sous la limite quantique est un but fort souhaitable pour le développement de technologies électroniques de pointe. Un phénomène du nom de compression d'états démontre la possibilité de connaître une partie des informations disponibles avec une précision supérieure à la limite quantique au dépit de l'autre partie, qui sera noyée dans un bruit plus grand pour respecter cette limite. L'observation de la compression d'états nécessite donc d'atteindre le niveau de bruit minimal et d'enregistrer avec précision les niveaux de bruit de chaque paramètre observé. De surcroît, le domaine de la cryptographie serait fort d'utiliser un outil constitué de deux objets liés entre eux d'une façon non-classique. Ainsi, lire la valeur d'un paramètre A sur un objet limite les valeurs accessibles par le paramètre B du deuxième et vice-versa, ce qui permet de savoir si l'objet a été observé par un troisième observateur. La situation décrite en est une d'enchevêtrement, où la mécanique classique ne peut pas expliquer le lien entre les deux objets étudiés. Une telle manifestation n'est observable que sur des paires d'objets créés simultanément. La préparation identique de plusieurs paires permet une étude statistique des informations de chaque objet et toute corrélation entre eux ne pouvant s'expliquer par la mécanique classique, telle que la compression d'états à deux modes, est indicatrice d'enchevêtrement. Ce texte propose de sonder ces quantités en étudiant un dispositif dont le bruit de grenaille est simple à modéliser, la jonction tunnel. Lorsqu'elle est éloignée de son état d'équilibre par des tensions cc et ca, le courant qu'émet une jonction tunnel présente des fluctuations sur un spectre continu de fréquences. Cette thèse vise à démontrer que l'étude des corrélations entre les fluctuations présentes à deux fréquences distinctes permet la mesure du quatrième cumulant de la distribution statistique du bruit de grenaille. Cet ouvrage a aussi pour but d'utiliser divers outils développés dans le domaine de l'optique quantique afin de démontrer l'existence de compression d'états à deux modes dans ces fluctuations, démontrant ainsi la présence d'états enchevêtrés dans le bruit généré.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/8188 |
Date | January 2015 |
Creators | Forgues, Jean-Charles |
Contributors | Reulet, Bertrand |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Jean-Charles Forgues, Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.5 Canada, Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.5 Canada, http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/ |
Page generated in 0.0022 seconds