La redéfinition de la profession infirmière, intervenue en Europe depuis 1990 afin de répondre aux nouveaux besoins en santé de la population, appelle les professionnelles à se centrer sur la prévention, le maintien et la promotion de la santé dans toutes les situations de soins (OMS, 1986). Cette réorientation, développée dans la formation initiale, touche le développement d'un rôle présenté dans les textes de lois et professionnels comme « autonome » et « indépendant » et pose problème quant à son intégration dans les pratiques de soins infirmiers. En effet, celles-ci, principalement déléguées par le corps médical et par l'institution, font apparaître l'injonction paradoxale au sein de laquelle les infirmières se situent : celle du développement d'une pratique autonome selon des objectifs donnés.<br /><br />A partir d'un échantillon (n=841) issu d'une enquête réalisée auprès de l'ensemble des infirmières d'un CHU en Suisse (n=1951), au travers d'une approche sociocognitive (BANDURA, 2003), la recherche des principaux facteurs favorisant le développement d'une « pratique de santé », identifiée comme la centration sur le malade et sa santé selon sa propre définition de la santé, amène à mettre en évidence une double dimension de l'agentivité: autonome et hétéronome.<br /><br />Ainsi, les résultats montrent que la valeur attribuée par l'infirmière à sa « pratique de santé » détermine son orientation au sein d'un contexte qui reste prioritairement dirigé vers une « pratique de soins », centrée sur la gestion de l'ensemble des soins auprès du patient selon la définition de l'institution. Dès lors, l'autonomie dans les pratiques infirmières se présente comme l'exercice de l'agentivité, soit la puissance personnelle d'agir de l'infirmière, selon sa propre orientation : santé ou soins. Elle se développe significativement chez les professionnelles ayant un haut niveau de formation, santé ou soins, par une approche centrée sur l'apprentissage tout au long de la vie.<br /><br />Cette thèse permet de tracer des perspectives relatives à la clarification des rôles et des missions des infirmières et de leurs développements, au sein des établissements hospitaliers universitaires en particulier. Elle pose la question de la construction d'un sentiment d'efficacité personnelle (SEP) qui ne correspondrait pas à l'attente prioritaire et explicite du contexte. Enfin, en distinguant l'agentivité de l'autonomie, elle contribue à la construction conceptuelle des questions liées à l'autoformation (CARRE, 2005).
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00331476 |
Date | 09 June 2008 |
Creators | Piguet, Catherine |
Publisher | Université de Nanterre - Paris X |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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