Un nouveau mouvement social est né en Argentine en 2001, dans un contexte de crise socio-économique sans précédent dans l’histoire du pays :le mouvement des entreprises récupérées par les travailleurs. <p>La récupération des entreprises s’est développée comme une alternative à leur fermeture :les travailleurs occupent l’entreprise et relancent la production et la vente de produits. Ce mouvement surgit dans un moment historique de luttes sociales où le rapport de forces est favorable aux travailleurs, permettant le développement de pratiques en dehors du cadre déterminé par la loi. Or, la production et la commercialisation des produits ne sont pas durables sans l’obtention d’une autorisation légale. Les travailleurs s’organiseront et développeront diverses stratégies pour leur reconnaissance juridique et politique. <p>En dépit de l’abondante production scientifique concernant les entreprises récupérées, beaucoup d’éléments restent à examiner. La plupart des recherches se sont centrées sur deux questions majeures :l’analyse des résultats de la lutte des travailleurs, c’est-à-dire les pratiques sociales et économiques développées dans le processus productif ;et l’étude sur les stratégies politiques, souvent réduites aux actions juridiques, entamées par les travailleurs afin de récupérer l’entreprise. Mais force est de constater qu’il n’existe pas de recherches spécifiques sur le processus de lutte, de formation et de dissolution des organisations des entreprises récupérées. Dans ce sens, le mouvement des entreprises récupérées est souvent présenté comme étant un mouvement uniforme. Certes, des recherches s’intéressent aux rapports sociaux et politiques contenus dans le processus de lutte des travailleurs, mais il s’agit d’études de cas centrées sur l’analyse de certaines entreprises récupérées. L’ambition de la présente thèse est de pallier l’absence d’étude sur le processus de formation et développement du mouvement des entreprises récupérées. Elle cherche à relier l’expérience des travailleurs et celle du mouvement. Ces expériences se déroulent dans un moment historique essentiel d’institutionnalisation des organisations sociales nées durant un cycle de révolte. Notre étude cherche à déceler le processus par lequel certaines organisations du mouvement des entreprises récupérées ont participé à ces transformations (tandis que d’autres furent exclues des négociations) ainsi que l’impact de cette ouverture politique sur le mouvement des entreprises récupérées. Pour cela, nous analysons les influences réciproques sur la construction de ce mouvement :les formes de gestion, d’organisation et les relations de travail au sein des entreprises récupérées ;les trajectoires de lutte et les diverses organisations qui en résultent, en relation permanente avec l’évolution des réalités économiques, politiques et sociales spécifiques à chaque période envisagée. À cette fin, nous avons procédé à une étude extensive et intensive. L’intérêt de combiner ces approches répond à l’objectif général de cerner les rapports complexes et dynamiques qui lient ces deux niveaux d’analyse dans le processus de construction d’un acteur social. Étant donné que les analyses extensives existant avant 2010, étaient insuffisantes pour répondre à bon nombre des questions posées par cette thèse, nous avons élaboré notre propre analyse statistique. Cette démarche nous permet d’appréhender le phénomène dans son ampleur, mais elle n’est pas pertinente pour comprendre en profondeur les pratiques concrètes des travailleurs et de leurs organisations. En revanche, l’analyse qualitative, dépourvue d’une approche extensive, risque de nous enfermer sur l’étude des situations particulières sans comprendre le processus global. Ces deux démarches sont donc complémentaires. Dans ce sens, nous avons interviewé des dirigeants des diverses organisations des entreprises récupérées, des avocats et enfin des travailleurs de six entreprises récupérées. Dans trois d’entre elles, nous avons réalisé une enquête de terrain. Ces entreprises récupérées sont Brukman, Zanón et la Clinique Junín. <p> / Doctorat en sciences sociales, Orientation sociologie / info:eu-repo/semantics/nonPublished
Identifer | oai:union.ndltd.org:ulb.ac.be/oai:dipot.ulb.ac.be:2013/209206 |
Date | 17 September 2014 |
Creators | Hirtz, Natalia Vanesa |
Contributors | Marques Pereira, Bérengère, Stroobants, Marcelle, Alaluf, Mateo, Vogel, Laurent, Garibay, David |
Publisher | Universite Libre de Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Faculté des Sciences sociales et politiques – Sciences sociales et Sciences du travail, Bruxelles |
Source Sets | Université libre de Bruxelles |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | info:eu-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/openurl/vlink-dissertation |
Format | No full-text files |
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