Cette thèse poursuit les objectifs suivants: a) créer un cadre d'analyse des variables clés, des facteurs et des relations de causalité entre les variables impliquées dans le développement de l'État moderne; b) illustrer les interrelations des éléments constitutifs de l'État absolutiste, en tant que première manifestation de l'État moderne, au début de l'Europe moderne et de l'Iran au début du XXe siècle; c) intégrer un large éventail de faits historiques pertinents et d'exemples dans un cadre unique formalisant les similitudes et les différences entre les expériences iraniennes et européennes de l'absolutisme. En ce qui concerne l'analyse comparative du phénomène, l'un des objectifs importants est d'exploiter de manière plus approfondie et plus précise que ne l'ont fait les recherches précédentes, les questions du type « comment-pourquoi ». Ce faisant, une partie de la thèse est conçue pour répondre à la question suivante: quels principes directeurs distinguent la forme d'État prémoderne de la forme moderne? J'esquisse différents principes et je propose de les regrouper en deux grandes catégories d'éléments essentiels et complémentaires. En analysant le contexte social du début de la période moderne en Europe occidentale (en particulier dans les États français et anglais), je décris ensuite la manière dont l'État absolutiste moderne est devenu le type d'ordre politique dominant. J'invoque divers mécanismes économiques, sociaux et politiques tels que le marché, les classes sociales et l'armée pour saisir la dynamique de l'absolutisme. Révélant la complexité de cette phase de transition en Europe, je crée quatre catégories conceptuelles pour saisir la transition que les sociétés d'Europe occidentale ont subie depuis l'effondrement du féodalisme. Ces catégories touchent aux changements dans les limites de la puissance extractive (1000-1900), aux changements dans la délimitation des classes sociales et des zones rurales et urbaines (1000-1400), aux changements dans les limites respectives de l'Église et de l'État (1400-1800) et aux changements dans la perception de l'identité (1700-1900). Afin de comprendre la façon dont le nouvel ordre mondial, créé par la transition européenne du féodalisme à l'absolutisme, s'est construit dans un contexte non européen, j'utilise le cas de l'Iran, plus spécifiquement la période se situant entre 1925 et 1941, sous le régime de Reza Khan. Je démontre d'abord que l'État iranien, créé par Reza Khan, peut véritablement être considéré comme un État absolutiste, de sorte qu'il est tout à fait justifié de le comparer au phénomène correspondant en Europe. Ensuite, après avoir catégorisé les différentes théories de l'État iranien : despotisme oriental, État rentier, État dépendant, pseudo-moderniste et sultanisme, je démontre que la théorie de l'État absolutiste est le meilleur moyen d'examiner la relation entre l'État et la société dans son ensemble en Iran sous Reza Khan. Je poursuis l'examen en analysant en profondeur les promesses et les pièges de la formation de l'État absolutiste en Iran. Une question majeure a jeté les bases de mon enquête: comment Reza Khan a créé un nouvel ensemble d'institutions en transférant les ressources du pouvoir de ses différents rivaux à l'administration centralisée de son gouvernement. Dans l'analyse finale de la thèse, je vais au-delà de l'analyse descriptive pour développer un modèle typologique inédit, qui illustre les différentes directions prises par l'absolutisme en Iran et en Europe. Ce modèle contient trois variables explicatives au niveau macro (politique, économie et société) accompagnées de 17 indicateurs. M'inspirant des concepts mathématiques développés par la théorie du chaos et la théorie des systèmes, je suggère que ces 17 indicateurs sont des ensembles «d'attracteurs» qui déterminent la dynamique interne des systèmes sociaux européens et iraniens. / This thesis has the following purposes: a) to create an analytical frame of key variables, factors, and causal relationships between variables involved in the development of the modern state; b) to illustrate the interrelations of component parts of the absolutist state, as the first manifestation of the modern state, in early modern Europe and early twentieth-century Iran; c) to integrate a wide range of relevant historical facts and examples into a single framework that formalizes similarities and dissimilarities underlying the Iranian and European experience of absolutism. Regarding the comparative analysis of the phenomenon, one important goal is to tap on what-how-why questions more thoroughly and accurately than previous researches. In doing so, part of the thesis is designed to answer the following question: what overriding principles set apart the premodern form of state from the modern form? I try to outline different principals and propose that they can be pieced together under two broad categories of essential and complementary components. By analyzing the social context of the early modern period in Western Europe (particularly in French and English states), I then depict the ways in which the modern absolutist state came to be the most dominant mode of political order. I invoke a variety of economic, social, and political mechanism such as market, social classes, and military to capture the dynamics of absolutism. Revealing the complexity of this transitional phase in Europe, I create four conceptual categories of transitional changes, which Western European societies underwent since the collapse of feudalism. These categories include changes in the boundaries of extractive power (1000-1900), changes in social class and rural-urban boundaries (1000-1400), changes in ecclesiastical-political boundaries (1400-1800), and changes in the perception of identity boundaries (1700-1900). To deal with the question of how the new global order, caused by the European transition from feudalism to absolutism, was constructed in a non-European context, I turn to a more case-specific study of Iran between the years 1925 and 1941 and under the rule of Reza Khan. First, I test whether the Iranian state, established by Reza Khan, can genuinely be regarded as an absolutist state so that it is well justifiable to compare it with the corresponding phenomenon in Europe. Following on from categorizing the theories of Iranian state as oriental despotism, rentier state, dependent state, pseudo-modernist, and sultanistic, I eventually demonstrate that theory of the absolutist state is the best lens through which to view the relationship between state and society in Iran under Reza Khan. Next, I delve into a comprehensive analysis of promises and pitfalls of the formation of the absolutist state in Iran. One major question sets the scope of my inquiry: how Reza Khan crafted a new set of institutions that transferred power resources from his scattered rivals to the centralized administration of his government. In the final analysis of the thesis, I move beyond descriptive analysis to develop a typological model, which illustrates the different directions that absolutism took in Iran and Europe. This model contains three macro-level explanatory variables, (politics, economy, and society) accompanied with 17 indicators. Drawing, through analogy, ideas form mathematical concepts developed by chaos theory and system theory, I suggest that these 17 indicators are sets of attractors that determine the internal dynamic of European and Iranian social systems.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:https://corpus.ulaval.ca:20.500.11794/74082 |
Date | 14 September 2022 |
Creators | Zahedinameghi, Nima |
Contributors | Gagné, Gilles |
Source Sets | Université Laval |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xvi, 266 pages), application/pdf |
Coverage | Iran, Europe de l'Ouest., Europe de l'Ouest, 1925-1941 |
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