Le mouvement du logiciel libre, qui propose que le code source des logiciels soit lisible, accessible et modifiable par tous, est un vaste mouvement de coopération internationale dans le développement de logiciels dont les plus matures constituent aujourd'hui des alternatives viables à certains produits commerciaux. Si beaucoup s'investissent dans cette forme de coopération par intérêt personnel ou professionnel, un nombre important d'acteurs définissent toutefois leur engagement comme étant clairement politique. Cette étude a pour objectif d'explorer la façon dont ces acteurs plus politisés définissent leur activité technique comme une forme d'engagement politique. Nous avons choisi de nous déplacer en Argentine afin d'étudier un réseau d'acteurs investis dans la promotion du logiciel libre et la construction du projet GNU d'un système informatique complètement libre qui a été initié par Richard Stallman, également à l'origine du terme logiciel libre. Nous nous attarderons à explorer la façon dont ces acteurs participent au développement du système Ututo, qui s'intègre au projet GNU, et à analyser les controverses qui traversent ce réseau d'acteurs. Ce mémoire est divisé en trois sections. La première section introduira le mouvement du logiciel libre ainsi que notre problématique (ch. 1), présentera notre approche théorique qui s'inspire de différents courants d'études sur les sciences et les technologies (ch. 2), et exposera finalement notre approche méthodologique (ch. 3). La seconde section présentera selon différentes perspectives la construction du projet GNU en Argentine. Nous décrirons la genèse du système Ututo et les formes de collaboration qui permettent son développement (ch. 4) et présenterons une controverse significative de l'ambivalence des acteurs à lier les enjeux du logiciel libre à d'autres enjeux sociaux (ch. 5). Dans la troisième section, qui constitue un retour théorique, nous tenterons de montrer la façon dont la politisation du logiciel prend racine dans une sensibilité aux schèmes techniques (ch. 6), et ferons en conclusion (ch. 7) un retour sur nos différentes questions de recherche. Pour saisir la dimension politique que certains acteurs donnent à leur engagement dans le développement ou l'usage des logiciels libres, il nous semble important d'explorer la relation qu'ils entretiennent avec ces logiciels. L'activité technique constitue pour les acteurs une forme d'expression plus que la simple manipulation d'un instrument. Le logiciel, par son code source, apparaît comme un produit culturel, l'expression de la vie d'une communauté. C'est dans cette mesure que la politique du libre cherche à garantir le libre accès à ce code source. Mais si le logiciel est culturel, il demeure toutefois technique et instrumentalisé à d'autres fins. Ce double mode d'appréhension du logiciel, entre produit culturel et objet technique, peut expliquer certaines ambivalences et controverses qui traversent le monde du logiciel libre. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Logiciel libre, Culture technique, Technologie de l'information, Sociologie de l'innovation technique, Argentine, Amérique Latine.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3301 |
Date | January 2007 |
Creators | Couture, Stéphane |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/3301/ |
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