Le phénomène du sans-abrisme évoque la plupart du temps des images d’hommes, seuls, exposés dans les espaces publics et pratiquant la mendicité. Or, le sans abrisme se conjugue également au féminin. Cette thèse de sociologie propose d’interroger l’expérience des femmes sans abri à partir des modalités d’accueil et des pratiques de catégorisation des sexes observées dans les dispositifs d’accueil et d’hébergement à Saint-Etienne et à Montréal. Au croisement de la sociologie du sans-abrisme et de la sociologie du genre, ce travail vise à comprendre d’une part la place des femmes sans abri dans le monde de l’assistance et d’autre part, comment l’assistance participe à fabriquer le genre des individus qui y ont recours. Au moyen d’une ethnographie comparative, je montre que, si au Québec l’itinérance des femmes est devenue un problème public, en France, les femmes tendent à être accueillies et prises en charge avec les hommes (mixité des sexes) et « comme » des personnes singulières. L’observation de cette différence de traitement des femmes en France et au Québec a permis l’élaboration de deux grammaires de l’assistance : celle de la « personne » qui tend à désexualiser les individus et qui souligne la nécessité de reconnaissance de la singularité des êtres accueillis, faisant du genre et des catégories de sexes des « petits troubles » situés à la marge des situations et celle de la « vulnérabilité de genre » qui insiste explicitement sur les violences multiples dont les femmes sans abri sont l’objet et qui induit une forme de justice sociale basée sur la reconnaissance de la différence de l’expérience des femmes. / Homelessness often evokes images of lonely men, exposed in public spaces and begging. However, the phenomenon of homelessness also includes women. This doctoral dissertation in sociology proposes to investigate the experience of homeless women based on the welcoming methods and gender categorization practices observed in day centers and shelters in Saint-Etienne (France) and Montreal (Canada). At the crossroads of sociology of homelessness and sociology of gender, this work aims to understand the place of homeless women in the world of assistance and how assistance contributes to the making of gender in/for people who use it. Drawing on a comparative ethnography, we demonstrate that, while in Quebec women's homelessness has become a public problem, in France, women tend to be welcomed and cared for among men (“gender mixity”) and "as" singular people. The observation of this difference in the treatment of women in France and Quebec has led to the elaboration of two grammars for assistance: (1) a grammar of "person" who tends to desexualize individuals and who emphasizes the need to recognize the singularity of the people being welcomed, making gender and gender categories of the "small troubles" located at the margin of situations (2) and a grammar of "gender vulnerability" which explicitly insists on violence undergone by homeless women, and implies a form of social justice, based on the recognition of the difference of women’s experience.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LYSES054 |
Date | 08 December 2017 |
Creators | Maurin, Marine |
Contributors | Lyon, Pichon, Pascale, Roy, Shirley |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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