Les problèmes croissants posés par la gestion de l'eau en ville ont entraîné ces dernières décennies la structuration d'une expertise en hydrologie urbaine, dont l'objectif est de résoudre les problèmes d'inondations et les dommages environnementaux provoqués par le ruissellement urbain. Cette expertise s'est appuyée sur le développement de coopérations étroites entre des scientifiques et des praticiens des collectivités territoriales, qui ont donné naissance dans les années quatre-vingt-dix, sur les territoires du Grand Lyon, de Nantes Métropole et de la région parisienne, à des formes institutionnelles inédites : les observatoires d'hydrologie urbaine. Ce travail de recherche analyse la constitution de ces dispositifs de production de connaissances en réalisant une socio-histoire de ces collaborations depuis les années soixante-dix. Celle-ci montre comment la structuration des observatoires est déterminée par leur contexte d'origine et le poids de cet héritage sur leurs logiques de fonctionnement actuelles. La trajectoire de chaque observatoire traduit à la fois une histoire singulière et l'existence de « points de passages obligés » empruntés par les trois entités. L'enquête saisit les formes d'organisation particulières des observatoires, la façon dont ils construisent leur double légitimité (dans le champ académique et en s'appuyant sur une demande sociale), l'ambiguïté de leur rapport au politique et les stratégies déployées pour asseoir leur pérennité. Nous questionnons également les modes de production de la science lorsque cette dernière participe à la construction des problèmes et à leur représentation. Cette sociologie de l'expertise est un point de départ à l'analyse des processus d'innovation à l'œuvre dans la gestion des eaux pluviales. Nous mettons en lumière le modèle d'innovation précautionneux induit par cette configuration d'acteurs, qui assigne aux observatoires un rôle d'évaluation et de régulation des pratiques dans un contexte de changement de paradigme de la gestion des eaux urbaines. Une démarche comparative permet de singulariser ce modèle : l'enquête a été élargie à deux terrains témoins « sans observatoire », Rennes Métropole et la communauté d'agglomération du Douaisis, qui présentent un modèle d'innovation plus radical et donnent à voir d'autres conceptions du changement. À travers l'exemple de la communauté scientifique et technique de l'hydrologie urbaine, nous interrogeons ce que produisent ces nouveaux modes d'intervention scientifique et la manière dont ils réorganisent les rapports entre science, technique et politique. L'altérité apportée par les terrains témoins révèle aussi d'autres façons d'envisager « l'agir dans un monde incertain » et de faire face aux risques qui marquent cette politique environnementale en construction / The growing problems regarding urban water management have been accompanied in the past decades with the emergence of an expertise in urban hydrology, which aims at solving flooding problems and environmental damage caused by urban runoff. This expertise, which involves close cooperation between scientists and practitioners from local authorities, originated in the early nineties with the advent of observatories of urban hydrology in the metropolitan areas of Lyon and Nantes, as well as in the Paris region. This research analyzes the constitution of these organizations by conducting a socio- history of the collaborations since the 1970s. It emphasizes how the structuring of these observatories has evolved from their original contexts, and how the impact of these origins has shaped their current operating logistics. While each of these three observatories has a unique history, they share common features and have undergone similar obligatory main steps. The inquiry captures how the respective observatories have sought a double legitimacy (in the academic field as well as in meeting the demands of societal needs). It also shows the ambiguity of their relationship to politics and their strategies to assure their sustainability. We question too the way science is produced because in this instance, it is participating in dealing with problems while also representing them to the public. The sociology of expertise is a starting point for analyzing the innovation process regarding stormwater management. We bring to light a cautious model of innovation by which scientists assign to the observatories the primary roles of evaluation and regulatory practices in the context of paradigm shift of urban water management. A comparative approach permits characterizing this model. The research includes two additional sites that lack observatories: the Rennes metropolitan region and the Le Douaisis agglomerated community, which present a more radical approach to innovation that reveals other concepts of change. Through the example of the scientific and technical community of urban hydrology, we question what these new modes of scientific intervention produce, and the manner by which they re-shape the relationships between science, technology and policy. The alternate perspectives brought by the different cities also reveal other ways for envisioning "acting in an uncertain world" and for dealing with the inherent risks of this emerging environmental policy
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PEST1048 |
Date | 01 April 2014 |
Creators | Soyer, Mathilde |
Contributors | Paris Est, Hubert, Gilles |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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