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La perspective et l'imagination de l'espace selon Erwin Panofsky

La rationalisation de l'espace est une caractéristique fondamentale des Temps modernes. La conception d'un espace rationnel, isotrope et universel, descriptible par des règles mathématiques, s'accomplit d'abord lors de l'invention de la perspective linéaire à la Renaissance italienne. Ce n'est que près de deux siècles plus tard, que les philosophes accompliront une formulation théorique de cet espace. Il est vrai que les techniques mathématiques de l'optique grecque, nécessaires à l'invention de la perspective, avaient été inventées lors de l'Antiquité et utilisées dès lors, de manière parcellaire, notamment dans la création de décors scénographiques. Mais ces usages n'avaient pas mené à la conception d'un espace unifié et rationalisé, conçu en fonction de la position d'une subjectivité observatrice, véritable maîtresse de la représentation en perspective. L'acceptation universelle de cette technique d'atelier qu'est la perspective constitue un coup de force. Parce que cette technique n'est ni naturelle, ni conforme à la physiologie de la vision humaine. C'est Erwin Panofsky qui en fera la démonstration lors du XXe siècle, situant d'abord l'étude de la perspective dans le cadre de la philosophie des formes symboliques d'Ernst Cassirer. Ce travail retrace les prémisses de la révolution perspective depuis leurs origines dans l'Antiquité et le Moyen Age, jusqu'à l'étude panofskyenne du déploiement de la technique perspective à la Renaissance. L'invention de la perspective questionne la nature des rapports entre l'art et la technique ainsi que le rôle de l'imagination dans la représentation de l'espace. Il s'agit d'un moment méconnu de l'histoire; du sujet moderne, qui remet sur le métier les catégories par lesquelles notre époque se propose d'imaginer l'espace et le réel. / The rationalization of space is a fundamental characteristic of the Modem Age. The concept of space as a rational, universal and isotropic medium, which can be described by mathematical rules, was firs envisioned by the invention of linear perspective during the Italian Renaissance. Il, is only two centuries later that philosophers gave a theoretical foundation to this painterly technique. While it is true that the mathematical techniques of Greek optics necessary to perspective drawing had been formulated during Antiquity, and were indeed used in a fragmentary way, notably in stenographical constructions, Classical Antiquity had no concept, of a rationalized and unified space, defined by the position of an observing subject. Modem perspective is neither natural nor true to the physiology of sight. Erwin Panofsky demonstrated this during the twentieth century, studying perspective through the prism offered by Ernst Gassirer's philosophy of symbolic forms. It is here proposed to retrace the invention of perspective from its roots in Antiquity and the Middle Ages before addressing Panofsky's studies on the invention of perspective. This invention raises questions on the nature of the links between art and technique, as well as it questions the role of the imagination in spatial representation. This little known episode in the history of the modem subject questions the very categories by which our Age proposes to imagine space.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/19167
Date12 April 2018
CreatorsBrie, Marc-André
ContributorsDe Koninck, Thomas
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Formatvi, 227 f., application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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