Il semble communément admis que l’espace et le crime sont intimement liés. L’origine sociale du délinquant et les caractéristiques sociales des quartiers criminogènes ont souvent été mises en avant comme facteurs explicatifs de la concentration de la délinquance. Pourtant la localisation du crime ne semble pas être due au hasard. L’espace joue un rôle primordial tant dans la manifestation du crime que dans sa persistance. Etudier le crime du point de vue géographique et de l’analyse spatiale nécessite à la fois une définition précise de l’acte ou du comportement illicite, mais également une quantification ainsi qu’une géolocalisation à l’échelle la plus fine possible. En France le niveau départemental voire communal représente le niveau le plus bas disponible en termes de statistiques criminelles. Cependant l’analyse de la relation entre l’aménagement de l’espace urbain et la distribution spatiale du crime nécessite une donnée à l’échelle de la rue. L’agglomération de Marseille a été retenue comme espace d’étude en raison de son profil économique et social particulier. La capitale régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur compte un nombre important de quartiers concernés par la nouvelle géographie prioritaire de la politique de la ville. Elle se caractérise aussi par son titre controversé de ville la plus criminogène de France. Cette idée forgée au cours du 20ème siècle a été alimentée par le rôle de Marseille comme principal port de l’Empire Colonial Français. Les marchandises illicites surent profiter des lignes commerciales régulières pour entrer sur le territoire national via le port. Au lendemain de la seconde guerre mondiale la ville devint la capitale mondiale de la transformation de la morphine-base et de l’exportation de l’héroïne jusqu’à ce qu’en 1969 le président des Etats-Unis d’Amérique : Richard Nixon décide de mener une lutte farouche contre le trafic de stupéfiants à destination de son pays. Entre récession économique et trafic dynamique de la drogue, Marseille est chaque année concernée par près d’une quinzaine d’homicides majoritairement liés à la guerre des voyous pour le contrôle du trafic de stupéfiants. Ces « règlements de compte entre malfaiteurs» d’après la désignation officielle ne représentent qu’une infime partie de la délinquance sévissant dans la commune. Cependant ces meurtres qui sont assez rares pour être systématiquement rapportés par les différents médias sont suffisamment nombreux pour permettre une cartographie de la délinquance suite au référencement de chaque homicide dans un système d’information géographique. Une fois les analyses spatiales de la distribution d’un semis de points effectuées, une analyse d’image par morphologie mathématique a été réalisée pour délimiter scientifiquement les zones de concentration du crime. L’objectif de la recherche consistant à identifier les caractéristiques de la configuration géographique de l’aménagement urbain qui permettent d’expliquer la distribution spatiale du crime. Différentes représentations de l’espace urbain et des réseaux spatiaux convertis en graphes primaux ou duaux ont été utilisées pour discerner les quartiers les plus isolés et à l’inverse les lieux les plus centraux et intégrés. Aux différents indices mathématiques de centralité calculés sur les réseaux spatiaux s’ajoute une représentation des interactions entre les espaces ouverts sous la forme d’un graphe conçu d’après la théorie de la syntaxe spatiale. Les différents indices calculés devant vérifier si les zones de concentration des règlements de compte entre malfaiteurs à Marseille sont systématiquement localisées dans des quartiers facilement accessibles comme le laisserait suggérer la présence d’un trafic de drogue dynamique ou au contraire dans des lieux ségrégés et difficiles d’accès pouvant expliquer la dégradation urbaine et sociale perceptible dans ces espaces. / It seems to be widely agreed that space and crime are closely related. The social origin of the offenders and social characteristics of criminogenic districts have frequently been brought forward as determining factors of crime density. However, crime does not seem to be located randomly. Space takes a primordial role both in the outbreak of crime and his persistence. Study of crime with a geographical approach and space analysis requires both a clear definition of criminal act or behaviour and a quantification as well as georeferencing of the events on a finer scale. In France, the departments nay the municipalities represent the lowest level in terms of crime statistics. Nevertheless, data at the street level are required in order to understand the relation between urban pattern and crime distribution. The city of Marseille has been chosen as the study area due to it’s particular economic and social profile. The capital city of region of Provence-Alpes-Côte d’Azur has a large number of neighbourhoods concerned by the new French urban policy. Marseille counts 35 "priority districts" taking up 35 squares kilometres where about 237 877 inhabitants lived according to the census of 2013, which represents 28% of the global population of the city. The bad reputation of Marseille known as the most criminal city of France was built during the 20th century when Marseille was the main port of the French Colonial Empire. Illicit goods were brought into the national territory through regular trade routes via the harbour. After the Second World War, Marseille became the world capital of heroin production and exportation until the president of the United States of the America, Richard Nixon, decided to put up a fierce battle against drug traffic to his country. Between economic recession and dynamic drugs traffic, Marseille is impacted by about fifteen murders every year, for the most part directly linked with the dealers’ war to control drug market. The settling of scores between criminals represents only a small portion of serious and petty crimes occurring each year within the municipal boundaries. Such assassinations are rare enough to justify a regular media coverage and frequent enough to generate crime mapping. Once the crime mapping of every assassination was done, a point pattern analysis was performed. Then, an image analysis with mathematical morphology was conducted in order to determine the influence area of the phenomenon. This step has allowed to determine the bandwidth of the Kernel density estimation applied to mark out the crime hotspots. The aim of this research is to determine which characteristics of the geographical pattern of the built environment could explain crime density in some locations. Do the spaces where settling of scores take place have identical specificities ? Do the crime hotspots drastically differ from other areas ? To detect segregated districts on one hand and central places on the other hand, different representations of the urban pattern and the road network have been used. Beyond the different mathematical measures of centrality calculated on spatial network, the representation of the interactions between the open spaces into a dual graph have been fulfilled in order to apply space syntax theory. Measures calculated according space syntax methodology should prove if crime hotspots in Marseille are systematically located in easily reachable areas as suggested by the presence of a dynamic drug trade or, on the contrary, in segregated neighbourhoods difficult to access, which could explain the social and urban degradation discernible in such locations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018AZUR2006 |
Date | 23 May 2018 |
Creators | Fouillade Orsini, Hadrien |
Contributors | Côte d'Azur, Maignant, Gilles |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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