La télévision fait l'objet de critiques importantes à propos de l'influence négative qu'elle aurait sur le rendement scolaire (RS) des jeunes. En effet, regarder la télévision est l'une des activités auxquelles les jeunes consacrent le plus de temps durant leurs loisirs. De plus, 90 % des contenus qu'ils regardent sont des émissions de divertissement. Dans ce contexte, le temps d'écoute de la télévision suscite de fortes inquiétudes auprès de parents et de professionnels de l'enfance et plusieurs d'entre eux demandent à être mieux informés à propos des effets qu'il aurait sur les jeunes. Pour cette raison, il est important d'évaluer la relation entre le temps d'écoute de la télévision et le RS des jeunes. Bien que plusieurs études aient été réalisées sur ce sujet, leurs résultats ne permettent pas de tirer des conclusions claires sur l'existence d'une relation négative entre le temps d'écoute de la télévision et le RS des enfants. D'une part, ces études présentent des résultats hétérogènes. En effet, il y a celles qui indiquent que le temps d'écoute de la télévision est associé négativement au RS et celles qui concluent plutôt qu'il n'y a pas d'association statistiquement significative entre ces deux variables. D'autre part, très peu de recherches se sont intéressées aux processus susceptibles d'expliquer pourquoi le temps d'écoute de la télévision serait associé à un RS moindre. L'objectif de cette thèse est ainsi de contribuer à mieux documenter ces deux aspects. Nos travaux sur le sujet sont rapportés à l'intérieur de deux articles scientifiques. Dans le premier, la démarche présentée consiste à estimer, en fonction du sexe, la contribution de quatre variables médiatrices (la fréquence du temps que les enfants consacrent à lire pour le loisir, la fréquence des interactions de l'enfant avec leur parent, leur motivation intrinsèque à lire et leur niveau d'inattention) dans la relation entre le temps d'écoute de la télévision et le RS. Le choix de ces quatre variables a été effectué en cohérence avec les hypothèses de substitution et d'inhibition qui ont été proposées pour expliquer cette relation. Les données utilisées pour cette étude proviennent de l'Étude longitudinale québécoise sur le développement de l'enfant (ÉLDEQ). Cette enquête a été conçue par l'Institut de la statistique du Québec et elle comprend des données issues de 2 223 participants. Nos résultats indiquent que le temps d'écoute de la télévision n'est pas associé de manière statistiquement significative avec le niveau d'inattention des élèves (β=0,024; erreur standard [ES]=0,026), leur motivation intrinsèque à lire (β= -0,016; ES=0,033) et les interactions parent-enfant (β=0,040; ES=0,039). À l'inverse, le temps d'écoute de la télévision est associé négativement et de manière statistiquement significative avec la fréquence des élèves à lire pour le loisir (β= -0,072; ES=0,033). Toutefois, cette relation est de taille trop modeste pour considérer que le temps d'écoute a un effet indirect sur le RS de par son effet sur la fréquence de lecture. Enfin, nos résultats ne diffèrent pas entre les garçons et les filles. Les résultats de cette étude nous amènent donc à conclure à une absence de relation entre le temps d'écoute de la télévision et le RS. Le deuxième article présente une recension systématique et une méta analyse des études longitudinales qui ont estimé la relation entre le temps d'écoute de la télévision et le RS. À partir des bases de données bibliographiques Medline, PsycINFO, ERIC, Education Source, Communication and Mass Media et Web of Science, nous avons recensé 2 415 études dont 27 ont été éligibles pour la recension systématique (57 coefficients de régression). Parmi ces 27 études, 13 d'entre elles répondaient aux critères de sélection de la méta-analyse (27 coefficients de régression et 90 969 participants). Les résultats du modèle à effet aléatoire indiquent que l'association entre le temps d'écoute de la télévision et le RS a une taille d'effet de -0,025, ce qui est négligeable. De plus, l'analyse du biais de publication montre que la taille de cet effet est probablement plus proche de zéro. Les résultats de cette étude nous amènent également à conclure à une absence de relation entre le temps d'écoute de la télévision et le RS. En conclusion, nous discuterons des implications des résultats de ces deux articles pour les hypothèses de substitution et d'inhibition.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/71011 |
Date | 02 February 2024 |
Creators | Supper, Jean-Marc Wilfried |
Contributors | Guay, Frédéric, Talbot, Denis |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xiii, 145 pages), application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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