A la croisée des chemins entre la didactique des langues étrangères et les sciences de l’éducation, cette thèse porte principalement sur la prise de décision située de l’enseignant face à la survenue de l’erreur à l’oral, ainsi que ses enjeux didactiques et psychoaffectifs. Elle vise à démontrer que la correction n’est pas émotionnellement neutre. Corriger ou ne pas corriger, la question s’attachera à la dimension socio-humaine de l’inter-agir maître- élève envisagé sous l’angle de la « face » goffmanienne. Entre désir pédagogique d’enrôler le public à la performance langagière et objectif didactique d’évaluer cette prestation orale, les fonctions d’animateur et d’évaluateur du praticien rivaliseront autour de fluctuations émotionnelles diverses. L’ancrage théorique de l’étude se situant dans les domaines du feedback correctif, de la cognition enseignante, de l’agir professoral et de la théorie des émotions permet d’accorder une place de choix à la particularité de l’action enseignante dans les mécanismes linguistiques de transmission/apprentissage. D’un point de vue méthodologique, une démarche phénoménologique et ethnographique d’enquête-terrain permet le repérage et l’extraction de catégories qui font sens de part et d’autre de la recherche et de la pratique. Une stratégie de verbalisation négociée via un rappel stimulé donne à l’enquêteur l’opportunité de co-construire les sens de l’expérience avec l’acteur convié à commenter ses actions, entre situation et typicalité. Les résultats montrent que deux participants sur cinq confirment la théorie damasienne d’intervention de la variable affective dans le raisonnement, tandis que trois autres rejettent son rôle dans les processus décisionnels. L’étude ouvre une perspective de recherche - en Didactique Des Langues Etrangères - visant à repenser la place des affects dans l’agir et la formation des enseignants, afin de remédier à l’erreur de Descartes à travers d’autres contextes et d’autres populations. / At the cross-roads of foreign language teacher-learner practices and teacher education, the present study seeks to address, from an emic perspective, the role of emotions in contextual decision-making when faced with a learner error. It highlights the human and social dimension of the pedagogical relationship between teachers and learners. The theoretical framework is based upon research into teacher cognition, corrective feedback, teacher practices, and emotions. A careful consideration is given to the importance of teacher actions within classroom interaction and negotiation of meaning. Learner error within the construction of knowledge is highlighted in relation to the notion of face developed by Goffman. A comprehensive-phenomenological approach mainly using transcribed classroom video footage followed by a simulated recall technique allows the researcher to negotiate with 3 practitioners the meaning lying behind their in situ actions. Another dataset - sent to the 3 teachers mentioned above and two secondary ones - is comprised of a questionnaire and a short teacher-written biography underlying their practice histories and teaching philosophies, mostly concerning error treatment. The findings indicate that teachers’ contextual decision-making in relation to corrective feedback can be emotion- free, which fails to support the Damasian theory underpinning an intervention of the affective variable into reasoning processes and decision-making. The study suggests directions for further inquiry into the field of foreign language teaching and learning throughout other contexts and other populations, in order to rectify the Cartesian error.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016USPCA075 |
Date | 30 June 2016 |
Creators | Thiaw, Adji R. D. |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Cicurel, Francine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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