À partir de la pratique musicale liturgique au Québec contemporain, la thèse montre comment la musique est un facteur d'inculturation de la liturgie. D'une approche inductive, cette thèse en théologie pratique est pluridisciplinaire par nécessité de méthode, que ce soit pour la construction des données d'observation, le développement du cadre explicatif ou la référence au patrimoine théologique chrétien, qui représentent les étapes majeures de notre parcours épistémologique. La nature théologique de la thèse est attestée par la réalisation d'un trajet herméneutique qui s'inspire de l'adage classique Lex orandi, lex credendi. En faisant appel à la communication des savoirs et des procédés de connaissance dans un exercice de corrélation avec la Tradition d'interprétation du christianisme, est mis en lumière le jeu propre à la nomination de la foi qui caractérise la théologie herméneutique.
Dans la première partie, la nomination interprétative des acteurs ecclésiaux concernés par la musique liturgique fait l'objet d'une attention spécifique. La description narrative de la situation de la musique liturgique au Québec nous saisit peu à peu des divergences d'opinion entre musiciens et responsables pastoraux sur la convenance stylistique du chant liturgique actuel, notamment en regard de ses effets de connotation populaire. Sous le couvert d'un débat sur la nécessité d'un rehaussement de la qualité musicale, il s'avère que les différends sur le chant liturgique touchent également aux représentations religieuses relatives à l'imaginaire cultuel.
La deuxième partie aborde la nature fonctionnelle de la musique liturgique, notamment quant à son effet sur les conduites attitudinales de l'assemblée. Sur la base d'une étude différenciatrice du style au plan de l'interprétation sémantique des auditeurs, moyennant un laboratoire d'esthétique expérimentale, il est démontré que le passage du chant grégorien au chant liturgique contemporain, bien plus qu'un changement d'écriture musicale, marque le passage, en ce qui a trait à la régulation de l'attitude euchologique dans le culte communautaire, d'une norme de réserve à une norme de familiarité.
Au regard de la Tradition ecclésiale, ce passage peut être valablement interprété comme la marque d'une inculturation de la liturgie, d'abord en raison de l'acculturation de l'expression liturgique à l'assouplissement des conventions sociales, mais surtout en raison de son enracinement dans la spiritualité baptismale de la filiation divine, dans le prolongement de la prière Abba de Jésus. C'est ce que démontre la troisième partie, en critiquant une conception étroite de la Tradition qui présente la norme de réserve comme norme propre et universelle de l'expression musicale liturgique. À l'examen, il apparaît que le seuil universel d'inconvenance de la musique liturgique interdit la connotation ou l'induction d'état altéré de conscience et ses possibles dérives lascives. Du reste, l'admission de la musique dans la liturgie témoigne d'un principe de plaisir inhérent au jeu symbolique de la prière communautaire, gage de la gracieuseté du culte chrétien. La pratique d'inculturation de la liturgie par la musique atteste les possibilités plurielles inhérentes à la Tradition vivante. C'est l'objet de la quatrième partie de dégager les incidences pratiques de cette vision pluraliste de la vie liturgique en Église, notamment dans le contexte des réaménagements pastoraux des paroisses.
Identifer | oai:union.ndltd.org:Quebec/oai:constellation.uqac.ca:820 |
Date | January 2002 |
Creators | Simard, Serge |
Source Sets | Université du Québec à Chicoutimi |
Language | French, French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf, application/zip |
Relation | http://constellation.uqac.ca/820/, doi:10.1522/17597388 |
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