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Les comportements d'insensibilité à l'âge scolaire

Les comportements d’insensibilité (CI) chez l’enfant constituent un facteur déterminant dans le développement ultérieur des conduites antisociales et de la personnalité psychopathique. Les CI sont par ailleurs associés à un risque psychosocial propre. Les profils phénotypique, neurocognitif et étiologique particuliers associés aux CI en fait également un objet d’étude indépendant du trouble des conduites. Pour ces raisons, il est primordial de mieux comprendre le développement des CI au cours de l’enfance. L’examen de la documentation scientifique disponible révèle toutefois un certain nombre de questions non résolues à cet égard. Ainsi, l’objectif général de la thèse était de tirer parti des données d’un échantillon normatif de jumeaux (Étude des Jumeaux Nouveau-nés du Québec; ÉJNQ) et d’un devis longitudinal prospectif afin de documenter les patrons étiologiques et les précurseurs préscolaires des CI à l’âge scolaire. Dans un premier temps, l’étiologie génétique-environnementale du développement des CI entre le début de l’âge scolaire et la fin de l’enfance a été étudiée. Dans le cadre de l’ÉJNQ, les CI étaient rapportés par des enseignants. Ces mesures répétées ont été analysées par l'entremise d'un modèle de courbe de croissance latente et d'une décomposition de Cholesky. Des facteurs génétiques expliquaient les différences individuelles quant au niveau initial d’insensibilité, au début de l’âge scolaire. Des contributions génétiques au début de l’âge scolaire persistaient jusqu’à la fin de l’enfance. Toutefois, de nouvelles contributions génétiques étaient observables au milieu et à la fin de l’enfance. Des facteurs environnementaux ne contribuaient à aucune forme de stabilité des CI. Ces résultats soulignent le caractère dynamique des contributions génétiques et environnementales à l’origine du développement des CI. Dans un deuxième temps, les associations phénotypiques et étiologiques prospectives entre deux patrons de conduites parentales précoces (c.-à-d., hostilité réactive et chaleur-gratification) et les CI à l’âge scolaire ont été évaluées. Les conduites parentales étaient autorapportées. Les conduites chaleureuses/gratifiantes et hostiles réactives étaient toutes les deux associées aux CI. Après le contrôle statistique des niveaux préscolaires de conduites externalisées, seules les conduites chaleureuses/gratifiantes prédisaient les CI. L’association entre l’hostilité réactive et les CI était expliquée par une étiologie génétique commune. Cette association génétique devenait non significative après le contrôle statistique des conduites externalisées préscolaires. Ainsi, il semble que les composantes positives des conduites parentales soient particulièrement susceptibles d’avoir une contribution unique au développement des CI. Dans un troisième temps, le rôle modérateur des conduites parentales chaleureuses/gratifiantes préscolaires sur l’héritabilité (c.-à-d., contributions génétiques) des CI à l’âge scolaire a été évalué. Bien que les CI étaient hautement héritables, leur héritabilité était modérée par la chaleur-gratification parentale; l’héritabilité était plus élevée chez les enfants exposés à de faibles niveaux de chaleur-gratification, et elle était plus faible chez ceux exposés à des niveaux élevés de chaleur-gratification. En d’autres mots, l’exposition à des niveaux élevés de chaleur-gratification pourrait porter entrave à l’expression génétique associée au développement des CI. Les résultats novateurs de la thèse soulignent l’importance potentielle de la période préscolaire comme fenêtre de prévention et d’intervention précoce auprès d’individus présentant des niveaux élevés d’insensibilité. Plusieurs des résultats obtenus portent à croire que les facteurs de risque impliqués dans le développement des CI opèrent avant l’âge scolaire et ont une contribution durable à cet égard. Les facteurs de risque propres à l’enfant semblent avoir une contribution dominante, mais certains facteurs de l’environnement familial ont également une contribution propre, quoique cet apport soit possiblement limité au début de l’enfance. De surcroît, il semble que les contributions génétiques aux CI soient difficilement dissociables de l’environnement auquel l’enfant est exposé au cours de l’âge préscolaire (c.-à-d., interaction GxE). Finalement, il semble que les composantes positives de cet environnement précoce (p. ex., chaleur-gratification parentale) soient plus susceptibles d’être spécifiquement impliquées dans le développement des CI que ses composantes adverses (p. ex., hostilité réactive). Ainsi, les résultats de la thèse permettent une compréhension plus approfondie de la nature et de l’importance du rôle de l’environnement précoce dans l’émergence des CI chez l’enfant. / Callous-unemotional (CU) behaviors in childhood are crucial in the developmental course of severe antisocial behavior and psychopathic personality. These behaviors also involve unique psychosocial risk, regardless of conduct problems levels, and are associated with a distinctive phenotypic, neurocognitive and aetiological profile. For all these reasons, studying the development of CU behaviors as a phenotype independent of conduct problems is warranted. There is, however, several unresolved questions in this regard. Hence, the general objective of the thesis was to take advantage of a normative twin sample (Quebec Newborn Twin Study; QNTS) and a longitudinal-prospective design to examine the aetiology and preschool precursors of school-age CU behaviors. First, the temporal pattern of the genetic and environmental aetiology of CU behaviors across primary school, from school entry to late childhood, was studied. In the QNTS, CU behaviors were reported by teachers. These reports were analyzed using a linear latent growth curve model and a Cholesky decomposition model. Genetic factors explained most of the variance in initial levels of CU behaviors. Genetic factors at school entry had enduring contributions to CU behaviors through late childhood. However, new genetic contributions appeared in middle and late childhood. Environmental factors were important at each age, but did not contribute to stability in CU behaviors. These results point to the dynamic nature of genetic expression and environmental contributions involved in the development of CU behaviors. Second, the phenotypic and genetic-environmental associations between parenting in preschool (warm/rewarding and hostile reactive) and CU behaviors at school age, over and above child preschool externalizing problems, were tested. Early parenting and externalizing problems were reported by the mother. Both hostile-reactive and warm/rewarding parenting were correlated with CU behaviors. After controlling for early externalizing problems, only warm/rewarding parenting predicted CU behaviors. The association between hostile-reactive parenting and CU behaviors was mostly explained by shared genetic aetiology. This genetic association was non-significant when externalizing problems were included as a control variable. These results suggest that positive, but not negative, aspects of early parenting contribute to CU behaviors through an environmental pathway. Third, the moderating role of early warm/rewarding parenting on the heritability of school-age CU behaviors was assessed. CU behaviors were highly heritable, the rest of their variance being accounted for by non-shared environmental factors. Warm/rewarding parenting significantly moderated the heritability of CU behaviors. Heritability was higher when children were exposed to low levels of warm/rewarding parenting, and lower when children received high warm/rewarding parenting. Exposure to high levels of warm/rewarding parenting may partly impede genetic expression associated with CU behaviors. Results from the thesis underline the preschool period as a window of opportunity for the prevention and treatment of CU behaviors. Indeed, several results indicate that child and environmental risk factors involved in the development of CU behaviors have not only early, but also enduring contributions. Child risk factors (e.g., genetic load) appear prominent in explaining individual differences in CU behaviors, but several environments – especially those within the family – also have unique contributions; these environments seem particularly important in early childhood. Over and above independent contributions from the child and the family, it appears that these two classes of factors reciprocally influence each other through complex gene-environment transactions. For instance, low levels of warm/rewarding parenting seemingly provide a favorable context for the expression of genetic risk for CU behaviors. Finally, results show that positive aspects of parental practices (e.g., warm/rewarding parenting) are more likely to have unique contributions to CU behaviors than their negative components (e.g., hostile reactive parenting). Therefore, the results from the thesis allow a more accurate and detailed understanding of the role of early environment in the development of CU behaviors.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28158
Date24 April 2018
CreatorsHenry, Jeffrey
ContributorsBoivin, Michel, Dionne, Ginette
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne ( pages), application/pdf
CoverageQuébec (Province)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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