Notre travail vise à montrer que l'on trouve dans l'œuvre de Paul Tillich deux sortes de courage: un courage dynamique ou ontologique, appartenant à l'ordre de la création, et un courage paradoxal ou théologique, appartenant à l'ordre du salut. Ces deux types de courage traversent son œuvre de la Dogmatique de 1925 au Courage d'être de 1952. Notons que s'il est important de les distinguer, il serait par contre faux de les opposer puisque cela équivaudrait à opposer la création première à la création nouvelle. Dans la Dogmatique (1925), le courage de la création première se présente comme une détermination ontologique qui permet à l'être créé de ne pas s'enliser dans la mélancolie. Il est l'expérience d'être porté et soutenu par le fondement créateur de l'être. Le courage de la création nouvelle, par contre, est expérimenté tout à la fois comme régénération, c'est-à-dire comme réception d'un être nouveau, grâce à la participation à celui qui porte et entre dans l'histoire: Jésus le Christ; et comme justification, c'est-à-dire comme irruption, dans la vie personnelle, d'une justice qui est grâce. Dans la Théologie systématique (1951-1963) et dans Le courage d'être (1952), ces deux formes de courage sont exprimées en termes de réponse à la condition finie et aliénée de l'être humain. C'est dire que l'expression« courage d'être» désigne tout à la fois le courage qui assume la finitude et celui qui surmonte l'aliénation existentielle. D'une part, le courage d'être est affirmation dynamique de soi et il permet d'assumer les différentes formes d'angoisse inhérentes à la condition de finitude; d'autre part, il est acceptation paradoxale de soi et permet à l'être aliéné, en contradiction avec lui-même, de s'accepter en dépit du fait qu'il se sente inacceptable. En dernière analyse, Le courage d'être se présente comme une reformulation, pour notre époque, du principe paulino-luthérien de la justification qui, sous la figure d'une foi absolue, dépouillée de tout support symbolique, permet à l'être en proie à l'angoisse du doute et de l'absurde de s'accepter parce qu' accepté par une puissance d'acceptation plus grande que celle de son propre refus.
| Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/48636 |
| Date | 23 February 2022 |
| Creators | Le May, Jean-Pierre |
| Contributors | Richard, Jean |
| Source Sets | Université Laval |
| Language | French |
| Detected Language | French |
| Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
| Format | x, 325 pages, application/pdf |
| Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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