Contrairement à la lamentation rituelle, les lamentations tragiques sont réalisées dans un large éventail de situations. En effet, elles peuvent avoir lieu avant l’événement déploré, porter sur d’autres malheurs qu’un décès, ou encore lamenter le sort de la personne même qui mène la lamentation. Cette variété de contextes est vraisemblablement à l’origine de la grande diversité de formes et de contenus des lamentations que l’on trouve dans le corpus tragique.
De quelle façon les tragédiens modifient-ils la forme traditionnelle de la lamentation ? Ces modifications dépendent-elles d’éléments contextuels particuliers ? Pour répondre à ces questions, j’examinerai trois passages : Cassandre dans l’Agamemnon d’Eschyle, Créon dans l’Antigone de Sophocle et Polymestor dans l’Hécube d’Euripide. Ces trois lamentations ont lieu dans des contextes très différents, notamment en ce qui concerne l’identité du lamentant (genre, âge, statut social, ethnicité) et la relation que celui-ci entretient avec le Chœur. De surcroît, elles ont été composées par des auteurs et à des dates différentes, ce qui permettra de prendre en compte l’évolution de la forme au cours du Vème siècle avant J.-C.
L’analyse suggère que la forme de la lamentation du personnage s’adapte surtout à son ethnicité et à son genre, tandis que la participation du Chœur dépend directement de sa relation avec le lamentant. Parfois, la stylistique est également influencée par le style propre à l’auteur ou par la date de composition de la pièce. Quant au contenu, les thèmes abordés sont principalement déterminés par la position et la fonction du passage dans la tragédie. Puisque les fonctions d’une lamentation tragique sont différentes de celles d’une lamentation rituelle, le modèle de la lamentation funèbre est insuffisant pour guider à lui seul l’analyse du contenu d’une lamentation tragique. / Unlike ritual laments, tragic laments take place in a wide range of situations. Some are made over troubles other than an actual death, over events that have not happened yet, or over the mourner himself. This seems to be why we find such a huge diversity of both forms and contents of laments within the tragic corpus.
How do the tragic poets modify the traditional form of the lament? Do these changes depend on specific contextual elements? In order to answer these questions, I will examine three laments: Cassandra’s in Aeschylus’ Agamemnon, Creon’s in Sophocles’ Antigone and Polymestor’s in Euripides’ Hecuba. These three passages show major contextual
discrepancies, especially when it comes to the identity of the mourner (gender, age, social status, ethnicity) and their relationship to the Chorus. Moreover, they were composed by different authors at different times, which accounts for the evolution of the literary form during the 5th century B.C.
These contextual differences allow us to identify specific ties between the context and the lament itself. The form of the actor’s part depends mostly on the mourner’s ethnicity and gender, while the Chorus’ part suits its relationship with the mourner. The stylistics of the lament may also result from the author’s personal preferences or from the date of composition.
As for the content, it is heavily determined by the position and the function of the passage within the play. As the functions of a tragic lament differ from those of a ritual lament, the model given by ritual lament cannot serve as the only basis for the analysis of a tragic lament’s content.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/23605 |
Date | 06 1900 |
Creators | Lahuec, Tiphaine |
Contributors | Bouchard, Elsa |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou mémoire / Thesis or Dissertation |
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