L’ordinateur est de plus en plus utilisé afin d’accomplir les tâches reliées
au travail, et cela est d’autant plus vrai chez les femmes de 25 à 54 ans. Avec
ce nouvel outil de travail viennent de nouvelles blessures musculosquelettiques
dites occupationnelles, et les douleurs à la région cervico-scapulaire semblent
tenir à elles seules une place prépondérante. Comme beaucoup de travailleurs
canadiens remplissent une partie considérable de leurs fonctions à l’aide d’un
ordinateur, il est dès lors essentiel de mieux comprendre ces blessures et de
trouver des façons d’y remédier. Plusieurs théories ou modèles ont tenté d’expliquer les douleurs
associées à ces blessures occupationnelles, de même que plusieurs formes
d’interventions préventives ou thérapeutiques ont été évaluées. L’une de ces
théories, nommée l’hypothèse des fibres Cendrillon, stipule que la durée de la
sollicitation des fibres musculaires lentes serait tributaire des dommages qui
leur sont infligés, plutôt que le niveau de force que le muscle aurait à déployer.
Comme le travail à l’ordinateur implique une faible contraction musculaire de
longue durée, l’hypothèse des fibres Cendrillon représente une base crédible
pour tenter de trouver des interventions efficaces qui limiteront les douleurs
cervico-scapulaires dans ce contexte. Pour pallier à ce problème, une
intervention qui semble être prometteuse est l’introduction de pauses actives
dans la séance de travail. Ces pauses auraient pour effet d’augmenter la
variabilité de l’activation des fibres Cendrillon afin d’éviter leur surutilisation. À
ce jour, les recherches ayant porté sur ce sujet suivaient une méthodologie
peu réaliste pour appliquer l’intervention en milieu réel. De plus, les tâches de
travail à l’ordinateur n’étaient que de très courte durée, ce qui est peu
représentatif d’une vraie journée de travail. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact des pauses actives dans un contexte se rapprochant davantage de la réalité. Nous avons comparé une
séance de travail à l’ordinateur sans pause avec une séance comprenant des
pauses actives, et ce au niveau de la variabilité d’activation musculaire et du
"4 degrés de douleur ressentie par les sujets. Nos hypothèses étaient: 1) la tâche
avec des pauses actives comprenant un mouvement dynamique d’abduction
des bras créera d’avantage de variabilité au sein du trapèze comparé à une
séance de travail sans pause, 2) l’inconfort sera inférieur lors de la tâche
comprenant les pauses actives comparées à la tâche sans pause. Nos sujets étaient 15 femmes droitières âgées de 20 à 35 ans. L’activité myographique des trapèzes droit et gauche était mesurée dans les divisions
supérieures, transverses et inférieures. Les données ont été recueillies à l’aide
d’un système d’EMG de surface Bagnoli-16 (Delsys Inc., Wellesley, MA, USA).
Le niveau de douleur ressenti par les sujets était également mesuré à l’aide
d’une échelle visuelle analogue. La tâche consistait à corriger un texte à l’aide
de la souris tenue dans la main droite pendant une période de 90 minutes. Une
séance avait lieu en continu, alors que l’autre séance incluait des pauses
actives aux 15 minutes, consistant en une abduction dynamique des bras avec
des poids de 1 kg dans chaque main. Aucune différence significative n’a été retrouvée au niveau de la douleur
entre les deux types de séance. La division transverse du trapèze gauche (côté
non utilisé) fut la seule à voir sa variabilité augmenter, et ce avec des classes
de durées plus courtes (p < 0,05). Les pauses actives n’ont pas réussi à créer un changement dans la
variabilité du trapèze supérieur, cette division étant normalement la principale
visée par les douleurs. Dans le même sens, elles n’ont pas réussi à diminuer
l’inconfort des sujets. Cependant, il y avait si peu de douleur chez les sujets
qu’une différence significative à ce niveau était difficile à obtenir. Cette étude ne supporte pas pour l’instant le bénéfice que pourrait avoir l’implantation de pauses actives dynamique de faible intensité chez les
travailleurs à l’ordinateur. Les résultats de notre étude ne supportent que
partiellement notre hypothèse et ne vont que partiellement dans la même
direction que la littérature. Le protocole utilisé n’a pas réussi à susciter une douleur considérable chez les sujets. Avec un protocole suscitant davantage de douleur, il est de mise de considérer que cette même intervention pourrait peut-être avoir un impact sur la variabilité du trapèze et le niveau de douleur. De la
même manière, un protocole créant un certain stress chez les sujets pourrait modifier l’impact de l’intervention. D’autres études sont recommandées à cet effet.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/130 |
Date | January 2014 |
Creators | Georges, Dominique |
Contributors | Delisle, Alain |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Mémoire |
Rights | © Dominique Georges |
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