Dans l’œuvre de l’auteur moderniste Bryher, l'identité est une quête dont l’aboutissement se situe hors cadre et hors-champ. Depuis la fêlure d’un soi en décalage par rapport à l’ordre géographique et social dominant, jusqu’à l’ouverture d’un espace autre, propice à la vie et à l’expression, l’image de l’interstice caractérise l’espace dans le texte et l’espace du texte. Fragmentaires et elliptiques, les récits se concentrent, dans l’intervalle entre la crise latente et l’urgence du non-retour, sur les parcours excentriques de personnages s’éloignant d’un centre normatif.À la fois récit de voyage, Künstlerroman et poésie en prose, la fiction autobiographique de Bryher permet au double fictif de l’auteur d’encoder des références saphiques dans les descriptions de paysages pour survivre à un univers domestique édouardien oppressant. Ses fictions historiques sont des témoignages imaginaires redonnant voix aux exilés, aux parias et aux vaincus, que les mutations territoriales et les changements de paradigme dus à des bouleversements cataclysmiques ou insidieux conduisent à émigrer pour ne pas s’aliéner à eux-mêmes, voire, pour certains, à embrasser la mort par idéalisme ou par imprudence. Dans les mémoires de l’auteur comme dans sa production fictionnelle, la quête d’une identité propre passe par de multiples positionnements. Ils sont d’ordres discursifs et dialogiques (au sein de l’espace relationnel et du biographique), mais aussi géographiques et cognitifs (puisque les configurations mentales peuvent être cartographiées en une topologie du soi), et enfin sociaux et culturels (avec pour enjeu l’ouverture d’une troisième voie alliant pratique et poétique de l’espace). / In her work, the modernist author Bryher construes identity as a quest ending beyond the frame of the narrative and beyond regulations. The simile of the interstice epitomises both narrative spaces and space in the texts, ranging from the figure of a split self at odds with the dominant geographical and social order, to the opening of an alternative space of freedom where life and expression become possible. The fragmentary and elliptical narratives recount the excentric trajectories of characters withdrawing from coercitive centres in times of transition from looming threats to catastrophic points of no return. A piece of travel writing, of poetic prose and a Künstlerroman at the same time, Bryher’s autobiographical fiction shows her fictive persona encoding sapphic meanings in landscape descriptions so as to emancipate herself from, and outlive, an oppressive Edwardian domestic life. Historical fictions voice the testimonies of the exiles, the outcast and the conquered, who emigrate to preserve their individual integrity, or happen to die for their beliefs or through mere carelessness. They experience crisis situations in times of cataclysmic or insiduous change, which provoke territorial mutations and paradigmatic shifts. In the writer’s memoirs as in her fiction, the quest for a proper identity is operated through several acts of positioning, on linguistic and narrative levels (within dialogical spaces and biography), on geographical and cognitive ones (since mental configurations can be mapped in topologies of the self), and eventually on social and cultural ones (with the opening of a third way, between a practice of the space and a poetics of the space).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA040051 |
Date | 17 September 2013 |
Creators | Guiheneuf, Lucie |
Contributors | Paris 4, Regard, Frédéric |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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