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La zone des brèches de Tarentaise entre Bourg-Saint-Maurice (vallée de l'Isère) et la frontière italo-suisse

La région étudiée s'étend de la vallée de l'Isère (Tarentaise) au niveau de Bourg-Saint-Maurice, en France, jusqu'à la frontière italo-suisse, entre la couverture sédimentaire oriental.e des massifs cristallins externes et le front briançonnais. Elle correspond pour l'essentiel à la zone des Brèches de Tarentaise définie par R. BARBIER au Sud de l'Isère. 1. - APERCU STRATIGRAPHIQUE ET PALEOGEOGRAPHIQUE La zone des Brèches de Tarentaise est un domaine paléogéographique intermédiaire entre la zone delphinohelvétique (autochtone ou parautochtone) et la zone subbriançonnaise (s. str.). Dans la conception classique, elle est caractérisée sur le plan stratigraphique par deux ensembles lithologiques distincts, qui correspondent à deux phases bien différentes dans l'évolution du bassin sédimentaire. Le substratum regroupe tous les termes depuis le socle cristallin jusqu'au Lias. Il présente des faciès généralement peu profonds, ainsi que de nombreuses lacunes. La série détritique ou "Flysch" de Tarentaise est beaucoup plus épaisse. Certains de ses termes seulement présentent le faciès flysch. Son apparition est la conséquence des premières manifestations de l'orogénie alpine. 1. - Le substratum La région étudiée se prête mal à un examen approfondi des terrains le constituant (dispersion des affleurements). Des précisions sont cependant apportées en ce qui concerne le Permien représenté surtout par des faciès proches du verrucano briançonnais au lieu des schistes violets (schistes de la Bagnaz) considérés jusque là comme caractéristiques de la zone. Les "gneiss" de la Pointe Rousse (vallon du Breuil, Italie) sont attribués à un volcanisme acide finihercynien (âge permo-triasique). La stratigraphie du Trias a pu être précisée par comparaison avec les séries briançonnaises de la Vanoise. A noter la présence de brèches du Trias supérieur. Aucune donnée nouvelle importante n'a pu être établie à propos du Lias en ce qui concerne la stratigraphie. Aucun indice d'une existence ancienne du Dogger et du Malm n'a été découvert (lacune probable mais non prouvée avec certitude). 2.- L'ensemble antéflysch : Le schéma stratigraphique classique de la zone des Brèches de Tarentaise, rappelé ci-dessus, doit être quelque peu modifié. Un nouveau terme vient en effet s'intercaler entre substratum et série détritique: l'ensemble antéflysch. Cette nouvelle formation est représentée surtout par des calcschistes, schistes noirs, et niveaux micro-bréchiques ; elle voit apparaître d'abondantes émissions sous -marines (série du Versoyen) dans le secteur oriental. La démonstration de la liaison stratigraphique primaire de la série du Versoyen avec la série détritique (ou "Flysch de Tarentaise"), dont elle constitue le soubassement, est un point important du présent travail. L'âge de l'ensemble antéflysch n'est pas connu avec grande précision; il correspond sans doute au Crétacé inférieur et moyen. 3.- La série détritique de Tarentaise Les trois subdivisions lithologiques établies dès 1929 par H. SC HOELLER , ont été maintenues, De haut en bas on rencontre: Le flysch (couches de Saint-Christophe) Les schistes noirs à quartzites verts (couches des Marmontains) La formation basale, L'étude sédimentologique de ces trois ensembles a permis de reconstituer de façon approximative l 'histoire du bassin. a) La formation basale est caractérisée par une variation progressive du faciès depuis des conglomérats polygéniques au Sud Ouest, vers des calcaires microbréchoides et calcaires plaquettés au Nord Est. Dans le secteur étudié la zone d'alimentation principale se trouve au Sud Ouest (cordillère de Hautecour). Le type de dépôt (probablement en eau peu profonde) s'apparente par ses caractères sédimentologiques, à une molasse. b) Les schistes noirs à quartzites verts Formation très caractéristique en général peu puissante. Sur le plan sédimentologique ses caractères sont variables intermédiaires entre flysch et molasse. Les zones d'alimentation principales paraissent situées cette fois vers le Nord Est. c) Le flysch D'épaisseur moindre qu'il était admis jusque là (6 à 700 m) il s'agit surtout d'un flysch calcaire. En certains points du bassin et à la partie supérieure actuellement observable on note un accroissement considérable de l'épaisseur des strates (tendance vers un faciès molassique ?). d) Age de la série détritique De rares découvertes de microfaunes dans l'ensemble antéflysch et dans la formation basale, indiquent un âge crétacé supérieur (Maestrichtien probablement) pour la plus grande partie de la série détritique. Il n'existe pour l'instant aucun indice que le Tertiaire puisse y être représenté. II. - ETUDE STRUCTURALE L'étude structurale porte sur trois points principaux. Elle a fourni tout d'abord les arguments géométriques prouvant que la série du Versoyen était liée à la série détritique de Tarentaise dont elle représente le soubassement. Elle a permi ensuite de préciser la position paléogéographique de l'unité du Petit Saint-Bernard. Celle-ci étant pincée entre les unités du Roignais-Versoyen et de Salins appartient bien au domaine paléogéographique des Brèches de Tarentaise (et non au domaine piémontais comme cela était encore admis par certains auteurs). Elle a enfin permis de reconsidérer la question de mise en place des "nappes"(par l'étude de la géométrie interne des diverses unités). Il est apparu nécessaire de restreindre l'extension de l'unité de Moûtiers au Nord de l'Isère par la définition de l'unité nouvelle du Roignais-Versoyen sur des critères tout à la fois stratigraphiques et structuraux. Finalement la succession paléogéographique des diverses unités constituant le domaine des Brèches de Tarentaise parait être la suivante de l'extérieur vers l'intérieur de la chaîne : Unité de Moûtiers; Unité du Roignais-Versoyen ; Unité du Petit Saint-Bernard (Unité. de la Pierre Avoi) ; Unité de Salins et Unité des Cols. L'Unité de Ferret est pour l'instant rattachée à une zone de transition entre l'ultrahelvétique et la zone des Brèches de Tarentaise. Ses rapports avec cette dernière ne peuvent être précisés. Plusieurs phases de déformation ont pu être mises en évidence: une première phase de compression très progressive a abouti au plissement puis au clivage des principales unités (le métamorphisme est contemporain de cet épisode). Le paroxysme a probablement correspondu à l'expulsion des Préalpes. Une phase de serrage tardive de direction est-ouest se fait inégalement sentir sur le domaine étudié. Enfin il apparaft, sans toutefois de preuves décisives, qu'un coulissage dans le sens des structures s'est opéré postérieurement au paroxysme. La chronologie de ces divers mouvements ne peut être établie directement par manque de datation précise des terrains. III. - CONCLUSIONS D'ORDRE PALEOGEOGRAPHIQUE L'analyse stratigraphique, sédimentologique, et structurale du domaine étudié, conduit aux conclusions suivantes: - Le domaine paléogéographique de la zone des Brèches de Tarentaise présente, sur la transversale étudiée, une extension qui peut être estimée à la moitié de celle de la zone briançonnaise. Il n'en est séparé que par le "sillon" des unités subbriançonnaises (s. str.) lequel va en s'amincissant vers l'Est Nord Est. - L'évolution géodynamique de la zone des Brèches de Tarentaise du Trias au Crétacé inférieur exclu, est très voisine de celle de la palte-forme briançonnaise (tendance positive persistante). Par raison de similitude le terme de plateforme pennique externe est proposé pour définir la zone en question pendant la période de temps considérée. - L'évolution de la zone des Brèches de Tarentaise devient spécifique à partir du Crétacé. En effet après la période d'émersion du Dogger Malm un renversement de subsidence très net s'opère. D'abord modéré (dépôt de l'ensemble antéflysch dans des conditions proches encore d'une plate-forme. La subsidence est toutefois plus active d'Ouest en Est; volcanisme du Versoyen), celle-ci prend peu à peu de l'importance et voi t le dépôt de l'épaisse série détritique terminale d'âge crétacé supérieur et un mode de dépôt particulier. L'étude sédimentologique de cette dernière a montré que la subsidence d'abord très inégale selon les points du bassin (existence de rides et de cordillères lors du dépôt de la formation basale) allaient en s'égalisant avec le temps. De fait le flysch avec lequel s'achève la série lithologique actuellement observable devient très homogène sur une vaste région. L'évolution du domaine au Tertiaire est inconnue. Ainsi la conception même d'un géosynclinal valaisan doit-elle être très limitée dans le temps au seul Crétacé.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00723199
Date06 June 1971
CreatorsAntoine, Pierre
PublisherUniversité de Grenoble
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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