Cette thèse traite de la manière dont les Tandroy, population originaire de l’extrême Sud de Madagascar, produisent leurs identités collectives en situation de migration urbaine dans la ville de Toliara. Les Tandroy, qui vivent depuis près d’un siècle en situation de circulation à travers l’île, sont le plus souvent assignés à un statut de migrants précaires, pour lesquels la ville demeure un espace étranger. Je montre, à travers une ethnographie de situations rituelles, comment cet état de la migration peut être considéré comme un espace de transition, dans lequel se joue le passage d’un état de mobilité à un état d’ancrage. Je montre également comment ce passage implique la remise en cause d’une identité collective construite avec la colonisation, et cristallisée au début des années 1970, époque où sévit une révolte paysanne menée par Monja Jaona, leader politique tandroy d’envergure nationale. Mes enquêtes se situent dans deux domaines, celui de la politique, et celui de la possession. Dans les deux cas, l’ancrage en ville s’exprime de manière paradoxale à partir du maniement de symboles ancestraux, pourtant fragilisés par le phénomène migratoire et jugés inadaptés à l’espace urbain : le poteau sacrificiel hazomanga, et l’esprit de possession kokolampo. Je m’intéresse à la manière dont ces éléments participent à l’élaboration de constructions symboliques confrontant des catégories identitaires articulées à l’expression d’une mémoire collective, et porte une attention particulière à la musique produite dans les situations ethnographiées, laquelle peut amener à une forme alternative de relation à l’identité collective, favorisant l’expérience de l’ancrage. / This thesis deals with the way the Tandroy people native of the South of Madagascar, produce their collective identities in situation of urban migration in the city of Toliara. The Tandroy have lived for almost a century in situation of migration through the island. They are assigned most of the time to a status of precarious migrants, for whom cities remain a foreign space. I show, through an ethnography of ritual situations, how this state of the migration can be considered as a space of transition, in which a state of mobility to a state of sedentarization takes place. I also show how this passage implies the question of the building of a collective identity with the colonization, and enhanced at the beginning of the 1970s, when arises a peasant revolt led by the tandroy political leader Monja Jaona. My inquiries focus on two domains : politics and spirit possession. In both cases, urban sedentarization is expressed in a paradoxical way from the manipulation of ancestral symbols, nevertheless weakened by migrations and considered unsuitable for the urban space : hazomanga-stake, and spirit possession kokolampo. I am interested in the way these elements participate in the elaboration of symbolic constructions confronting categories articulated in the expression of a collective memory and I thoroughly observe the music produced, which can bring to an alternative relationship to the collective identity, favoring the experiment of the sedentarization.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA100074 |
Date | 10 October 2016 |
Creators | Rossé, Elisabeth |
Contributors | Paris 10, Blanchy, Sophie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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