À l’instant précis où l’Occident bascule du XIXe siècle au XXe siècle, Jules Adeline, architecte-illustrateur rouennais expérimente une nouvelle histoire de la ville de Rouen au travers de vingt perspectives aériennes de sa ville. Ces images à la fois maîtrisées et sensibles projettent Rouen dans un présent imaginé : Rouen tel qu’il aurait pu être. Pour aboutir à ses fins, il utilise une sorte de projection temporelle, l’uchronie (le « hors temps », du grec chronos : temps, précédé de la négation « ou »), et devient l’un des pionniers d’un genre nouveau, juxtaposant de possibles présents pour la cité de Rouen à la réalité. L’uchronie est alors en Europe une forme naissante de science-fiction mêlant l’histoire et l’utopie, dont le père est Charles Renouvier, philosophe et promoteur, sinon du genre, du moins de l’appellation. Bien loin des propositions d'Albert Robida, ou de Jules Verne, il analyse et suggère, sous une forme ludique, des aménagements alternatifs qui transforment des sites précis de sa ville dont il ne doit guère apprécier la réalité concrète. Il pressent la nécessaire conservation du patrimoine à des fins utiles de composition de l’espace urbain, mais avant tout comme support à l’indispensable développement de la ville. Il définit alors un pittoresque urbain dont l’objectif premier n’est pas de sauvegarder la moindre pierre, mais de préserver le parcours, la découverte et la surprise dans la pratique de la ville.Un siècle après le décès d’Adeline, il était important et urgent d’étudier les collections toujours accessibles, soit dans le domaine public soit en mains privées. Enfin, il paraissait nécessaire d’étudier comment Adeline est arrivé progressivement à la rédaction de son propre catalogue commenté : Le Logis et l’Oeuvre, sans lequel il serait vain d’essayer de démêler les multiples facettes de sa production. Si Adeline nous livre quelques bribes de sa vie dans Le Logis et l’Oeuvre, une compréhension plus chronologique de sa formation, de ses travaux et de ses influences, en particulier littéraire, avec Victor Hugo, Gustave Flaubert ou Champfleury, était nécessaire, afin de saisir l’évolution de cet architecte, illustrateur, aquafortiste, historien, japonisant, écrivain et vulgarisateur. La réalisation, quasiment finale dans l’oeuvre d’Adeline, du Rouen tel qu’il aurait pu être, est le résultat d’une sédimentation progressive d’études, de publications, de voyages, de passions, qu’il a intégrés totalement dans son uchronie rouennaise, mais aussi dans ses deux dernières séries utopiques : Rouen en fête et Paris, visions d’avenir lointain. / At the precise moment where the Occident rocks changed from the 19th century to the 20th century, Jules Adeline, Rouen architect-illustrator experimented with a new history of the town of Rouen through twenty ariel images of the city. These at the time controlled and significant images projected Rouen in one complete image: Rouen as it could have been. To reach this goal, he used a kind of temporal projection, the uchronie (“except time” of the Greek stopwatches: time, preceded by the negation “or”) and became one of the pioneers of a new system, imagining possibilities of bringing the city of Rouen to reality. The uchronie was then in Europe a form created from science fiction, mixing history and Utopia, by Charles Renouvier, philosopher and promoter, if not of the system, at least its appellation. Unlike the proposals of Albert Robida or Jules Verne, it analyzes and suggests, in a ludic form, alternative installations which transform precise sites of the city which hardly appreciates concrete reality. It has a presentiment of the important conservation of the heritage to useful ends of composition of urban space, but before just like support with essential urban development. It defines picturesque urban then whose main objective is not to save a single stone, but to preserve the way, the discovery and the surprise in practice of the city. One century after the death of Adeline, it was important and urgent to study the accessible collections, either in the public domain or in private hands. Lastly, it appeared necessary to study how Adeline arrived gradually at the drafting of her own catalogue with accompanying notes: Le Logis et l’OEuvre (The Home and the Work), without which it would be impossible to try to disentangle the multiple facets of its production. If Adeline reveals to us some parts of his life in Le Logis et l’Oeuvre, a more chronological comprehension of his training, work and influences, in particular artists, with Victor Hugo, Gustave Flaubert or Champfleury, was necessary in order to seize the evolution of this architect, illustrator, aquafortist, historian, inspired by Japanese art, writer and popularizer. The realization, almost final in the work of Adeline, Rouen such as it could have been, is the result of a progressive sedimentation of studies, publications, travel, passions, that it integrated completely in Rouen’s alternative history, but also in its last two utopian series: Rouen in Festival and Paris, Visions of Remote Future.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017NORMR150 |
Date | 20 October 2017 |
Creators | Rioland, Stéphane |
Contributors | Normandie, Marec, Yannick |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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