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Regard(s) de collectionneurs : la collection Pierre et Annie Cantin, trajectoires recomposées et dynamiques affectives

La constitution d'une collection privée résulte d'un engagement à long terme et relève de choix personnels qui reposent sur des critères que se fixent les collectionneurs eux-mêmes. Pour Pierre et Annie Cantin, qui amorcent dans les années 1960 une collection qui comprendra, à terme, plus de 5 000 objets, ce projet s'articule autour d'une volonté de sauvegarder le patrimoine pour les générations futures. L'origine du projet est étroitement liée à l'acquisition et à la restauration du manoir de Charleville, à Boischatel, où le couple habite, entouré de ses objets, et projette d'ouvrir un musée d'arts et tradition, qui ne verra finalement jamais le jour. En 2007, Pierre et Annie Cantin offrent la majeure partie de leur collection au Musée de la civilisation, à Québec, peu de temps avant le décès du collectionneur. L'institution conserve aujourd’hui quelque 1 800 objets de cette collection privée, en faisant dorénavant un bien collectif. Afin de mieux comprendre les dynamiques à l'œuvre dans la démarche de collectionnement de Pierre et d'Annie Cantin, cette thèse explore le processus d'attribution de valeurs qui a orienté la constitution de l'ensemble et interroge l'influence de l'affectivité à toutes les étapes de la démarche. Pour ce faire, nous proposons d'interroger la collection comme un lieu de dialogue entre une rationalité savante dont le couple se réclame et la part d'affectivité dont les objets se trouvent investis. En nous inspirant d'une démarche que Véronique Dassié (2010) qualifie d'« ethnologie de l'intime », nous proposons un regard ethnologique sur la pratique de collectionnement qui s'appuie en grande partie sur le témoignage de la collectionneuse qui en est à l'origine, mais également sur l'analyse matérielle des objets offerts au Musée de la civilisation. De cette démarche ont émergé un ensemble de récits qui forment le cœur de l'analyse. À l'intersection des objets et du discours à leur propos se profile le regard singulier que pose la collectionneuse sur son ensemble. Son témoignage offre une rare occasion d'explorer la nature de la relation qui unit les collectionneurs à leurs objets. Il rend compte du regard rétrospectif qu'elle pose sur sa démarche et révèle les différentes valeurs dont les objets sont investis au fil de leurs parcours biographiques. Émergent dès lors les histoires que la collection permet de raconter, certaines témoignant d'un passé collectif, d'autres ancrées plutôt dans des souvenirs personnels que la vue des objets évoque et qui dévoilent des fragments de la vie quotidienne, voire intime, de Pierre et d'Annie Cantin. / Private collections are the result of collectors' long-term commitment, and their development is guided by personal choices and criteria decided upon by collectors themselves. Pierre and Annie Cantin, who began collecting in the 1960s and whose collection would eventually include upwards of 5,000 artifacts, saw collecting as a means to safeguard Quebec's cultural heritage for future generations. The acquisition and restauration, by the collectors, of the manoir de Charleville in Boischatel, where the couple lived surrounded by their objects, played a major role in instigating the couple's collecting practice. Their dream of one day opening a museum of popular arts and traditions in this residence, however, never materialized. In 2007, shortly before Pierre Cantin's death, the couple thus donated the major part of their collection to the Musée de la civilisation, in Quebec City. The institution has since acquired some 1,800 objects from this private collection, now considered part of a collective heritage. In an attempt to better understand the dynamics at work in Pierre and Annie Cantin's collecting practice, this dissertation explores the valuation process at the heart of collecting and the influence of affectivity in each step of the development of the collection. This leads us to regard the collection as a place of dialogue between a knowledge-based rationality to which the collectors pretend and an element affectivity the objects are invested with. Inspired by an approach Véronique Dassié (2010) describes as an “ethnology of the intimate”, this research offers an ethnological perspective on collecting as practice. It mainly hinges on the collector's own recollections through a series of interviews, but also on a material analysis of the artifacts the couple offered to the Musée de la civilisation. From there emerged a collection of narratives that form the heart of this analysis. Annie Cantin's unique perspective on her collection appears where the objects and her discourse intersect. Her testimony affords a rare occasion to explore the nature of the relationship that develops between collectors and their objects through the retrospective gaze it offers on her collecting practice and reveals the meanings and values objects are infused with throughout their life trajectories. Through the collector's discourse, the stories that the object support appear, some referring to a collective past, other rooted in personal memories sparked by the presence of artifacts. These stories unveil fragments of Pierre and Annie Cantin's daily and, at times, intimate life.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/69593
Date27 January 2024
CreatorsBouchard, Valérie
ContributorsMathieu, Jocelyne
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xv, 387 pages), application/pdf
CoverageQuébec (Province)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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