Cette recherche vise à mieux comprendre le vécu social, ou la triple stigmatisation (femmes, handicap, VIH-sida) de femmes ayant des limitations fonctionnelles et porteuses du VIH/sida à Dakar, au Sénégal. Nous regardons d'abord le contexte général d'élaboration des politiques sociales au Sénégal, puis nous posons la problématique de la représentation sociale négative du handicap et du VIH/sida dans la société sénégalaise. Par après, nous définissons notre cadre théorique. À partir des outils d'analyse développés dans le modèle du Processus de production du handicap (PPH) de Fougeyrollas et ses collaborateurs et le modèle écologique de Bronfenbrenner et du concept de stigmate de Goffman, ce cadre s'appuie sur une posture anticoloniale, féministe et intersectionniste. La honte, les stratégies de non-dévoilement et différentes modalités de stigmatisation constituent des limites, des obstacles importants, voire incontournables, dans le libre choix de leur projet de vie et dans leur participation et leur inclusion sociales. Dans un chapitre méthodologique subséquent, nous décrivons comment nous avons procédé pour choisir les participants, définir les modalités d'entrevues et produire nos schémas d'entrevues et nos modèles d'analyse. Le chapitre cinq présente l'analyse des données de terrain en s'appuyant sur les notions de facilitateurs et d'obstacles tirées du modèle du Processus de production du handicap, et ce, par rapport aux conditions de vie tant matérielles que symboliques du vécu des femmes. Nous analysons les situations, soit de handicap, soit de participation sociale, rencontrées par ces femmes dans les diverses situations de leur quotidienneté et examinons comment ces situations se répercutent sur elles, notamment sur le développement de leurs capacités. Tout d'abord, nous observons comment ces femmes répondent à leurs besoins primaires (nourriture, logement, habillement, médicaments, services sociaux et de santé). Ensuite, nous entrons dans la sphère relationnelle de la vie de ces femmes, à savoir le rapport qu'elles entretiennent avec elles-mêmes (rapport à soi) et leurs rapports avec autrui (vie conjugale, vie familiale, réseaux sociaux, mari, enfants, frères et soeurs, oncles et tantes, amies, etc.). Nous cherchons à comprendre la sociabilité de ces femmes stigmatisées et en situation d'handicap. Enfin, nous étudions la vie de ces femmes en ce qui a trait à leur participation dans leur vie socioprofessionnelle, communautaire, religieuse, culturelle et de loisirs. Les propos des femmes rencontrées révèlent qu'elles connaissent toutes un processus d'exclusion dans leur vie de tous les jours. Leur vécu illustre souvent une dynamique de cumuls menant à la désaffiliation, les logiques d'appauvrissement, de honte, d'étiquetage, d'épuisement et d'asservissement se conjuguant pour produire l'exclusion. Par contre, dans certaines situations, l'on observe aussi la solidarité et le combat pour rester soi-même dans sa dignité.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/6505 |
Date | January 2013 |
Creators | Diatta Sagna, Madeleine |
Contributors | Caillouette, Jacques |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Mémoire |
Rights | © Madeleine Diatta Sagna |
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