1. Problèmes et limites.
L'étude des céramiques régionales (les céramiques non attiques) pose au chercheur des problèmes particuliers, notamment pour l'attribution des vases. En Béotie, où les artisans empruntèrent à d'autres ateliers des éléments divers, aussi bien pour la forme que pour le décor des vases, il est parfois ardu de différencier la production locale de la production étrangère. Certains vases ne peuvent donc pas être attribués à un atelier en tenant compte uniquement de critères stylistiques, dans les cas litigieux, seule une analyse de l'argile peut nous renseigner. Les influences extérieures sur la céramique béotienne depuis le style géométrique jusqu'au style à figures rouges, originent de l’Attique, de Corinthe, de l’Eubée, de la Laconie et de la Grèce de l'Est. L'impact de tous ces centres de production ne fut pas égal. L'Attique, région sise au sud de la Béotie et principal producteur de céramique depuis l'époque archaïque jusqu'à la fin de l'époque classique, marque la céramique béotienne plus qu'aucun autre centre de production étranger. Dans le cadre de notre recherche, seule l'influence attique sera étudiée. Une étude globale des influences étrangères serait une trop vaste entreprise dans le cadre d'une thèse de maîtrise. Parmi les nombreux vases béotiens appartenant à des groupes ou attribués à des peintres, il était nécessaire d'établir un corpus. Les vases à figures noires ont été choisis de préférence aux vases à figures rouges parce qu'ils constituent un ensemble quantitativement plus important et que jusqu'ici, la recherche a davantage été orientée vers ce groupe et les a mieux fait connaître. La céramique béotienne à figures noires comprend cinq groupes majeurs de vases : le groupe de l'oiseau-cheval, des danseurs béotiens, des vases géométricisants, des lékanai orientalisantes et le groupe plus disparate des vases tardifs, sans compter plusieurs vases attribués à des peintres ou à des ateliers mais non rattachables à un groupe particulier. L'étude pouvait porter sur un de ces groupes, ou sur une forme spécifique de vase, sans tenir compte de l’appartenance à un groupement : cette dernière possibilité a été retenue. La décision fut prise principalement à cause de l'impossibilité qu'il y aurait eu de réaliser une étude morphologique sérieuse de plusieurs vases béotiens et attiques, vu l'état sommaire de certaines publications. Rappelons, par exemple, que dans la plupart des fascicules du Corpus Vasorum Antiquorum, les profils des vases ne sont pas donnés et que les dimensions mentionnées sont souvent incomplètes ; cela rendait difficile, voire même caduque, l'étude de certaines formes. Nous avons donc opté pour l'étude de la lékanè, forme qui connut en Béotie une remarquable popularité. Notre corpus comprend des vases qui s'échelonnent sur une cinquantaine d'années, soit de 570 à 520. Les premiers appartiennent à un groupe mineur, celui de la lékanè du Louvre CA 3667, il ne réunit que deux lékanai peu connues mais intéressantes, il date des environs de 570 ; le second, le groupe des lékanai orientalisantes rassemble 55 vases et date de 550 à 520. De plus, sans toutefois les étudier dans les détails, nous parlerons, tout au moins en ce qui concerne la forme des lékanai, du groupe des vases géométricisants, daté de 560 à 550. Notre étude aura donc pour but d'étudier les influences de la céramique attique sur une forme de vases béotiens : les lékanai. L'analyse permettra de déterminer jusqu'à quel point les artisans béotiens ont puisé chez leurs voisins et de quelle façon les éléments étrangers ont été intégrés à leur céramique.
2. La méthodologie
Dépendant du type de céramique étudié, les approches varient énormément; nous avons choisi d'utiliser la méthode développée par J.D.Beazley. Le célèbre céramologue n'a pas expliqué dans un traité théorique sa façon de procéder; pour la comprendre, il faut faire appel à ses travaux, surtout à ses premiers articles et à ses catalogues. La méthode de Beazley consiste à étudier la forme du vase, l'iconographie, la composition du décor, le style du dessin et finalement les éléments décoratifs secondaires. Notre étude est divisée en cinq chapitres : un de présentation, trois d'analyse et un dernier qui apporte des renseignements complémentaires. Il est apparu nécessaire de présenter un historique des études concernant les deux groupes de vases de manière à mieux connaître le long cheminement qu'ont dû effectuer plusieurs de ces vases, attribués à toutes sortes d'ateliers, avant d'être reconnus comme béotiens. Seront également mentionnées les diverses théories émises sur la situation et la datation des groupes. Finalement, notre classification des lékanai sera exposée, elle a été conçue de façon à ce qu'on puisse y intégrer toutes les lékanai sans tenir compte des attributions antérieures. L'analyse des influences sera effectuée en trois phases : la première traitera des influences sur la forme et la composition du décor, la seconde de l'influence dans le choix et l'arrangement du décor principal et la troisième, du style du dessin. Le schéma général des analyses est le suivant : les vases béotiens sont décrits puis des comparaisons, permettant de voir s'il y a bien eu des influences, sont établies avec des vases attiques. Le dernier chapitre permettra d'évaluer l'importance des importations de céramique attique en Béotie et d'exposer le problème de la datation des lékanai. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2012
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28760 |
Date | 25 April 2018 |
Creators | Normand, Sylvio |
Contributors | Giroux, Hubert |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | mémoire de maîtrise, COAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise |
Format | xv, 136, 19 f., application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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