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Les pratiques d’intervention policières auprès des personnes en crise ou atteintes de troubles mentaux : le cas des agents de réponse en intervention de crise du Service de police de la Ville de Montréal

Cette recherche porte sur les pratiques d’intervention des agents de réponse en intervention de crise (RIC), de leur partenaire fixe et des agents en attente de la formation du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) auprès des personnes en crise ou atteintes de troubles mentaux. Les agents RIC sont des patrouilleurs de première ligne qui ont reçu une formation complète sur les principes d’intervention en contexte de crise ou de santé mentale. Ce modèle de réponse spécialisée est une solution proactive qui a pour but d’améliorer l’action policière en situation de crise et de veiller à une meilleure prise en charge de ces personnes par les ressources institutionnelles.
La désinstitutionnalisation des soins et des services psychiatriques a eu pour effet une augmentation du nombre de personnes atteintes de troubles mentaux dans la communauté. Par conséquent, cet accroissement a engendré des rapports plus fréquents entre les services policiers et cette clientèle. Les interventions en contexte de crise ou de santé mentale sont particulières et complexes, de même qu’elles requièrent un niveau supérieur de compréhension des crises humaines. Les autorités policières ont admis que ces interventions représentent une part significative de leur travail et que la formation policière traditionnelle ne les prépare pas suffisamment pour intervenir adéquatement auprès de cette population.
En réponse à ces considérations et dans l’objectif d’améliorer leur capacité d’agir, les forces policières se sont dotées de modèles de réponse policière spécialisée en intervention de crise. L’approche la plus répandue est l’équipe d’intervention de crise (« crisis intervention team » ou « CIT »), aussi appelée le modèle de Memphis. Il existe plusieurs variantes de ce modèle, mais les composantes principales, c’est-à-dire la formation avancée et la consolidation d’un partenariat avec le système de santé demeurent dans l’ensemble de ces structures.
L’objectif de cette recherche consiste à sonder les perceptions des agents RIC, de leur partenaire fixe et des agents en attente de la formation afin de comprendre et de contraster leurs visions et leurs pratiques d’intervention en contexte de crise ou de santé mentale. Chaque groupe a apporté des précisions intéressantes.
Nous avons conduit 12 entrevues qualitatives avec des policiers du SPVM. De façon générale, les participants rapportent que leurs pratiques d’intervention auprès des personnes en crise ou atteintes de troubles mentaux sont davantage ancrées dans une perspective de relation d’aide. Ils mentionnent également que la communication, l’écoute et la confiance doivent être privilégiées avant tout autre stratégie dans les situations qui les permettent et que la force doit être employée seulement lorsqu’elle est nécessaire, c’est-à-dire lorsque leur sécurité ou celle d’autrui est en péril ou lorsque la communication n’est pas possible. Puis, ils admettent que le recours à l’expertise des intervenants en santé mentale permet une analyse plus approfondie de la situation et de l’état mental de la personne visée par l’intervention. D’autre part, en ce qui concerne les limites de la formation policière traditionnelle, les candidats ont soulevé qu’il y a un manque de connaissances en matière de santé mentale ainsi qu’une difficulté associée à l’évaluation de l’état de la personne et du besoin de transport ont été soulevés. Sur le plan des apprentissages, les agents RIC disent avoir une compréhension plus globale de la problématique de santé mentale, de meilleures habiletés communicationnelles, une analyse plus approfondie de la situation, de plus grandes connaissances juridiques, une compréhension du fonctionnement des services hospitaliers ainsi qu’une appréciation particulière pour le partage de savoirs et les principes d’endiguement. Ils font part également de l’importance des rapports pour documenter l’évolution de l’état mental d’une personne et ils ajoutent que la dimension temporelle joue un rôle clé dans la résolution définitive de la problématique. Au sujet des partenaires, ils évoquent des retombées similaires. Toutefois, à la suite de la formation, ils reconnaissent davantage l’importance de leur rôle dans la sécurité de leur partenaire et ils y accordent dorénavant une attention marquée lors de ces interventions. Enfin, les agents non formés formulent des attentes relatives au développement d’outils et de compétences, ce qui leur sera rendu dans la formation RIC. Globalement, les agents RIC et les partenaires interviewés ont modifié leurs pratiques pour les arrimer avec la philosophie des interventions en contexte de crise ou de santé mentale. Ils ont également davantage confiance en leurs capacités et habiletés d’intervention auprès des personnes en crise ou atteintes de troubles mentaux grâce aux connaissances acquises dans la formation. / This research focuses on police responses provided by the RIC officers of the Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) with people in crisis or suffering from a mental disorder. The RIC agents are frontline patrol officers who have received complete training on the principles of intervention in times of crisis. This specialized response model is a proactive alternative that aims to improve police action in crisis situations and to ensure a better management of this population by the institutional resources.
Deinstitutionalization of care and psychiatric services has led to an increased number of people with mental disorders in the community. Therefore, this increase has resulted in more frequent interactions between the police and this type of clientele. Interventions in times of crisis are unique and complex and require a higher level of understanding of human crises. The police have admitted that these interventions represent a significant part of their work and that traditional police training did not prepare them sufficiently to respond appropriately.
In response to these considerations and in order to improve their abilities, the police forces equipped themselves with police response models specialized in crisis intervention. The most common approach is the crisis intervention team (CIT), also called the Memphis model. There are several variations of this model, but the main components are advanced training and consolidation of a partnership with the health system which both remain in all of these structures.
The objective of this research is to explore the perceptions of the RIC officers, their partner and the officers waiting for training in order to better understand and contrast their visions and practices in a crisis or mental health context.
We conducted 12 qualitative interviews with officers from SPVM. Overall, participants report that their interventions with people in crisis or with mental disorders are more rooted in a perspective of counselling. They also mention that communication, listening and trust must be privileged above all other techniques in situations that allow them. Furthermore, force should be used only when needed, that is, when their safety or the safety of others is at risk. They also admit that the participation of mental health workers enables a deeper analysis of the situation or the mental state of the person targeted by the intervention. Secondly, in regards to the limits of traditional police training, the candidates have raised that there is a lack of knowledge in the field of mental health and a difficulty in assessing the mental state of the person as well as the needs for transportation. Thirdly, the RIC officers say that they have a better understanding of mental health issues, enhanced communication skills, a deeper analysis of the situation, a greater legal knowledge, an understanding of the operation of hospital services and a particular appreciation for the sharing of knowledge and the principle of containment. They also expressed the importance of the reports to document the evolution of the mental state of a person and they add that the time dimension plays a key role in the final resolution of the issue. As for the partners, they discuss similar benefits. However, after training, they recognize even more the importance of their role in the security of their partner and therefore, they pay more attention during these interventions.
Finally, non-trained agents formulate expectations concerning the development of tools and skills, which will be addressed in their training. Overall, the RIC agents and their partners changed their practices to align them with the philosophy of crisis intervention. They also have more confidence in their abilities and skills to intervene with people in crisis or suffering from mental disorders from the knowledge acquired in training.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/13956
Date03 1900
CreatorsRavary, Michaëlle
ContributorsBoivin, Rémi
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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