Notre travail s’intéresse aux maîtres d’apprentissage de l’enseignement supérieur et à la façon dont ils débutent dans cette fonction. En France, ceux qui occupent la mission de tuteur sont peu formés et les formations qui leurs sont proposées sont souvent de courte durée (1 journée). De même les prescriptions institutionnelles restent relativement floues, mentionnant peu le tuteur. Il semble dès lors que cette fonction s’apprenne très largement sur le tas. Notre objectif est ainsi de comprendre les pratiques formatives des tuteurs débutants et notamment, la façon dont les interactions et les relations que ces derniers vont voiravec d’autres acteurs (du monde scolaire, professionnel ou autre) vont les aider à construire leur pratique.Ce travail est construit à partir d’une enquête de terrain d’une année et d’un corpus caractérisé par une multiplicité de modes de production de données (observations participantes, captations audio et vidéo, entretiens, collecte de documents, etc.). Il prend la forme de trois études de cas dont le but est de comprendre comment se met en place une configuration tutorale (d’après Elias, 1981) et la façon dont cette configuration crée des affordances (Billett 1995, 2011), c’est à dire des opportunités d’apprentissage pour le tuteur débutant, dont il peut se saisir afin de construire sa pratique.Une analyse des prescriptions institutionnelles sur le tutorat et le rôle du maître d’apprentissage nous conduit à montrer que celui-ci occupe une place secondaire dans les discours institutionnels plutôt focalisés sur l’apprenti et adressés à ces derniers ou aux employeurs. De plus, les prescriptions se font à plusieurs niveaux (de la loi à l’école) et cela constitue un millefeuille de prescriptions qui restent floues et hétérogènes. Enfin, c’est une configuration tutorale relativement figée, incluant seulement trois acteurs (apprenti / MAP ou employeur / tuteur-école ou école) qui est la plupart du temps présentée.L’analyse de nos cas est réalisée en croisant deux niveaux : le niveau local et le niveau global. Il s’agit d’une part d’appréhender les interactions récurrentes et les relations qui se mettent en place dans le temps long et d’autre part, la façon dont les acteurs interagissent et se coordonnent dans des interactions et situations locales. Cela nous permet de documenter la façon dont une configuration tutorale émerge et se met en place dans le temps long, mais aussi la façon dont elle est localement consolidée ou au contraire bouleversée. Ces analyses nous permettent de mettre en avant que là où l’on a l’habitude de penser un duo tuteur-apprenti, il y a en réalité un réseau d’acteurs aux profils, objectifs et caractéristiques variés qui se crée dans le but d’accompagner l’apprenti. Cette configuration tutorale est dynamique et varie selon les contextes. Elle peut être constituée, outre l’apprenti et son tuteur, par des acteurs de la place de travail (hiérarchie, collègues, etc.), des acteurs de l’école (tuteurs-école, enseignants) ou encore des acteurs de la sphère familiale, amicale, etc. Chaque acteur de cette configuration a ses enjeux propres qui contribuent à orienter sa mise en place et son évolution dans le temps. Nos analyses montrent que cette évolution peut se faire en faveur de l’appropriation par le tuteur de son rôle. La configuration est, en effet, génératriced’affordances pour le maître d’apprentissage débutant, dont ce dernier peut se saisir afin de développer sa pratique tutorale. Ces affordances peuvent prendre des formes diverses (aide directe, inclusion à un collectif tutoral, échanges sur la pratique tutorale, etc.). Elles ne sont actualisées comme ressources que parce que le tuteur débutant s’en saisit, les rendant ainsi pertinentes pour sa pratique.Ces analyses nous conduisent à formuler des préconisations en vue d’améliorer la formation et l’information des tuteurs, notamment dans le cadre du travail d’ingénierie de formation actuellement mené par le CFA Formasup ARL. / This research focuses on workplace tutors in dual vocational tertiary courses, and how they begin in this role. In France some tutor’s training are offered but they are short-term (1 day) and few tutors participate. Institutional requirements remain vague with little mention mention of the workplace tutors. Therefore, it seems that a large part of tutors are learning this activity « on the job ». Our purpose is to understand how workplace tutors are learning their role, and in particular, how interactions and relationships they have with other actors (from the shool, the company, etc.) help them to build their practice of tutoring.This research is based on a one-year fieldwork and a corpus characterized by a multiplicity of data production modes (participating observations, audio and video recordings, interviews, document collection, etc.). It takes the form of three case studies whose aim is to understand how a tutorial configuration is set up (according to Elias, 1981) and how this configuration creates affordances (Billett 1995, 2011), i.e. learning opportunities for the novice workplace tutor, which he can take advantage of to build his practice.An analysis of the institutional requirements on tutoring and the role of the workplace tutor, leads us to show that he occupies a secondary place in speeches that are rather focused on the apprentice and addressed to them or to employers. In addition, this requirements are made at several levels (from law to school) and this constitutes a myriad (millefeuille) of requirements that remain vague and heterogeneous. Finally, it is a relatively fixed tutorial configuration, including only three actors (apprentice / MAP or employer / school-tutor or school) that is most of the time presented.The analysis of our cases is carried out by crossing two levels: the local level and the global level. On the one hand, it is a question of understanding the recurrent interactions and relationships that are established over time and, on the other hand, the way in which actors interact and coordinate themselves in local interactions and situations. This allows us to document how a tutorial configuration emerges and is implemented over time, but also how it is locally consolidated or disrupted. These analyses allow us to highlight that where we are used to thinking of a tutor-apprentice duo, there is in reality a network of actors with various profiles, objectives and characteristics that is created in order to support the apprentice. This tutorial configuration is dynamic and changes according to the context. It can be made up, in addition to the apprentice and his tutor, by actors in the workplace (hierarchy, colleagues, etc.), actors in the school (school-tutors, teachers) or actors in the family, friends, etc. Each actor in this configuration has its own purposes that contribute to orienting its implementation and evolution over time. Our analyses show that this evolution can be in favour of the tutor's appropriation of his role. The configuration is, in fact, agenerator of affordances for the novice workplace tutor, which he can take advantage of in order to develop his tutoring practice. These affordances can take various forms (direct support, inclusion in a tutoring collective, exchanges on tutoring practice, etc.). They are only actualized as resources because the novice tutor takes them over, making them relevant to his or her practice.In addition to documenting the training practices of tutors, this research aims to support the apprentices training center (Formasup ARL) in the engineering work of the training courses they are currently conducting.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018LYSE2094 |
Date | 28 November 2018 |
Creators | Peycelon, Marine |
Contributors | Lyon, Veillard, Laurent, Cuvillier, Bruno |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.002 seconds