Les recherches menées sur les amphores gauloises depuis plus de trente ans ont livré d’abondantes données sur la production et le commerce de ces conteneurs. Toutefois la spécificité de l’implantation des ateliers de Narbonnaise, dans l’arrière-pays plutôt que près des ports et sur le littoral, semblait constituer une anomalie, au regard de l’organisation de la fabrication des amphores dans les autres provinces de l’Empire. L’hypothèse d’une lacune des découvertes a été étayée par les résultats des analyses physico-chimiques conduites sur des conteneurs mis au jour dans les centres de consommation en dehors de la Province. Elles ont montré que certains secteurs, comme la vallée du Rhône, comportaient une concentration d’officines beaucoup plus élevée que ne le laissait paraître les vestiges identifiés.Cette thèse a donc pour objectif de prendre en compte l’importance du littoral et des ports quant à elle de la production des amphores de Narbonnaise entre la fin du Ier s. av. J.-C. et le IVe s. ap. J.-C. en se basant sur l’étude de la très riche documentation fournie par les opérations archéologiques terrestres et subaquatiques menées dans les ports et les établissements littoraux.Ce travail porte sur le mobilier publié et inédit livré par l’ensemble des ateliers, des dépotoirs portuaires et des contextes de consommation urbains du littoral compris entre Narbonne et Antibes. Ce corpus est rassemblé dans un catalogue répartissant les sites entre sept secteurs définis par leur géographie et qui constituent autant d’ensembles micro-régionaux ou régionaux cohérents.L’analyse des données présentées dans le catalogue et leur mise en perspective avec la documentation publiée des sites de l’arrière-pays et des contextes extra-régionaux montre que le nombre d’ateliers dans ce secteur était largement sous-évalué. En effet, dix nouvelles officines ont été identifiées grâce à la mise en place d’une méthodologie corrélant les données fournies par les prospections et les fouilles aux études céramologiques et archéométriques. En outre, l’étude met en évidence que les fabriques implantées dans les agglomérations portuaires dominent l’approvisionnement des marchés extra-régionaux. Elle montre également que les officines littorales résistent mieux au déclin de la viticulture spéculative à partir de la seconde moitié du IIe s. que celles de l’arrière-pays. Enfin, la comparaison des différentes zones de production de la côte témoigne d’une hiérarchie entre celles-ci résultant de leur position au centre ou davantage à la marge des courants commerciaux de l’Occident romain. Ainsi, Arles et la basse vallée du Rhône dominent les autres régions. Les amphores de ce territoire sont exportées vers le nord de la Gaule ou Rome. Les officines de Marseille, et dans une moindre mesure celles du reste de la Provence, sont également dynamiques et leurs productions sont massivement exportées vers Ostie. Les amphores vinaires du Languedoc sont davantage diffusées régionalement, en particulier celles de la cité de Nîmes. Le principal débouché du vin languedocien demeure toutefois inconnu.Enfin, les nouveaux acquis sur la typo-chronologie des amphores gauloises confirment une étroite relation entre la diversité morphologique des productions de Narbonnaise, la qualité des crus conditionnés en amphores, et la destination de ces conteneurs.Ce travail apporte de nouveaux éléments témoignant de l’importance de l’étude des amphores de Narbonnaise pour la compréhension de l’économie de cette province durant l’Antiquité. L’analyse de ces emballages perdus révèle ainsi une organisation extrêmement rationalisée de cet artisanat qui répond à des circuits de distribution sans doute plus diversifiés qu’on ne le supposait. / The researches on amphorae of Narbonensis, for more than thirty years, has provided abundant data on the production and trade of these containers. However, the specificity of the implantation of the Narbonensis’ workshops, in the hinterland rather than near the harbours and on the coast, seemed to constitute an anomaly, considering the organization of the manufacture of amphorae in the other provinces of the Empire. The hypothesis of a hiatus in the discoveries was supported by the results of physico-chemical analysis carried out on containers uncovered in centers of consumption, located outside the Province. The outcome indicated that some of sectors, such as the Rhone valley, had a much higher concentration of workshops than the identified vestiges showed.The aim of this thesis is to take account to the importance of the littoral and ports in the production of the amphorae of Narbonensis, between the end of the 1st century BC and the 4th century AD. It was based on a study of the very rich documentation provided by land and underwater archaeological operations in the ports and coastal settlements.This work concerns the published and unpublished furniture delivered by all the workshops, harbour’s dumps and urban consumption’s contexts of the littoral between Narbonne and Antibes. This corpus is gathered in a catalog that divides the sites into seven sectors defined by their geography and which constitute so many coherent micro-regional or regional sets.The analysis of the data presented in the catalog and the published data of hinterland sites and extra-regional contexts shows that the number of workshops in this area was largely undervalued. In fact, ten new workshop have been identified by the establishment of a methodology who combine the data provided by the prospecting operations and the excavations with the ceramological and archaeometrical studies. In addition, the study indicates that the factories located in the harbour’s agglomerations dominate the supply of extra-regional markets. It also shows that coastal workshops are more resistant to the decline of speculative viticulture from the second half of the second century, than those of the hinterland. Finally, the comparison of the various production’s zones on the coast reveals a hierarchy between them, resulting from their position in the center, or more, at the margin of the commercial currents of the Empire. Thus, Arles and the lower Rhone valley dominate the other regions. The amphorae of this territory are exported to the north of Gaul or Rome. The factories of Marseille, and, to a lesser extent, those of the rest of Provence, are also dynamic and their production is massively exported to Ostia. The wine amphorae of Languedoc are more widely diffused regionally, especially those of the city of Nîmes. However, the main outlet for Languedoc wine remains unknown.Finally, new acquisitions on the typo-chronology of Narbonensis’ amphorae confirm a close relationship between the morphological diversity of Narbonensis' productions, the quality of the wines, and the destination of these containers.This work brings new evidences of the importance of the study of the Narbonensis’ amphorae for understanding the economy of this province during the Antiquity. The analysis of these lost packaging reveals an extremely rationalized organization of this craft, which responds to distribution channels that are probably more diversified than was supposed.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017MON30062 |
Date | 15 December 2017 |
Creators | Bigot, Fabrice |
Contributors | Montpellier 3, Mauné, Stéphane, Laubenheimer, Fanette |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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