Les relations qui unissent le savoir scientifique et la poésie de la seconde moitié du XIXe siècle sont complexes. Longtemps fort minoré par l’histoire littéraire, le dialogue qu’entretiennent ces deux entités oscille entre modernité scientifique et modernités poétiques. Tour à tour conflictuelles ou fraternelles, ces modalités de dialogues multiples et contradictoires se révèlent pourtant symptomatiques d’une époque en crise vis-à-vis à la fois du genre poétique et d’un scientisme en voie d’essoufflement. L’analyse stylistique – systématiquement informée par le contexte de production – et l’épistémocritique permettent de rendre compte d’une histoire parallèle et longtemps éclipsée de la modernité : tandis que le poème moderne se proclame de plus en plus autonome, tandis que la science a tendance à se spécialiser au point de n’être plus transmissible, le dialogue de la science et de la poésie, loin de disparaître, se complexifie. Le poète ne se contente plus d’exposer thématiquement des éléments de savoirs, sur les modèles antérieurs de Lucrèce et Jacques Delille. L’influence de la science se fait plus profonde et plus structurelle : le poème emprunte sa langue savante pour exprimer les angoisses du sujet lyrique, la poétologie entre dans le laboratoire de l’expérimentation. Ce faisant, l’impact de la science sur le travail poétique, quoique souterrain, devient déterminant dans les reformulations innovantes de la poésie de la seconde moitié du XIXe siècle. Deux modernités s’observent alors, se détournent parfois l’une de l’autre, s’entrecroisent ailleurs. C’est l’histoire des modalités de cette cohabitation difficile que la présente étude a cherché à mettre au jour / The links between scientific knowledge and poetry during the second half of the 19th century are complex. Whereas literary history has downplayed its importance for a long time, the dialogue between those two entities wavers between scientific and poetic modernities. And yet, the multiple and contradictory forms of that dialogue, both conflictual and fraternal, turn out to be symptomatic of an era in crisis, where poetry as well as scientism seemed to be running out of steam. Stylistic analysis – systematically informed by the historical context – and epistemocritic allow to tell the parallel story of an hidden modernity: while the modern poem claims increasing autonomy, while science tends to specialize so much that it is no longer communicable, the dialogue between science and poetry, far from disappearing, becomes more complex. The poet is no longer satisfied with thematically exhibiting elements of knowledge, according to previous models of Lucretius and Jacques Delille. The influence of science becomes deeper and more structural: the poem borrows its scientific language to express the anxieties of the lyrical subject, poetics enters the laboratory of experimentation. As a result, the impact of science on poetical work, albeit underground, plays a determinant role in the innovative reformulations of the poetry of the second half of the 19th century. Two modernities then observe each other, sometimes turn away from each other, sometimes intersect. The story of this difficult cohabitation is what this study has attempted to uncover
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PESC2203 |
Date | 21 September 2018 |
Creators | Ringuedé, Yohann |
Contributors | Paris Est, Universität Basel, Séginger, Gisèle, Marchal, Hugues |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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