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Architecture potentielle de la Grande Structure Abandonnée (G.S.A) : catégorisation et projection

Cotutelle internationale de thèse France/Canada (Québec) / Cette recherche, inscrite en théorie de la conception architecturale, porte sur un phénomène contemporain situé à la frontière entre architecture et urbanisme : celui de la Grande Structure Abandonnée (GSA). Cette notion rassemble une hétérogénéité de situations construites de grande taille accusant une durée d’abandon supérieure à une décennie. L’enjeu de cette thèse est d’interroger les possibilités d’une catégorisation de la GSA, à la fois comme problématique disciplinaire (la catégorisation comme cadre de connaissance) et comme enjeu pratique (la catégorisation comme cadre d’intervention).
La thèse se développe en deux temps : les trois premiers chapitres s’attachent à définir le phénomène de la GSA via des opérations d’inventaire, de description et de classement. Face aux limites présentées par les cadres classificatoires conventionnels en architecture, les trois derniers chapitres opèrent un déplacement des cadres d’analyse : d’une classification de ce qu’est la GSA (propriétés), il est alors question d’interroger ce que la GSA fait ou peut faire (capacités potentielles).
À partir de la construction d’un Atlas de 103 structures, la recherche s’attache tout d’abord à une description de la GSA agencée autour des caractères hérités du projet originel de la structure (sens premier), des caractères amenés par l’abandon (perte de sens) et de ceux attachés aux projections contemporaines entourant la GSA (renouveau du sens). Ces descriptions permettent d’alimenter l’analyse conjointe des résistances et des ressources (tant physiques, que pragmatiques et épistémologiques) oeuvrant au sein de la GSA. Le couple (Résistances-Ressources) n’est alors plus appréhendé dans une opposition binaire, mais comme un phénomène jumeau (Van Eyck, 1960). La prise en compte de cette dialectique permet d’accéder à une anticipation sur le devenir de 72 des 103 GSA étudiées. Cinq territoires conventionnels de reclassement sont identifiés (démolition, réhabilitation, patrimonialisation, tourisme, ruine), ils ne permettent cependant pas de recouvrir l’entièreté du phénomène. La modélisation laisse 31 GSA dans une zone d’indétermination classificatoire, résistant aux modes d’anticipation convergents. Qu’est-ce qui, chez ces structures, échappe aux modes conventionnels de connaissance et d’intervention en architecture ?
Comme voie de réponse à cette question, la recherche pose l’hypothèse de la GSA comme « phénomène liminal » (Van Gennep, 1909). L’attention est alors portée sur les caractères alimentant la condition d’entre-deux de ces structures (inachèvement, ambiguïté constructive, dimension mythique, scénarios conflictuels, dynamiques informelles). Celle-ci permet de montrer les limites présentées par les filtres fonctionnels, formels et stylistiques conventionnellement employés en architecture et d’ouvrir la recherche sur des modes d’agencement interprétatifs plus ouverts et indéterminés. Les trois derniers chapitres de la thèse opèrent ainsi un déplacement de la propriété vers le potentiel de la GSA. Les nombreux scénarios gravitant autour de la GSA servent alors de matière d’analyse permettant d’accéder à ces potentiels. Une étude de cas in situ, menée dans l’une des structures étudiées (El Elefante Blanco de Buenos Aires), sert de fil rouge à une enquête sur les catégories de potentiel de la GSA. Cinq catégories sont extraites : 1. Gisement, 2. Épiderme augmenté, 3. Mégastructure 2.0, 4. Rhizome et 5. Anti-monument, auxquelles répondent des stratégies de conception propres. Ces catégories placent la GSA au croisement d’enjeux constructifs, écologiques, sociaux et politiques. / This research, inscribed in the theory of architectural design, focuses on a contemporary phenomenon situated on the border between architecture and urbanism: the Abandoned Large Structure (ALS). This notion brings the attention to large and heterogeneous built environments that have been abandoned for more than a decade. The thesis questions the possibilities for a categorization of Abandoned Large Structures, both as a disciplinary problem (categorization as a framework of knowledge) and as a practical issue (categorization as a framework for intervention). This is explored in two phases. First, the phenomenon of Abandoned Large Structures is defined via inventory, description, and classification. Second, faced with the limits presented by conventional classification frameworks in architecture, the thesis shifts the analysis from a classification of what the ALS is (properties) to what the ALS does or can do (potential capacities).
Based on a corpus of 103 structures, this research first describes the ALS using properties inherited from the original project of the ALS (the primary meaning), properties brought by the abandonment (loss of meaning), and properties attached to contemporary projections surrounding the ALS (renewal of meaning). These descriptions feed into the joint analysis of the resistance and resources of the ALS (physical, pragmatic and epistemological). The notion of ‘Resistances-Resources’ is then no longer apprehended in a binary opposition, but as a « twin phenomenon » (Van Eyck, 1960). Taking into account this dialectic allows us to anticipate the future of 72 of the 103 ALS studied. Five conventional reclassification territories are thus identified: demolition, rehabilitation, heritage conservation, tourism, and ruin. However, they do not cover the whole spectrum of ALS. 31 ALS are left in a zone of classificatory indeterminacy, resistant to convergent modes of anticipation. What, among these structures, escape the conventional modes of knowledge and intervention in architecture?
To answer that question, the hypothesis of the ALS as a liminal phenomenon (Van Gennep, 1909) is then explored, focusing on the characters that feed the in-between condition of these structures: incompleteness, constructive ambiguity, mythical dimension, conflicting scenarios, and informal dynamics. This shows not only the limits presented by the functional, formal, and stylistic filters conventionally used in architecture, but furthermore opens the research to more flexible interpretative modes of arrangement. Finally, the thesis moves from the properties to the potential of the ALS. The many scenarios revolving around the ALS here serve as analytical material to access these potentials. An in-situ case study conducted in one of the ALS (El Elefante Blanco, Buenos Aires) serves as a guide for a survey of the ALS’ categories of potential. Five categories are extracted: 1. Material deposit, 2. Increased epidermis, 3. Megastructure 2.0, 4. Rhizome and 5. Anti-monument, to which respond specific design strategies. These categories place the ALS at the intersection of constructive, ecological, social and political challenges.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/23968
Date06 1900
CreatorsAbenia, Tiphaine
ContributorsChupin, Jean-Pierre, Estevez, Daniel
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse

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