Presque quiconque est exposé.e pour une première fois à l’abolitionnisme pénal est frappé.e d’une même interrogation : celle de l’alternative. Que devrions-nous substituer à l’État afin d’assurer la sécurité de toutes et de tous et l’accès à une justice équitable et égalitaire en cas d’offense? À une époque de fortes effervescences politiques, cette question devait nécessairement occuper les révolutionnaires anticipant la mise en œuvre de la commune libertaire. Du moins, ce fut le cas pour l’anarchiste Pierre Kropotkine. L’héritier d’une famille princière russe s’intéresse d’abord à l’évolution des espèces. Le géologue de formation parcourt son pays natal et découvre l’existence d’un procédé de régulation sociale présent dans la quasi-totalité du règne animal : l’entraide. En s’opposant aux darwiniens autoproclamés, Kropotkine démonte le mythe d’une espèce humaine cruelle à l’état de nature. L’État, inutile en ces circonstances, doit être renversé afin d’offrir un maximum d’espace à nos intuitions solidaires. Ces intuitions doivent être enseignées aux futur.es communard.es plutôt que réprimées tel que le fait une institution comme la prison. Sa critique, qui fait de l’institution carcérale une véritable école du crime, est reprise par les abolitionnistes actuelles. Qu’en est-il des alternatives qu’il propose? L’anarchiste serait-il ouvert à la punition? Favorable à une justice réparatrice? Difficile de résoudre ces interrogations. Une chose est certaine, il existe dans l’histoire une multitude de façons de pratiquer la justice qui s’affranchit d’une autorité centrale. Que ce soit en mobilisant quelques indvidu.es, une commune voisine ou encore toute la communauté, les sociétés étudiées par Kropotkine, en pratiquant l’arbitrage, parviennent à résorber leurs conflits. / Almost anyone who is exposed to penal abolitionism for the first time is struck by the same question: what is the alternative? What substitute can the state implement so as to assure security for all as well as equal and equitable access to justice in the case of an offense? At a time of strong political effervescence, this question had to occupy the revolutionaries anticipating the implementation of the libertarian commune. At least, that was the case for anarchist Peter Kropotkin. The heir to a Russian princely family is first interested in the evolution of species. The geologist travels through his native country and discovers the existence of a process of social regulation present in almost all of the animal kingdom: mutual aid. By opposing to the self-proclaimed Darwinians, Kropotkin dismantles the myth of a cruel human species in the state of nature. The State, useless in these circumstances, must be overthrown in order to offer maximum space to our solidarity intuitions. These intuitions must be taught to future communards rather than repressed by an institution like prison. His criticism, which makes the penal institution a veritable school of crime, is usefull to current abolitionists. What about the alternatives it offers? Would the anarchist be open to punishment? In favor of restorative justice? It is difficult to answer these questions. One thing is certain, there are in history a multitude of ways of practicing justice that frees itself from a central authority. Whether it be by mobilizing a few individuals, a neighboring town or even the entire community, the societies that Kropotkin studied, by practicing arbitration, manage to resolve their conflicts.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27528 |
Date | 04 1900 |
Creators | Gadoua, Félix |
Contributors | Devette, Pascale |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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