De 1536 à 1551, on assiste à Lyon à un vaste mouvement de promotion du livre de poésie, que soutient la construction d’un groupe uni et dynamique. Cette entreprise se déploie, dans les officines des imprimeurs-libraires et dans l’espace du livre, sur fond d’élaboration d’une langue française de qualité, propre aux bonnes lettres. Étienne Dolet, François Juste, puis Jean de Tournes et Guillaume Rouillé mènent ainsi une politique éditoriale concertée qui confère à la langue française et au livre de poésie ses lettres de noblesse. Lyon acquiert dans ces années une identité éditoriale spécifique, qui se détache sur le paysage poétique du Royaume. L’étude des concurrences et des pillages réciproques entre Lyon et Paris met en évidence l’existence de deux identités poétiques distinctes : Lyon marque une modernité dans l’édition et la diffusion de nouveaux genres que ne comprend pas encore Paris. Quand les imprimeurs lyonnais puisent dans les productions parisiennes, c’est en se les appropriant pour les intégrer dans un catalogue et réaffirmer l’existence d’un groupe lyonnais porteur d’une identité culturelle et poétique. Cette identité, doublée d’une qualité éditoriale remarquable, fonde la prééminence de l’imprimerie lyonnaise dans le Sud de la France, comme le montre l’exemple toulousain. Tout cela contribue à l’élaboration d’un champ poétique fondé sur une cohérence affichée mais menacée par des forces centripètes qui remettent en question l’unité de la poésie lyonnaise. S’il y a « poésie lyonnaise », c’est en ce que le livre de poésie soutient les ambitions politiques de la cité, dans une période de conflit avec Charles Quint puis de changement de règne. / From the late 1530s to the early 1550s, the city of Lyons sees a considerable enterprise of promotion of poetry books, supported by a group of printers and booksellers. From the printer’s and bookseller’s workshops to the space of the book, this undertaking is built upon the reinvention of French as a refined language fit for conveying literature and poetry. Étienne Dolet, François Juste, Jean de Tournes and Guillaume Rouillé pursue a concerted editorial policy to obtain recognition for poetry books and the French language. During this period, Lyons builds a unique editorial identity, which sets the city apart from the rest of the kingdom. Even when the printers of Lyons help themselves to books edited in Paris, they do so by integrating the publications to consistent catalogues and using these to support their claim of a cultural and poetic identity specific to Lyons. This identity, along with a high editorial quality, sets up the pre- eminence of Lyons in Southern France, as can be witnessed for instance in Toulouse. All of these factors contribute to the setting up of a poetic field, but this pretense of consistency and unity is frail. If such a thing as “Lyons poetry” truly exists, this is only true insofar as poetry book holds the city’s political ambitions, in the context first of the war against Charles the Fifth and later of the change of reign.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2009PA030072 |
Date | 17 June 2009 |
Creators | Rajchenbach Teller, Élise |
Contributors | Paris 3, Fragonard, Marie-Madeleine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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