La thèse traite de l’administration de justice espagnole à Cuba durant les premières décennies du XIXe siècle, et plus précisément de la manière dont le traitement judiciaire de la conflictualité sociale donne forme à un ordre social, ceci à travers l’analyse des dispositifs juridiques, institutionnels et discursifs mobilisés à cet effet dans un espace spécifiquement colonial. La réflexion vise en dernière instance l’étude des catégories employées régulièrement dans les pratiques judiciaires et de gouvernement comme taxonomies du délit, catégories qui ont configuré une idée spécifique de l’ordre social en définissant les limites juridiques et socio-politiques du « devoir être » de la colonie antillaise, entre le trienio libéral (1820-1823) et le début de la première guerre d’indépendance de l’île (1868). Cette thèse n’est pas guidée par la recherche d’un « État libéral » espagnol qui pourrait être identifié à son administration coloniale du XIXe siècle, et dont on chercherait à évaluer les réussites et les manques, les forces et les faiblesses. Notre attention se porte plutôt sur les sens qu’eurent, dans leurs contextes, des catégories comme justice, gouvernement, administration, droit, ordre, telles que maniées au cours de la première moitié du XIXe siècle cubain, jusqu’au déclenchement d’une guerre qui bouleversa le paysage social insulaire. C’est à partir de là que l’on étudie la construction d’un espace du politique en suivant la piste des figures du désordre qui en disaient les limites. La resémantisation de catégories déjà anciennes comme celles de bandits et de vagabonds est abordée à partir de l’idée d’une incorporation des principes politiques libéraux dans les imaginaires collectifs, c’est-à-dire d’une politisation des sociétés hispano-américaines au cours du XIXe siècle. On entend celle-ci comme un processus de création de nouvelles identités sociales à partir de la réception et de la mise en pratique d’une grammaire discursive liée aux théories contractualistes et aux formes de gestion du pouvoir qui leur étaient associées ; processus qui mena en définitive à la reconfiguration de l’ordre social monarchique néo-impérial espagnol. Cette reconfiguration est abordée à partir de trois dimensions ou registres : le registre institutionnel, le registre normatif et le registre discursif, et à travers l’étude de la gestion de la conflictualité et du traitement des catégories et concepts permettant d’opérer cette gestion. / The thesis addresses the Spanish administration of justice in Cuba during the first decades of the 19th century, in particular the manner in which the judicial treatment of social conflicts gives shape to a social order. This is accomplished through the analysis of the legal, institutional and discursive mechanisms used within a specifically colonial space. Finally, the study aims to investigate the categories regularly used in judicial and governmental practice as taxonomies of offenses, categories that established a specific understanding of the social order by defining the judicial and socio-political limits of the aspirational norms of behavior in the Caribbean colony, between the liberal trienio (1820-1823) and the beginning of the island’s first war of independence (1868). This thesis is not directed by the search for a Spanish “liberal State” that would be identifiable by its 19th century colonial administration, and of which the successes, failures, strengths and weaknesses would be analyzed. Rather, it will focus on the contextualized meanings of categories such as justice, government, administration, law/rights, and order, as they were used during the first half of the 19th century in Cuba, until the outbreak of a war that would profoundly disrupt the island’s social landscape. It is from this basis that the construction of a political space will be studied, using the figures of disorder that show its limits. The reintroduction of antiquated categories such as ‘bandit’ and ‘vagabond’ is addressed from the theoretical standpoint of the incorporation of liberal political principles in the collective imaginary, through the politicization of Hispano-American societies during the 19th century. This process is understood as the creation of new social identities as a result of the reception and use of a discursive grammar connected to contractualist theories of justice and to the forms of governmental management that are associated with them. It was a process that ultimately led to the reconfiguration of the Spanish neo-imperial monarchic social order. This reconfiguration is examined in three dimensions or registers: institutional, normative, and discursive, and through the study of the management of conflicts and of the categories and concepts allowing this management to take place.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019BOR30020 |
Date | 24 June 2019 |
Creators | Castellanos Rubio, Alina |
Contributors | Bordeaux 3, Universidad del País Vasco, González, Cecilia, Garriga, Carlos |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | Spanish, French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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