L’augmentation de l’obésité au Canada, comme ailleurs, est devenue tellement importante que les chercheurs parlent maintenant d’épidémie, donc d’un problème de santé publique (King, 2011; Organisation mondiale de la santé, 1998; Paquette, Desrosiers, & Mongeau, 2005). Les risques associés à la santé sont si importants que plusieurs chercheurs, à travers le monde, s’affairent à identifier les facteurs impliqués dans cette problématique afin de trouver un traitement efficace. Développer un traitement efficace semble d’autant plus important que les recherches démontrent qu’une perte de poids de 5 à 10 % diminue significativement les risques associés à l’obésité (Blackburn, 1995). Pour réussir à perdre leur poids, les personnes obèses passeront au travers d’un long processus qui, pour plusieurs, se soldera en échec (Grave et al., 2005; Grossi et al., 2006; Inelmen et al., 2005). Devant les difficultés de plusieurs individus obèses à atteindre leur objectif, une question demeure : pourquoi? L’efficacité modeste des traitements de l’obésité et leurs taux d’abandon élevés demeurent peu expliqués, et ce, malgré les nombreuses recherches mises en place pour étudier cette problématique. C’est dans cette perspective que la présente thèse s’inscrit. Elle propose deux articles qui abordent l’efficacité et l’abandon des traitements de l’obésité sous un angle différent de celui habituellement abordé. Plus précisément, elle vise à démontrer l’importance de considérer la relation thérapeutique dans le traitement de l’obésité.
Le premier article, de nature conceptuelle, s’adresse aux différents intervenants (médecins, psychologues, conseillers en nutrition, entraîneurs, etc.) qui travaillent avec des patients obèses en vue d’une perte de poids. Les facteurs personnels et interpersonnels qui complexifient l’établissement et le maintien d’une alliance thérapeutique optimale dans le traitement de l’obésité sont décrits et analysés. De plus, le traitement de l’obésité est présenté non pas comme un processus unidirectionnel, mais plutôt comme une expérience bidirectionnelle d’influence mutuelle. Finalement, des recommandations sont proposées aux intervenants pour les aider à établir avec leurs patients en surpoids une alliance thérapeutique optimale qui favorise le changement thérapeutique.
Le second article, de nature empirique, s’adresse principalement à la communauté scientifique et aux cliniciens spécialisés dans le traitement de l’obésité. Il a pour objectif d’étudier l’interaction entre l’évolution de l’alliance thérapeutique, certaines variables psychologiques et la perte de poids dans le traitement de l’obésité. L’étude a été conduite auprès de 105 sujets âgés de 20 et 65 ans (42,94 ±12,17 ans), avec un indice de masse corporelle (IMC) d’au moins 25 kg/m[indice supérieur 2] (31,83±5,44 kg/m[indice supérieur 2]). La version française et écourtée de l’Inventaire d’alliance thérapeutique (IAT) d’Horvath et Greenberg (1986) validée par Tracey et Kokotovic (1989) et le Questionnaire obésité Larocque (QOL) (Larocque & Stotland, 2004) constituent les principaux instruments de mesure. Leur passation s’est faite en ligne après chacune des consultations pour le IAT et juste avant les rencontres avec le médecin, pour le QOL. Les résultats de la modélisation par équations structurelles multiniveau indiquent l’importance d’étudier l’interaction complexe entre l’alliance thérapeutique et les variables psychologiques dans le traitement de l’obésité. Plus précisément, les résultats démontrent que plus le patient obèse se sent bien psychologiquement, plus il se sentira bien à la prochaine visite, plus il évaluera positivement l’alliance thérapeutique, et plus il aura perdu du poids. Contrairement aux prédictions, l’alliance thérapeutique n’a pas prédit directement l’amélioration de l’état de préparation psychologique ni la perte de poids. Cependant, on peut observer que l’alliance thérapeutique agit sur la perte de poids à travers des effets interactifs. Ces résultats apportent un éclairage nouveau sur les traitements de l’obésité. Ils ouvrent la voie à des traitements orientés davantage sur le processus de perte plutôt que sur le simple résultat de perte de poids. Ils suggèrent l’importance de développer des interventions orientées vers l’amélioration de l’état de préparation psychologique des patients et encouragent l’usage d’outils pour cibler les variables psychologiques qui pourraient compromettre l’atteinte, par le patient obèse, de ses objectifs. Finalement, les résultats de cette étude appuient la nécessité d’approfondir le rôle de l’alliance thérapeutique dans le traitement de l’obésité, puisqu’elle est fortement et significativement liée à la variable prédictrice de perte de poids.
En somme, cette thèse apporte des contributions significatives tant sur l’avancée des connaissances scientifiques et théoriques que sur la pratique professionnelle. En matière de contributions scientifiques et théoriques, cette thèse apporte un regard plus complexe aux enjeux interpersonnels et personnels des personnes en surpoids qui freinent l’établissement d’une alliance thérapeutique optimale. En ce qui concerne les contributions à la pratique professionnelle, cette thèse constitue une source importante d’informations aux cliniciens en ce qui a trait aux conduites à privilégier, aux habiletés à développer, aux outils à utiliser et aux variables psychologiques à travailler pour favoriser l’atteinte, par le patient, de ses objectifs de perte de poids.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/6700 |
Date | January 2015 |
Creators | Larocque, Caroline |
Contributors | Savard, Réginald, Lecomte, Conrad |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Caroline Larocque |
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