Cette thèse propose une lecture croisée des épopées traditionnelles et postcoloniales dans un cadre transculturel. Une analyse comparée de Moby Dick de Herman Melville, Omeros de Derek Walcott et la trilogie de l’Ibis d’Amitav Ghosh nous permet de cerner spécificités de l’épopée moderne postcoloniale. Celle-ci s’inscrit dans la lignée des épopées traditionnelles d’Homère, Virgile, Arioste, Camões et Milton, tout en rivalisant avec elles. Les épopées traditionnelles et modernes ont recours à des conventions qui esthétisent l’expérience collective comme les comparaisons épiques, la généalogie présentée sous forme de prophétie et la mise en abyme ekphrastique. L’épopée traditionnelle met en avant la vision d’une société unifiée grâce à des conjonctions harmonieuses entre le trope et la diégèse, des continuités généalogiques entre l’ancêtre et le descendant ainsi que des associations autoréflexives ekphrastiques entre l’histoire impériale et le texte qui la glorifie. Dans cette perspective, la spécificité de l’épopée postcoloniale semble résider dans l’articulation ambivalente de la condition postcoloniale. Ainsi, chez Melville, Walcott et Ghosh, le style héroï-comique contrebalance les comparaisons épiques opérant des transfigurations héroïques. De même, de nouvelles affiliations hybrides forgées par les personnages coexistent avec des généalogies discontinues, sans en combler toutes les lacunes créées par le déracinement et la violence coloniale. Cette vision équivoque trouve son expression la plus franche dans les séquences ekphrastiques où les textes sont confrontés au choix impossible entre commémoration de l’expérience et regard critique vis-à-vis d’elle. / This thesis offers collocational readings of traditional and postcolonial epics in transcultural frameworks. It investigates the specificities of modern postcolonial epic through a comparative analysis of Herman Melville’s Moby Dick, Derek Walcott’s Omeros, and Amitav Ghosh’s Ibis trilogy. It explores how these works emulate, but also rival, the traditional epics of Homer, Virgil, Ariosto, Camões, and Milton. Both traditional and postcolonial epic rely on generic conventions in order to aestheticize collective experience, setting it against the natural world (via epic similes), against history and imperial destiny (via genealogy and prophecy), and against the epic work itself (via ekphrasis). However, traditional epic emphasizes a unified worldview, characterized by harmonious conjunctions between trope and diegesis, genealogical continuities between ancestor and descendant, and self-reflexive ekphrastic associations between imperial history and the epic text commissioned to glorify it. From this perspective, the specificity of postcolonial epic can be formulated in terms of its ambivalent articulation of the postcolonial condition. In the works of Melville, Walcott, and Ghosh, tropes of heroic transfiguration are held in check by the mock-heroic, while empowering self-adopted hybrid affiliations co-exist, but cannot entirely compensate for, discontinuous genealogies marked by displacement, deracination, and colonial violence. This ambivalence finds its most powerful expression in the ekphrastic sequences where the postcolonial texts are most directly confronted with the impossible choice between commemorating experience and being critical of such commemoration.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA030108 |
Date | 12 October 2013 |
Creators | Roy, Sneharika |
Contributors | Paris 3, Dvořák, Marta, Ten Kortenaar, Neil |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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