Max Scheler développe une phénoménologie de l’affectivité fondée sur l’idée que l’amour est source de toute connaissance. L’amour, défini comme l’acte intentionnel par excellence, est un acte d’essence personnelle. Cette affirmation amène le philosophe à considérer comme une nécessité eidétique l’existence d’une personne infinie divine, un Dieu amour. Cela engendre deux questions : l’essence de la personne divine découle-t-elle de l’expérience intuitive fondée sur l’amour ? Ou bien, au contraire, l’amour ne peut-il être pensé comme fondement de la connaissance que d’après une représentation préalable de Dieu défini comme amour ? Notre recherche propose d’interroger, à partir de la position schelerienne, la possibilité de constituer une phénoménologie absolument neutre de tout présupposé métaphysique. Nous travaillons pour cela avec plusieurs concepts de métaphysique : réalisme ontologique, idéalisme subjectiviste, et Weltanschauung. Nous interrogeons dans un premier temps la pensée schelerienne à travers le prisme du débat généré par le tournant idéaliste de Husserl, en nous demandant si le personnalisme de Scheler peut être qualifié de réalisme et en quel sens. Nous étudions ensuite l’ensemble des axiomes religieux mobilisés par Scheler dans sa phénoménologie afin de mettre en évidence ce que nous appelons une théo-logique de sa conception de la logique phénoménologique. Nous examinons enfin la façon dont Scheler soumet rétrospectivement la phénoménologie à un regard critique, en cherchant à dégager ses présupposés métaphysiques implicites. Cela permet de comprendre pourquoi Scheler, dans la dernière période de ses recherches, abandonne la phénoménologie et considère sa nouvelle pensée comme une métaphysique nouvelle. / Max Scheler’s phenomenological thinking is based on the idea that love is the source of all knowledge. Defined as the ultimate intentional act, love is an essentially personal act. This claim drives the philosopher to consider the existence of an infinite personal God – a loving God - as an eidetic necessity. This raises the following questions: does the essence of God arise from an intuitive experience grounded in love? Or is love conceived as the source of all knowledge according to an existing representation of God defined as love? Taking Scheler’s position on the matter as the guiding thread of my research, I examine the possibility of a phenomenology free from any metaphysical presupposition. To this end, several definitions of the term metaphysics will be examined: ontological realism, idealist subjectivism, and theological Weltanschauung. I first question Scheler’s thought through the prism of the debate surrounding Husserl’s idealist turn by asking whether his personalist phenomenology can be described as « realist » and if so, in what sense. Then I examine all the religious axioms that Scheler uses in his phenomenology to highlight what I call a « theo-logic », i.e. an implicit theological conception of phenomenological logic. Finally, I look at how Scheler criticizes phenomenology in the hope of revealing its implicit metaphysical presuppositions. My thesis thus sheds light on why Scheler, at the end of his life, decided to put phenomenology aside and to define his thinking in terms of a new metaphysics.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018MON30069 |
Date | 10 December 2018 |
Creators | Domenech, Théodora |
Contributors | Montpellier 3, Lavigne, Jean-François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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