Depuis 1999, deux organisations inuit de l'Arctique de l'Est canadien affirment que le gouvernement canadien a ordonné l'élimination de tous les chiens des Inuit dans les années 1950 et 1960 pour leur imposer la sédentarisation et faciliter leur assimilation. Selon ces deux organisations, cette "politique d'élimination des chiens" aurait eu des impacts extrêmement négatifs : elle aurait contribué à la désintégration de la culture inuit traditionnelle ainsi qu'à l'émergence de problèmes sociaux inconnus jusque-là dans l'Arctique. Pour le gouvernement canadien, les accusations de ces organisations ne sont pas fondées. S'il reconnaît que des chiens puissent avoir été éliminés lorsque les circonstances l'exigeaient (maladie, accidents, etc.), il nie avoir adopté une politique qui aurait visé à l'élimination systématique de tous les chiens à cette époque. Cette thèse s'inspire de l'ethnographie historique, une approche théorique qui met l'accent sur l'étude des spécificités culturelles propres à chacun des protagonistes impliqués dans les processus de colonisation. Ses objectifs sont les suivants : (i) décrire les actions gouvernementales à l'égard des chiens dans douze communautés de l'Arctique de l'Est canadien dans les années 1950 et 1960 à l'aide de données d'archives, de témoignages d'Inuit et de non-Inuit ainsi que de références trouvées dans la littérature; (ii) dégager la logique inhérente aux gestes posés par l'administration nordique (comment elle administrait le Nord et quelles étaient ses intentions), et comprendre comment les Inuit ont interprété les gestes commis à l'égard de leurs chiens; (iii) analyser la revendication contemporaine en explorant les motifs qui ont poussé les organisations inuit à revendiquer au sujet de cette question des chiens ainsi que les réactions gouvernementales face aux revendications inuit; (iv) montrer la pertinence d'une approche anthropologique basée sur l'ethnographie historique pour faire l'étude d'une revendication contemporaine. Cette thèse parvient à la conclusion que si l'administration nordique a cherché à contrôler les chiens des Inuit pour limiter les risques d'accidents et de transmission de maladies, son objectif n'a jamais été de les éliminer tous. Ce contrôle s'inscrivait plutôt dans le contexte d'une entreprise coloniale dont l'objectif était de recréer dans le Nord un monde similaire à celui du Sud.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/20218 |
Date | 13 April 2018 |
Creators | Lévesque, Francis |
Contributors | Trudel, François |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | xi, 544 f., application/pdf |
Coverage | Arctique, Archipel (Nunavut et T.N.-O.) |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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