Ce travail de recherche s’inscrit dans le cadre d’une étude de genre, celui de la photobiographie, qui englobe tous types de livres autobiographiques dans lesquels la photo (mentionnée, décrite ou effectivement reproduite) joue un rôle central. Il s’appuie sur les œuvres de trois auteurs emblématiques, Roland Barthes, Denis Roche et Annie Ernaux, qui se rejoignent autour de leur commun désir de capter une trace de leur existence en s’en tenant au plus près de la réalité concrète du vécu, conformément au modèle d’enregistrement photographique. Dans cette perspective, leurs démarches respectives sont traversées par une même problématique de l’écriture de notation de la vie qui bouleverse considérablement les enjeux du genre autobiographique traditionnel. Dans le travail de Barthes, la photo offre non seulement le modèle d’une écriture notationnelle du présent, mais elle pourvoie également des « biographèmes » studium et punctum construisant un sujet fragmenté. Roche se pose pour sa part comme un praticien accumulant inlassablement des dépôts graphiques de vie, et les incluant occasionnellement dans divers dispositifs faisant valoir les caractéristiques essentielles de la photographie (instantanéité, mécanicité, exposabilité, sérialité). Quant à Ernaux, elle inscrit davantage son entreprise « auto-socio-biographique » dans l’optique d’un témoignage sociologique et historique, et se sert de la photo pour révéler la part d’altérité et la dimension collective dans le « moi ». Les trois oeuvres formant ce corpus appartiennent en définitive à un paradigme argentique ancré dans la fin du XXème siècle, et sur le point de disparaître à l’aube du XXIème, celui de la technologie numérique. / This thesis examines the literary genre of photobiography, which encompasses autobiographical works in which photographs play an essential role, be they reproduced or merely described within the text. It focuses more specifically on the works of three contemporary photobiographers, Roland Barthes, Denis Roche and Annie Ernaux. These authors share a desire to capture material traces of their own existence and to grasp the concrete reality of their lives. In doing so, they follow the model of photographic recording and produce a notational form of life writing that significantly challenges traditional autobiography. In Barthes’s photobiographical project, the photograph is not only viewed as an exemplary form of the notation of the present, but also provides a number of studium and punctum ‘biographemes’ that eventually construct a fragmented autobiographical subject. Roche’s photobiographical activity is that of a practitioner (he is both a photographer and a writer) and consists in ceaselessly accumulating graphic ‘deposits’ of life and in incorporating them within intermedial devices that exploit the principal characteristics of photography (instantaneity, mechanicity, exposability, seriality). Finally, Ernaux’s ‘auto-socio-biographical’ work provides a sociological and historical testimony that makes use of the photograph to reveal the collective dimension and alterity of the ‘self’. This body of work belongs to the paradigm of analogue photography, which is anchored in the twentieth century and is on the verge of disappearing at the dawn of the twenty-first.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA030104 |
Date | 27 September 2011 |
Creators | Arribert-Narce, Fabien |
Contributors | Paris 3, University of Kent at Canterbury, Calle-Gruber, Mireille |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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