Basé sur un terrain ethnographique réalisé en 2019 dans le district de Sa Pa (province de Lào Cai, Vietnam), ce mémoire porte sur les relations complexes entre les populations locales et l'État communiste à l'intérieur d'une aire protégée d'intérêt international, le Parc national Hoàng Liên Sơn. J'y approfondis une perspective socio-anthropologique de l'environnement à partir de l'expérience de deux groupes ethniques minoritaires répandus dans les hautes terres du Massif Sud-Est Asiatique, la famille linguistique Miao-Yao ou Hmong-mien. Jusqu'à récemment, les montagnards de Sa Pa devaient surtout composer avec les politiques de préservation culturelle sélective menées par les représentants de l'ethnie majoritaire Kinh (Việt), de même qu'avec des incitatifs de développement axés sur l'augmentation de la productivité rurale, l'accroissement de l'offre touristique (inter)nationale et l'expansion des infrastructures commerciales en zones urbaines. Toutefois, afin de répondre à la pression grandissante des groupes d'acteurs transnationaux face à la crise environnementale ces trente dernières années, la République Socialiste du Vietnam (RSV) s'est tournée vers la conservation ciblée de son territoire naturel, avec pour objectifs de fond la modernisation sociale et économique des régions périphériques. L'important réseau de réserves et de parcs dont Hoàng Liên Sơn fait figure de proue n'échappe pas à cette réalité, et représente l'offensive moderne du Vietnam pour garantir le contrôle de ses terres. Les institutions régionales, sous l'égide du système centralisé par palier du Parti Communiste, engagent désormais des politiques néolibérales basées sur l'intervention d'organisations non-gouvernementales et la gestion par des entreprises privées. Cette situation a une série d'impacts sur les populations locales, aux deux tiers composées de minorités ethniques Hmong, Yao, Giáy et Tày évoluant communément en milieu rural et agricole. Le système oppressif du Parc national contraint les montagnards à revoir leurs stratégies de subsistances et négocier leur position au sein de l'ensemble géopolitique. Fondée sur le point de vue émique des groupes lignagés Hmong et Yao – doublement marginalisés par leurs pratiques socio-économiques et leur distance historique avec l'État – cette recherche rassemble des données sur le système conservationniste vietnamien et les imaginaires environnementaux qui l'entourent afin d'en relever les contradictions et d'en apporter une critique anthropologique constructive. L'analyse donne place à des réponses multiples de part et d'autre, entre confiance, méfiance, résistance et espoir. / Based on ethnographic fieldwork carried out in 2019 in the district of Sa Pa (Lào Cai province, Vietnam), this thesis focuses on the complex relations between the local populations and the communist state within a protected area of international interest, the Hoàng Liên Sơn National Park. I deepen a socio-anthropological perspective of the environment from the experience of two widespread ethnic minority groups of the South-East Asian Massif highlands, the Miao-Yao or Hmong-mien language family. Until recently, the Sa Pa montagnards had mainly to deal with selective cultural preservation policies led by representatives of the majority Kinh (Việt) ethnic group, as well as with development incentives focused on rural and agricultural productivity, increased (inter)national tourism and the growth of commercial infrastructure in urban areas. However, in order to respond to the growing pressure from transnational stakeholders facing the environmental crisis over the past thirty years, the Socialist Republic of Vietnam engaged a major shift towards the targeted conservation of its natural territory, holding with background objectives of social and economic modernization for peripheral regions. The large network of reserves and parks of which Hoàng Liên Sơn is the figurehead is no exception to this reality and represents Vietnam's modern offensive to get a hand on its lands. Regional institutions, under the aegis of the Communist Party's centralized tiered system, now engage in neoliberal policies based on the intervention of non-governmental organizations and management by private businesses. This situation has a series of impacts on the local populations, two thirds of which are made up of Hmong, Yao, Giáy and Tày ethnic minorities, commonly living in rural and mountainous areas. The oppressive system of the National Park forces the montagnards to review their livelihood strategies and negotiate their position within the geopolitical ensemble. Based on the emic point of view of the Hmong and Yao lineage groups - doubly marginalized by their socio-economic practices and their historical distance from the state - this research brings together data on the Vietnamese conservationist system and the environmental imaginaries that surrounds Hoàng Liên Sơn in order to point out contradictions and bring constructive anthropological criticism upon it. The analysis gives way to multiple responses on both sides, between trust, mistrust, resistance and hope.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/71331 |
Date | 13 December 2023 |
Creators | Roberge, Dominic |
Contributors | Michaud, Jean |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | mémoire de maîtrise, COAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise |
Format | 1 ressource en ligne (xiii, 237 pages), application/pdf |
Coverage | Viêt-nam, Aspect anthropologique -- Viêt-nam., Viêt-nam. |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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