L’objectif général de cette thèse de doctorat est de mieux comprendre comment le public interprète les nouvelles scientifiques portant sur la génétique humaine, plus précisément les nouvelles portant sur la génétique des comportements et celles portant sur la génétique des groupes raciaux. L’ouvrage prend la forme d’une thèse par article. Le Chapitre 1 introduit le lecteur aux buts et aux pratiques de la vulgarisation scientifique, présente un sommaire de la recherche sur les effets des médias, résume les principaux travaux produits par le champ de la génopolitique, et définit la structure des croyances du public à l’égard de l’influence de la génétique sur les traits humains. Le Chapitre 2 présente les fondements de la méthode expérimentale, il en explique les atouts et il offre des exemples de différents types de devis expérimentaux utilisés en science politique. Toutes les recherches produites dans cette thèse reposent au moins en partie sur cette méthode.
Le Chapitre 3 présente les résultats d’une expérience de sondage qui vise à mesurer l’effet de la lecture d’une nouvelle à propos de la recherche en génétique des comportements sur des participants. L’étude démontre que le public interprète la nouvelle avec maladresse et tend à généraliser l’influence de la génétique à d’autres traits humains qui n’y sont pas mentionnés. J’avance l’hypothèse qu’un raccourci psychologique amplement documenté puisse expliquer cette réaction : l’heuristique de l’ancrage et de l’ajustement. Le Chapitre 4 présente lui aussi les résultats d’une expérience de sondage. L’étude consiste à manipuler certaines informations du contenu d’une nouvelle sur la génopolitique de manière à vérifier si certains éléments sont particulièrement susceptibles de mener à la généralisation hâtive mise en évidence dans le Chapitre 3. Les analyses suggèrent que cette généralisation est amplifiée lorsque la nouvelle présente de hauts niveaux d’héritabilité tirés d’études de jumeaux, ainsi que lorsqu’elle présente des travaux de génétique des populations visant à étudier l’origine des différences géographiques. Ce chapitre présente des recommandations à l’égard des journalistes scientifiques.
Le Chapitre 5 s’intéresse à un aspect différent de la génétique humaine : celui de la génétique des races. L’objectif de cette recherche est de comprendre comment le public réagit aux travaux qui invalident l’idée selon laquelle les humains sont divisés en différentes races génétiquement distinctes. Les analyses de données transversales ainsi que les résultats d’une expérience de sondage convergent et indiquent que les conservateurs et les libéraux réagissent de manière diamétralement opposée à cette information. D’un côté, les libéraux acceptent le constat scientifique et réduisent leur impression que la génétique explique en partie les inégalités sociales; de l’autre, les conservateurs rejettent l’argument avec une intensité si forte que le rôle qu’ils attribuent aux différences génétiques s’en voit bonifié. Ces résultats sont interprétés à partir de la théorie du raisonnement motivé.
Enfin, le Chapitre 6 résume les principaux constats, met en évidence les contributions que ma thèse apporte à la science politique et à la communication scientifique, et présente quelques pistes pour la recherche future. / The main objective of this doctoral thesis is to improve our understanding of how the public interprets scientific news about human genetics, specifically, behavioral genetics and the genetic underpinnings of racial groups. The core of the dissertation is a collection of three research articles and one book chapter. Chapter 1 introduces the readers to the goals and practices of science journalism, presents a summary of the literature on media effects, summarizes research on genopolitics, and discusses findings in public opinion on how people understand genetic influence on human characteristics. Chapter 2 presents the rationale behind the experimental method, explains its pros and cons, and provides examples of how different types of research designs have been used in political science. All the empirical evidence presented in this dissertation rests at least in part on experiments.
Chapter 3 presents the results of a survey experiment that aims to measure the effects on individuals of reading a news article about behavioral genetics research. The study suggests that the public has difficulty in making sense of such research findings. The results show that participants tend to generalize the conclusions of one particular genetic study to other characteristics not mentioned by the study. I hypothesize that these results can be explained by a well-known and widely documented psychological process: the use of anchoring and adjustment heuristics. Chapter 4 presents the results of a second survey experiment. This experiment manipulates the content of a news article about behavioral genetics. The purpose of the manipulation is to test whether particular aspects of article’s message are more likely than others to cause the hasty generalizations revealed in Chapter 3. The findings show that the tendency to generalization is greater when the news presents high heritability estimates derived from twin studies or insights from research using population genetics methods to account for aggregate geographic difference. Based on these findings, the chapter develops recommendations for science journalists interested in covering behavioral genetics.
Chapter 5 focuses on a different field of human genetic research, namely, that investigating the genetic bases of racial differences. The chapter’s aim is to improve our understanding of how the public reacts when exposed to scientific claims arguing against the idea that that human beings belong to different, genetically distinct races. Both cross sectional survey data and experimental data suggest that conservatives and liberals react to this information in opposing ways. Liberals tend to accept such arguments and temper their beliefs that genetic differences account for racial inequalities. By contrast, conservatives reject the arguments so strongly that exposure to them actually strengthens these citizens’ beliefs that genetics explain a proportion of racial inequality. These results are interpreted from the perspective of motivated reasoning theory.
Finally, Chapter 6 summarizes the main findings of the doctoral dissertation, highlights its contribution to the discipline of political science and the field of science communication, and suggests directions for future research.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/12826 |
Date | 01 1900 |
Creators | Morin-Chassé, Alexandre |
Contributors | Blais, André |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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