Christian Boltanski est un artiste dont le travail est associé à la mémoire et plus précisément à celle de la Shoah. Ses œuvres, empruntant la forme du monument, nous rappellent l'horreur de la Seconde Guerre et la déportation de nombreuses familles juives vers les camps de la mort. Le premier chapitre s'intéressera au débat sur l'irreprésentabilité de la Shoah qui révèle de nombreuses préoccupations éthiques qui ont une influence sur la façon de représenter cet événement et qui ont une répercussion sur la transmission de cette mémoire. À l'aide de la pensée de Pierre Nora, nous différencierons la notion de mémoire de celle de l'histoire, car bien qu'aujourd'hui ces termes soient assimilés l'un à l'autre, ils comportent, en fait, des distinctions. L'histoire récite les faits et les événements passés dans un ordre chronologique et elle les fige dans le temps. Alors que la mémoire s'actualise toujours, car elle est en constant développement. Effectivement, la mémoire est souvent menacée par l'oubli. Les souvenirs avec le temps se transforment, s'altèrent et deviennent plus flous, télescopants et décousus. À la lumière du débat sur l'irreprésentabilité de la Shoah, nous observerons dans le deuxième chapitre comment le travail de Christian Boltanski s'inscrit dans la pensée de l'irreprésentable. Nous constaterons que sa production se situe davantage du côté de la mémoire que de l'histoire. En effet, bien que les œuvres de Boltanski imitent le travail de l'histoire, elles ne sont pas une représentation historique de la Shoah. En empruntant le mode de présentation de l'archivistique, Boltanski questionne le traitement des souvenirs et il soulève ses lacunes. De plus, Boltanski n'a pas vécu la Shoah, il est né après le génocide. Il fait partie de ce que Marianne Hirsch appelle la postmémoire. Ainsi, l'artiste, pour activer sa mémoire, a recours à l'imagination et à la création puisqu' il n'a pas de souvenirs personnels de l'événement. Nous analyserons certaines œuvres de sa production telles que Réserve : Canada, Réserve : Les Suisses morts, Archive : Détective, Diese Kinder Suchen ihre Eltern et La Maison Manquante qui nous montreront comment son travail, contrairement à d'autres monuments, vitalise les mémoires. Le troisième chapitre se consacrera entièrement à l'œuvre Sans Souci qui soulève, pour sa part, une discussion, qui n'est pas étrangère au débat sur l'irreprésentabilité de la Shoah, sur l'idée de « l'échange de place » entre les spectateurs et les bourreaux nazis. L'ensemble des œuvres de Christian Boltanski utilise des matériaux qui nous sont familiers et qui nous font vivre l'expérience de la mort et de l'absence. Complexes et métaphoriques, les œuvres de Boltanski portent essentiellement sur les souvenirs liés à la Shoah plutôt que sur la représentation historique de l'événement.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Christian Boltanski, Shoah, Mémoire, Histoire
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4768 |
Date | 03 1900 |
Creators | Monette, Josianne |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4768/ |
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