Le concept de structure clinique se réfère immédiatement à la classification d’une maladie mentale comme névrose, psychose ou perversion, mais aussi au sous-type nosographique la concernant. Actuellement, les développements de ce concept constituent la principale théorie psychopathologique de l’analyse lacanienne. Toutefois, il y a une disparité de jugement sur sa valeur : (1) quelques auteurs soutiennent une continuité naturelle entre cette théorie et la doctrine de Freud et Lacan ; (2) quelques autres proposent une réorganisation de la nosographie psychanalytique incluant des nouvelles pathologies ; (3) quelques autres, finalement, défendent la disparition complète de ces références théoriques dans la clinique.Cette disparité relève d’une lacune dans le savoir : les fondements des structures cliniques, ainsi que ses enjeux, n’ont pas été encore systématisés. L’objetctif général de ce travail fut de les restituer, afin de déterminer la légitimité de cette théorie en tant qu’interprétation de la pensée de Freud et Lacan, ainsi que sa pertinence dans les débats psychopathologiques actuels.Pour éclairer les filiations symboliques qui soutiennent le concept de structure clinique, une méthode généalogique a été employée. Les résultats démontrent que Freud a utilisé une notion de structure héritée de la science du XIX e siècle pour élaborer ses conceptions psychanalytiques. La référence minéralogique, fournie par son ancien professeur G. Tschermak, a notamment imprégné l’usage freudien de la structure en psychopathologie. Bien que les catégories de névrose, psychose et perversion n’arrivent pas chez lui à se constituer comme un triptyque, il y a dans ses textes une tendance à les considérer dans leurs rapports mutuels, en tant que perturbations de la vie sexuelle. Cette tendance a été récupérée par Lacan à partir de 1953, et déclinée sur son concept de structure – entendue alors comme un ensemble covariant de signifiants – et sur les registres du réel, du symbolique et de l’imaginaire. Les avancées de sa production intellectuelle, telles que l’invention de l’objet petit a et l’introduction des nœuds et des tresses en psychanalyse, auront apporté jusqu’à la fin de ses jours un approfondissement du triptyque freudien.La systématisation de la théorie des structures cliniques a proprement commencée en 1981, quand les membres du Champ freudien ont soudé cet ensemble d’éléments psychopathologiques avec le terme, homonyme et préexistant, de structure clinique. L’enjeu majeur de cette soudure a été de supporter la relation dialectique entre la théorie et la pratique analytique. À présent, le programme de recherche des structures cliniques porte sur les psychoses ordinaires et sur la spécificité de l’autisme. La psychopathologie lacanienne ainsi constitué est interrogée depuis nombreux angles : la proposition d’une structure psychosomatique, la promotion des pathologies borderline, la liquidation post-moderne de la structure perverse, la contrainte des nosographies opérationnalisées (CIM, DSM et PDM). Les conclusions de cette recherche qualifient la théorie des structures cliniques comme une interprétation légitime de la pensée de Freud et de Lacan. Elle est d’autant plus pertinente dans le contexte actuel qu’elle est d’une grande utilité pour l’établissement du diagnostic structural, pour la direction de la cure et pour la transmission du cas clinique. En tant que cartographie du malaise subjectif, la structure clinique signale la référence éthique du psychopathologique, et constitue une résistance et une subversion face à la défaillance contemporaine dans l’appréhension du réel clinique. / The concept of Clinical Structure concerns the classification of a mental disease as neurosis, psychosis or perversion, and its corresponding nosographic sub-type as well. Nowadays, the developments of this concept constitute the main psycho-pathological theory brought about by lacanian psychoanalysis. However, there is a disparity of judgment regarding its value: (1) some authors assert the natural continuity between that theory and the doctrine of Freud and Lacan; (2) some others propose a reorganization of psychoanalytic nosography which includes new pathologies; (3) some others finally advocate a complete disappearance of these theoretical references from clinical studies. This disparity takes on a lack of knowledge: the clinical structures’ foundations, and its stakes, have not yet been systematized. The main objective of this work was to restore them, in order to determine the legitimacy of this theory as an interpretation of Freud’s and Lacan’s thinking, and its appropriateness in contemporary psycho-pathological debates.For clarifying the symbolic filiations that support the concept, a genealogical method has been employed. The results demonstrate that Freud has used a notion of structure inherited from 19th century science to elaborate his psychoanalytical conceptions. The mineralogical reference, provided by his ancient Professor G. Tschermak, has notably permeated the freudien use of the structure in psychopathology. Although he did not constitute the categories of neurosis, psychosis and perversion as a triptych, there is in his textes a tendancy to consider them on their mutual connections, as disturbances of sexual life. This tendancy has been recovered by Lacan since 1953, and declined on his concept of structure (then understood as a co-variant set of signifiers) and on the registers of real, symbolic and imaginary. The advances of his intellectual production, like the invention of the Object petit a and the introduction of knots and braids in psychoanalysis, have brought until the end of his days a deepening of the freudien triptych.Systematization of the theory of clinical structures has properly started in 1981, when the members of the Freudien Field have welded this set of psycho-pathological items to the term, namesake and pre-existing, of clinical structure. The major stake of this welding has been to support the dialectical relationship between the psychoanalytic theory and the practice.Nowadays, the in-depth study of clinical structures is focused on the ordinary psychosis and the specificity of autism. The Lacanian psychopathology thus constituted is questioned from many angles: the proposition of a psychosomatic structure, the promotion of borderline pathology, the Postmodern liquidation of the perverse structure, the constraint of operationalized nosographies (ICD, DSM and PDM).In conclusion, this research confirms the theory of clinical structures as a legitimate interpretation of Freud’s and Lacan’s thinking. It is even more relevant in contemporary context that it has an important utility in order to the establishment of structural diagnose, to the direction of the cure and to the transmission of cases. As a cartography of subjective discomfort, the clinical structure points to the ethical reference of the psycho-pathological, and constitutes a resistance and a subversion facing the contemporary failure in the apprehension of clinical real.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016USPCC261 |
Date | 30 September 2016 |
Creators | Sierra Rubio, Miguel Angel |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Sauvagnat, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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