A quelques exceptions près, l’entrée de Bernard Kouchner dans un gouvernement de droite a été saluée par les médias de masse français. Ils y ont vu un signe caractéristique de modernité politique. Cette politique d’« ouverture » a donné lieu de la part des dits médias à de nouveaux investissements biographiques. L’enjeu consistant à percer le « mystère » Kouchner. En fait de mystère, sa trajectoire appelait, à la limite, sa position actuelle. De sa conception d’un humanitaire d’Etat à sa vision de la gauche, moderne, réaliste, pragmatique, Bernard Kouchner a, sa vie durant, travaillé à redessiner les lignes de fracture entre la gauche et la droite. Un combat idéologique qui trouve toute sa place dans les médias de masse, partie prenante du débat.« Assumer la mondialisation », assurer un consensus sur l’hégémonie du capitalisme, renoncer à ses « privilèges » au nom du partage avec les indigents, défendre les chevauchées guerrières du Nord contre le Sud au nom de la lutte contre le « terrorisme » et pour la démocratie et les droits de l’homme, assaisonner le tout d’un discours sur la morale en politique et en économie et de quelques mesures progressistes, essentiellement appliquées au domaine sanitaire, tel est le programme de cette gauche « moderne » incarnée par Bernard Kouchner.Car tout en étant ministre d’un gouvernement de droite, il s’affirme toujours et à jamais homme de gauche, « du côté des opprimés. » L’utilité médiatique, politique, idéologique de Bernard Kouchner est liée à la réalisation de ce programme.Bernard Kouchner a toujours revendiqué et s’est toujours vu reconnaître sa liberté de penser, son indépendance. Il se veut électron libre sur l’échiquier politique, un rescapé des dogmes, symbolisant un réalisme gagné à force de pratique humanitaire. Ce qui lui permet d’agir plus librement « au front », la position la plus risquée. En cela, son statut médiatique d’acteur humanitaire historique lui sert de protection dont ne bénéficient pas d’autres intellectuels de médias. Un statut qui permet, en outre, l’articulation d’un discours politiquement à droite à une activité traditionnellement classée à gauche, l’humanitaire.Quelques fissures sont apparues qui tourment la construction biographique dont fait l’objet Bernard Kouchner. Pourtant, la bienveillance médiatique semble inconditionnelle.Ce travail voudrait examiner la rencontre entre des dispositions personnelles, celles de Bernard Kouchner, et des champs spécifiques, notamment politique et journalistique, eux-mêmes en constante évolution. Nous posons au préalable une série de questions : De quoi Bernard Kouchner est-il l’emblème ? Quels changements structurels dans les différents champs considérés ont amené à l’existence sociale de Bernard Kouchner ? En d’autres termes, quelles ont été les conditions sociales, politiques, idéologiques de possibilité de la figure kouchnérienne ? / With certain exceptions, the nomination of Bernard Kouchner in a government of Right has been greeted by the French mass media. They saw in it a caracteristic sign of political modernity. This politic, called “opening” lead from those mass media to new biographical investments. The stake consisting in penetrate the “mystery” Bernard Kouchner. In fact of mystery, his trajectory called, in some ways, his present position. From his view of a State humanitarianism to his vision of the Left, modern, realist, pragmatic, Bernard Kouchner has, all his life long, worked to draw the lines of fracture between the Left and the Right. An ideological fight which finds his place in the mass media, creditor of the debate.“To assume globalization”, to ensure a consensus on the hegemony of capitalism, to waive to one’s privileges in the name of the sharing with the indigents, to defend the war rides from the North against the South in the name of the war against “terrorism” and for democracy and human rights, season the whole with speech on morals in politic and economy and few measures, essentially applied to the sanitary domain, this is the program of this “modern” Left incarnate by Bernard Kouchner.For being a minister in a Right government, he assents himself, always and for ever, as a man of the Left (“with the oppressed”). The political, mediatical, ideological utility of Bernard Kouchner is linked to the realization of this program.Bernard Kouchner has always claimed and has been credited of a freedom of think, his independence. He wishes himself a free electron in the political chessboard, a rescued from the dogmas, symbolizing a realism won by dint of humanitarian practice, which allows him to act freely to the front, the more risky position.In this, his mediatic statute of historical humanitarian actor serves as a protection that others media intellectuals do no benefit. A statute which allows, moreover, the articulation of a speech politically on the Right with an activity traditionally classed at the Left, the humanitarian.Few fissures have appeared that torment the biographic (re-)construction that takes for object Bernard Kouchner. Yet, the mediatic kindness seems unconditional.This work would like to examine the meeting between personal dispositions, those of Bernard Kouchner, and specific fields, notably politic and journalistic, themselves in constant evolution. We ask, previously, some questions: Of what Bernard Kouchner is an emblem? What structural changes, in the different fields considered, have lead to the social existence of Bernard Kouchner? In other words, what have been the social, political, ideological conditions of possibility of the kouchnerian figure?
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA100068 |
Date | 29 April 2010 |
Creators | Cherfaoui, Farida |
Contributors | Paris 10, Buxton, David |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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