Cette thèse offre un éclairage sur l’articulation des catégories raciales et religieuses dans la construction de la différence. Elle porte sur le processus de « racialisation » de l’islam dans les sociétés occidentales, analysé à partir de l’expérience particulière des convertis à cette religion. En traversant les frontières religieuses, les convertis nous renseignent sur la nature de ces frontières, et permettent de déterminer si elles sont purement religieuses ou incarnent également une altérité de type racial. A cet égard, le cas des convertis dits « blancs » se révèle heuristique : en tant que membres de la société majoritaire ayant choisi une religion minoritaire, ils représentent un cas quasi-expérimental pour analyser les processus de catégorisation raciale en lien avec l’appartenance religieuse. En s’appuyant sur 82 entretiens biographiques avec des converti-e-s en France et aux Etats-Unis, des observations ethnographiques dans des associations de convertis à Paris et Chicago, et l’analyse de documents historiques et médiatiques, cette recherche compare les expériences passées et présentes des convertis français et américains pour répondre à la question suivante : quand et comment la conversion est-elle interprétée en termes de changement de statut racial, plutôt que comme un simple changement d’orientation religieuse ? En plus de démêler l’imbrication entre catégories raciales et religieuses, cette thèse met également en lumière les spécificités des contextes français et américain, en identifiant des différences dans le processus de conversion, le rapport aux assignations raciales, et les stratégies que les convertis mobilisent pour contrer leur objectification. / This research is about race and religion. While scholars typically understand them separately, I propose instead to explore occurrences in which they are conflated. Specifically, I track instances of racial reasoning that occur in relation to the religion of Islam in Western societies, by focusing on the specific experiences of Muslim converts. By crossing religious boundaries, converts shed light on the nature and content of such boundaries, and enable us to decide whether they are simply religious or also embody racial difference. The case of white converts is particularly interesting: because their conversion implies transitioning from one social status (majority) to another (minority), they offer a near-experimental case to investigate how racial categorization operates. Methodologically, I combine the meticulousness of qualitative methods with the bird’s eye view of comparatism. Using in-depth interviewing with 82 converts in France and the United States; ethnographic observations in convert associations in Paris and Chicago; and content analysis of media and historical documents, I compare the past and present experiences of French and American converts to answer the following: how and when is conversion to Islam interpreted in terms of changing one’s racial status rather than a mere change in religious orientation? In addition to shedding light on the complex interplay between race and religion, this research contributes to transatlantic comparative scholarship, by highlighting differences across the French and American contexts in the conversion process, the encounter with race and the strategies used by converts to reclaim control over their definition of self.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017IEPP0016 |
Date | 02 June 2017 |
Creators | Galonnier, Juliette |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Northwestern university, Oberti, Marco, Chen, Carolyn |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | English, French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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